1919

Un ouvrage qui servira de manuel de base aux militants communistes durant les années de formation des sections de l'Internationale Communiste.


L'ABC du communisme

N.I. Boukharine


3
Comment le développement du capitalisme a conduit à la révolution communiste
(L’impérialisme, la guerre et la faillite du capitalisme)


34 : Ou la décomposition générale ou le Communisme

La Révolution en cours est mondiale, pour les mêmes raisons qui ont fait de la guerre impérialiste une guerre mondiale. Les principaux pays, constituant des chaînons de l’économie mondiale, ont été presque tous entraînés dans la guerre qui les a liés ensemble, d’une façon ou d’une autre. Dans tous les pays, la guerre a causé des dévastations terribles, provoqué la famine, l’asservissement du prolétariat, la décomposition progressive et la décadence du capitalisme, la fin de la discipline de la « trique » dans les armées, les fabriques et les usines, et, avec la même nécessité implacable, elle conduira à la Révolution communiste du prolétariat.

Une fois commencés, la décomposition du capitalisme et le développement de la Révolution communiste ne peuvent être contenus. Toute tentative pour replacer la société humaine dans l’ancienne voie capitaliste est vouée d’avance à un insuccès complet. La conscience des masses prolétariennes a atteint une telle hauteur qu’elles ne peuvent plus et ne veulent plus ni travailler, ni s’entr’égorger pour les intérêts du capital et les conquêtes coloniales. L’armée de Guillaume ne peut être reconstituée en Allemagne. Mais de même qu’on ne peut rétablir la discipline impérialiste dans l’armée, en obligeant le soldat prolétaire à se soumettre au joug du général bourgeois ou noble, on ne peut plus rétablir la discipline capitaliste du travail et obliger l’ouvrier à travailler pour le capitaliste ou le propriétaire foncier. La nouvelle armée ne peut être créée que par le prolétariat. La nouvelle discipline du travail ne peut être réalisée que par la classe ouvrière.

Il n’y a plus que deux possibilités : soit une décadence générale, un chaos complet, une mêlée sanglante, une sauvagerie grandissante, le désordre et l’anarchie — soit le communisme. Toutes les tentatives de restauration du capitalisme, dans un pays où les masses ont été une fois au pouvoir, le confirment. Ni la bourgeoisie française, ni la bourgeoisie hongroise, ni Koltchak, ni Denikine, ni Skoropadsky n’ont pu organiser la vie économique, n’ont pu établir leur ordre sanglant.

La seule issue pour l’humanité est le communisme. Et puisque le communisme ne peut être réalisé que par le prolétariat, il peut sauver l’humanité des horreurs du capitalisme, de l’exploitation barbare, de la politique coloniale, des guerres continuelles, de la famine, de la sauvagerie, de la bestialité et de toutes les horreurs du capital financier et de l’impérialisme. C’est ce qui fait la grande importance historique du prolétariat. Il peut essuyer des défaites partielles, mais sa victoire est inévitable, aussi inévitable que la défaite de la bourgeoisie.

Il ressort clairement de ce qui précède que tous les groupes, toutes les classes et tous les partis qui peuvent restaurer le capitalisme ou s’imaginent que le temps du socialisme n’est pas encore venu, jouent, en réalité, un rôle contre-révolutionnaire, réactionnaire, et cela qu’ils le veuillent ou non, qu’ils en aient ou non conscience. Tels sont les partis social-démocrates.Ou la décomposition générale ou le Communisme.

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