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Adhémar Hennaut

(1889-1977)

Hennaut

Né le 4 mars 1899 à Jumet, dans le Hainaut, Adhémar Hennaut a pour père, Joseph Hennaut, ouvrier verrier, et pour mère, Hortense Decorte, ménagère. Le militant n’a pas conservé dans ses archives de traces de son enfance. Outre les papiers civils, les premières traces du militant concernent son éveil politique. Conservés précieusement dans ses archives, des articles de journaux de 1913 et de 1914 relatent les positions de la social-démocratie belge sur la guerre qui se prépare.

Vraisemblablement, Adhémar Hennaut commence à travailler jeune. En 1917, il a déjà quitté Jumet et travaille à Rotterdam (Pays-Bas) en tant qu’ouvrier peintre. Il y apprend le néerlandais qu’il maîtrisera parfaitement ensuite. Il y fait aussi ses débuts syndicaux : il adhère au Syndicat des peintres de Rotterdam. En 1919, on le retrouve à Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) ; il a intégré le Syndicat, socialiste, du bâtiment. Son énergie et son dévouement le font rapidement élire au Comité exécutif du syndicat. Trois ans plus tard, il est nommé secrétaire permanent du nouveau Syndicat du bâtiment, ameublement (fusion de l’ancien syndicat des peintres et du bâtiment). Il démissionne de son poste en 1922.

Énergique et engagé, enthousiaste à l’égard de la Révolution russe, Adhémar Hennaut fait partie des jeunes qui adhèrent au Parti communiste belge (PCB) à sa naissance en 1921. Proche de War Van Overstraeten, l’un des fondateurs du Parti, il devient son secrétaire politique. Propulsé secrétaire de la Fédération communiste bruxelloise, ses qualités oratoires dans les deux langues en font un agitateur de choix pour le PCB. De 1921 à 1923, il parcourt la Belgique, meeting après meeting, à Bruxelles, Farciennes (pr. Hainaut, arr. Charleroi), Seraing (pr. et arr. Liège), Châtelineau (aujourd’hui commune de Châtelet, pr. Hainaut, arr. Charleroi),…

Les sujets sont nombreux pour le jeune communiste : nécessité de construire une force révolutionnaire au sein de la classe ouvrière belge, soutien à la Révolution russe de 1917, à la révolution allemande de 1923, lutte contre l’occupation du bassin industriel de la Ruhr (Allemagne), contre la guerre menaçante, maintien de la loi de 1921 sur les huit heures, etc.

Loin d’être atteint par la « maladie infantile du communisme », le jeune Adhémar Hennaut fait appel à toutes les tribunes permettant de parler aux travailleurs.
Dans les syndicats, il plaide le front unique des communistes et des socialistes. Tactique communiste, il faut confronter les travailleurs à l’inconsistance politique des socialistes. Ses interventions sont nombreuses tant dans les centrales (ex. : l’Union des Syndicats) que dans la presse syndicale (ex. : Le Travailleur, journal de sa centrale).

Lors des élections législatives de 1925 et communales de 1926, Adhémar Hennaut est tête de liste à Anvers (Antwerpen, pr. et arr. Anvers) et à Ixelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Le communiste voit l’élection comme une tribune, un moment d’éveil politique des travailleurs qu’il s’agit de saisir pour mieux convaincre.

1923, le Grand Complot. Cinquante-quatre communistes belges sont arrêtés. Comme en France, ils sont accusés d’avoir « comploté contre la sûreté de l’État ». Adhémar Hennaut, alors jeune secrétaire d’une section communiste, prend une part active dans le soutien aux militants emprisonnés. Organisateur des mobilisations, il accueille les communistes Marcel Cachin et Henriette Roland Holst, tribuns français et hollandais, lors des grandes manifestations de juillet 1923, pour protester contre l’emprisonnement des dirigeants du PCB.
Son travail d’agitation efficace en fait un membre apprécié par les militants. Au Congrès du PCB de novembre 1923, il est élu secrétaire du Comité exécutif du Parti et membre du Bureau exécutif. Il a alors vingt-quatre ans.

Sa connaissance du néerlandais, son intense activité militante, son énergie font aussi de Adhémar Hennaut l’un des rédacteurs principaux du Rode vaan, organe de presse néerlandais du PCB. Plus épisodiquement, il participe au Drapeau rouge.
Parallèlement, l’ouvrier communiste travaille et milite dans le syndicat. Apprécié des ouvriers, Hennaut est fait membre du Comité de grève des métallurgistes liégeois de juillet 1924.

Mais la « motion Mertens » de 1924 donne aux sbires syndicaux des socialistes des prétextes d’exclure les militants communistes. En juin 1924, on reproche à Hennaut d’avoir prêché la grève générale dans le Borinage (pr. Hainaut), contre l’avis des centrales de mineurs. Le militant est menacé d’expulsion. Pourtant, apprécié de ses camarades, la Centrale générale des travailleurs du bois et bâtiment refuse de l’exclure. La Commission syndicale (CS) est tenue en échec.

En juin 1925, à nouveau, la direction syndicale décide de faire passer l’exclusion de Adhémar Hennaut au Congrès national de la CS. Hennaut est exclu, mais sa section, le soutenant, refuse de s’exécuter. C’est la section toute entière qui est alors menacée d’exclusion. Hennaut préfère démissionner pour préserver l’unité syndicale.

Son exclusion est loin de le décourager. Président du troisième Congrès du PCB de janvier 1925, Adhémar Hennaut se démarque par ses talents d’administrateur. Secrétaire politique depuis 1923, il est en charge de la « réorganisation du parti » sur la base de cellules d’entreprises au quatrième Congrès de 1926.

1927-1928, la négation, puis l’exclusion : les dirigeants du PCB tardent à se positionner sur la question russe. L’Opposition de gauche dénonce la dérive du parti communiste russe et celle de l’Internationale. La question est cruciale, elle touche autant au front unique syndical remis en cause qu’à l’internationalisme révolutionnaire. Or, Adhémar Hennaut et War Van Overstraeten remettent la question à plus tard, alors même qu’il est urgent de se positionner. En mars 1928, lors de la Conférence nationale du PCB, les oppositionnels sont forcés à la démission. Une majorité de dirigeants en font partie, dont Adhémar Hennaut.

Premier manifeste quelques jours après la conférence, puis sortie des journaux oppositionnels : Hennaut reprend la plume dans les journaux Le Communiste et De Kommunist. Il fait partie du Bureau politique de l’Opposition. Il en reste le secrétaire administratif.

L’Opposition communiste est alors puissante. En décembre 1928, lors d’une élection partielle communale à Anvers, la liste oppositionnelle menée par Hennaut obtient plus de voix que le PCB.

1929, le début des scissions : certains membres de l’Opposition, dont Adhémar Hennaut, veulent reconstruire un nouveau parti. La politique de l’Opposition internationale, dirigée par Trotsky, préconise au contraire la constitution de fractions devant faire pression sur les PC pour leur faire suivre une politique juste.
De nouvelles élections sont prévues pour mai 1929. L’Opposition belge y participe. C’est un désastre, les militants quittent l’Opposition, démoralisés par la scission, par la passivité de certains dirigeants (comme War Van Overstraeten) et par les résultats désastreux. En 1930, la situation de l’Opposition est catastrophique.

En 1930, la Fédération de Charleroi menée par Léon Lesoil, la section la plus active de l’Opposition, se sépare du groupe Hennaut-Van Overstraeten. Van Overstraeten quitte la lutte politique peu après.

Quant à Adhémar Hennaut, de 1930 à 1939, il tente de créer un nouveau parti avec les restes de l’Opposition. Le Communiste est arrêté en 1930 et remplacé en 1931 par le Bulletin de l’Opposition communiste.
En 1932, il fonde, avec Lode Polk, la Ligue des communistes internationalistes. À ce moment, il se rapproche de la Fraction de gauche bordiguiste présente en Belgique. Hennaut participe à leur revue théorique, Bilan.
Mais le militant n’arrive pas à maintenir la cohésion des différents groupes belges de l’Opposition. Le groupe de Hennaut finit par fondre et en 1933, il ne reste que le groupe de Bruxelles.

L’activité de la Ligue des communistes internationalistes se réduit à peau de chagrin. En 1937, elle rompt avec les bordiguistes sur la question espagnole. En 1938, nouvelle scission dans la Ligue : Jean Melis, dit Jehan, plus proche des bordiguistes, rompt avec Hennaut.
En 1939, Hennaut, démoralisé, cesse son activité militante. La Ligue disparaît peu après.

Après La Seconde Guerre mondiale, l’ex-militant Hennaut correspond encore avec des militants comme Alfred Rosmer et Anton Pannenkoek. Il participe au rassemblement des œuvres des mouvements oppositionnels. Cependant, il ne songe plus à militer.

Dans la longue période de 1945 à 1977, Adhémar Hennaut ne laisse aucune trace d’activité militante… Finalement, acculé par des problèmes d’argent et soucieux de ne pas être un fardeau pour ses proches, il se suicide en mars 1977 en écrivant ces mots sur un journal : « Reste à moi seul de décider de mon propre sort. »



Bio tirée du site Maitron


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