1948

Tract d'entreprise (Renault) recto-verso, sans autre mention dans la bande titre


Tract LA VOIX des TRAVAILLEURS
nº spécial

Barta

7 octobre 1948


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LA VRAIE RAISON

 

L'indignation et la colère grandissantes de toutes les couches laborieuses devant l'état de choses qui les condamne à un dur travail et à la misère et qui n'a, pour tout résultat, que le gaspillage, fait redoubler l'activité oratoire des détenteurs et des candidats aux postes gouvernementaux.

"Il doit y avoir une explication", s'écrie Maurice Thorez,"au fait que la production est à 120% de celle d'avant guerre et qu'en même temps le niveau de vie des travailleurs est tombé de moitié. Et cette explication, ce sont les 450 milliards du budget de guerre et les 80 milliards que coûte annuellement la guerre de conquête du Viet-Nam." explique-t-il.

"C'est du manque d'autorité que vient tout le mal ; il nous faut "L'Etat, c'est moi" (De Gaulle)", proclame le Général.

"Les ennemis de la baisse des prix, ce sont les spéculateurs, les fraudeurs et les intermédiaires", s'écrient les représentants de la "3ème Force" en train d'édicter des cascades de hausses de prix et d'appliquer le nième plan de la viande qui n'a d'autre résultat que sa disparition...

Oui, messieurs, vous avez tous raison ! La guerre ruine les masses au profit des magnats du capital et de l'Etat parasitaire ; les spéculateurs s'enrichissent de cette misère et le gouvernement n'a aucune auto­rité, sinon pour couvrir et protéger ses crimes contre les vieux, les femmes et les enfants.

Mais qu'avez-vous fait contre la guerre du Viet-Nam et contre le budget de guerre monstrueux quand vous étiez au pouvoir, Monsieur Thorez ? C'est par les votes du P.C.F. unanimes que vous avez soutenu cette politique anti-démocratique.

N'est-ce pas vous, Monsieur De Gaulle, le fondateur de la IVème République ? Vous êtes vous retiré, peut-être, vous étant aperçu de votre faute, par dégoût d'avoir ramené avec vous toute la pourriture de la IIIème République ? Non ! En rassemblant autour de vous les hommes de main et les transfuges de Vichy, que vous aviez auparavant sauvés de la potence avec vos complices "socialistes" et "communistes", vous prouvez votre intention d'instaurer l'autorité contre les masses travailleuses et non contre les riches.

Et vous, Messieurs les socialistes et autres M.R.P. !  Les fraudeurs et les spéculateurs ? Mais ils étaient à la tête même de vos gouvernements ! Quand un scandale ne peut pas être étouffé, comme celui du vin, c'est un Gouin qu'on trouve. Et sous le nom de ministre des finances, des M.R.P., Mayer et autres, peuvent spéculer impunément sur les salaires et les revenus des petites gens en dévaluant le franc.

La vraie raison de l'état actuel des choses, c'est votre commune responsabilité. Croyez-vous que votre petit jeu au sujet des responsabilités de vos adversaires seulement trompe vraiment les masses ? Croyez-vous que le peuple est bête parce qu'il montre encore la patience que des siècles ont inculqué aux exploités ?

Gare au réveil ! Le mouvement gréviste qui a commencé en Mai 1947 prouve que bientôt le peuple perdra toute patience et, ce jour-là, directement, du plus profond des masses, surgiront des milliers et des milliers de nouveaux dirigeants qui vous balaieront de la scène politique où vous les trahissez. Ces dirigeants surgis de la masse lutteront pour instaurer un véritable Etat Ouvrier et Paysan, en détruisant la pourriture léguée par la IIIème République bourgeoise et par VICHY. Et c'est ainsi seulement que cesseront les guerres de conquêtes à l'extérieur et l'exploitation du pauvre par le riche à l'intérieur.

Ils surgiront infailliblement car jamais un peuple décidé à la lutte pour son bien-être et ses libertés, n'a manqué de dirigeants pour la mener.


SUR LE FRONT DE L'O.N.U., LES HOSTILITES ONT COMMENCE !...

L'intervention du Conseil de Sécurité de l'O.N.U. au sujet de l'occupation quadripartite de Berlin a plongé à nouveau le monde dans ce qu'une certaine presse appelle cyniquement, sans autre préoccupation que d'en aggraver la psychose, "la guerre froide".

Depuis des mois, l'épreuve de Berlin tenait le monde entier en haleine : veulent-ils la guerre ? Feront-­ils la paix ? Car Berlin, c'est l'Allemagne, et l'Allemagne c'est la position-clé du vaste front sur lequel s'affrontent les "Occidentaux" et les Russes, du Japon en passant par la Chine, le Moyen-Orient et l'Europe, au Pôle-Nord.

Pendant toute la durée des con­versations directes des "3" avec Molotov ou Staline à Moscou, les commentaires des diplomates et de la­ presse finissaient invariablement en soulignant la volonté de paix qui animait indubitablement les parties en présence. Sur le papier, une entente avait même pu être conclue... à Moscou. Mais il fallut déchanter quand il s'est agi de la mettre en pratique... à Berlin.

Pas plus qu'en 1939, la volonté de paix des impérialistes et militaristes et leurs diplomates, c'est­-à-dire la crainte de ces messieurs qu'un nouveau conflit soit fatal pour leur domination, n'est capable. d'arrêter ou même de freiner la préparation fébrile de la 3ème guerre mondiale.

Des deux côtés, la course aux armements et la mobilisation battent leur plein. Si du côté "occidental", on fait une grande publicité aux mesures belliqueuses pour rassurer les gens sur la force des pays de la "liberté", du côté russe on assure aussi que tout est prêt pour défendre le "socialisme". Et les masses travailleuses du monde entier supportent les frais de plus en plus lourds de cette course à l'abîme.

Mais il n'y a pas plus de "liberté" en-deçà du rideau de fer que de "socialisme" au-delà. Les classes dirigeantes d'Amérique, d'Angleterre, de France et leurs alliés font la guerre pour asservir des peuples et noyer dans le chauvinisme et l'oppression d'un peuple par un autre la lutte émancipatrice de leurs propres travailleurs. Et, comme le démontre, entre autres, le conflit entre la Yougoslavie et l'U.R.S.S., les privilèges inouïs des cliques bureaucratico-militaires que représente Staline reposent eux-aussi sur l'oppression des Balkans, de l'ancien empire des tsars et d'une partie de l'Asie.

Mais la guerre qui vient ressemblera encore moins à celle de 39-45 que celle de 39-45 n'a ressemblé à celle de 14. Elle bouleversera de fond en comble, non seulement la vie de chaque peuple, mais de chaque individu. Les ré­voltes des peuples coloniaux et oppri­més contre leurs oppresseurs prendront une extension jamais atteinte jusqu'à maintenant. Contre les réquisitions militaires éclateront de vastes révoltes paysannes.

Le prolétariat des villes sera-t-il capable d'unifier toutes ces luttes dans des explosions révolutionnaires pour la prise du pouvoir ou bien lais­sera-t-il les classes dominantes mener l'humanité à sa perte ?

Pour la 3ème fois depuis 1914, la classe ouvrière de tous les pays verra peser sur ses épaules la responsabilité soit de coopérer avec ses propres exploiteurs pour la guerre jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à la destruction de toute civilisation, soit de lutter pour leur renversement pour instaurer le socialisme dans le monde entier.

 

RENDEZ-VOUS tous les mercredis de 18 H à 20 H au café «TERMINUS»
Angle de la rue Collas et de l’av. Ed. Vaillant, Métro Pont de Sèvres
ADRESSER TOUTE CORRESPONDANCE à : J.BOIS, 65 rue Carnot, Suresnes (Seine)

 


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