1988

" Pendant 43 ans, de ma vie consciente, je suis resté un révolutionnaire; pendant 42 de ces années, j'ai lutté sous la bannière du marxisme. Si j'avais à recommencer tout, j'essaierai certes d'éviter telle ou telle erreur, mais le cours général de ma vie resterait inchangé " - L. Trotsky.

P. Broué

Trotsky

XXXVI - Critique des vaincus [1]

Nombre d'auteurs contemporains – particulièrement des journalistes – ne semblent pas concevoir l'histoire événementielle en dehors de sa personnification systématique et transforment tout développement en conflit de personnalités. Pour eux, de façon générale, l'expulsion de Trotsky du territoire d'Union soviétique est l'expression significative de sa défaite personnelle face à Staline. Et ils ne comprennent pas, parce que leurs critères d'appréciation ne leur permettent pas de comprendre.

Aucun d'eux, bien entendu, n'est prêt à croire que, comme le disait Trotsky à Skliansky, Staline était « la plus éminente médiocrité du parti » [2] : pour eux, une médiocrité ne parvient pas au pouvoir et ne le garde pas. Certains aussi apprécient en Staline la poigne policière, la ruse, la brutalité, la détermination sans scrupules, le goût de la vengeance, mais ne comprennent pas non plus.

C'est que la personnalité exceptionnelle de Trotsky, ses capacités d'écrivain, de tribun, d'entraîneur d'hommes, de stratège et de chef politique, la stature qu'il a acquise pendant la révolution et la guerre civile, l'immense popularité dont il jouit, à peine inférieure à celle de Lénine, bref, tout cela rend incompréhensible sa défaite aux yeux de ceux qui croient que la victoire récompense toujours les « plus forts ».

C'est ainsi que bien des tenants, conscients ou non, de la philosophie napoléonienne des « gros bataillons » s'interrogent sur le fait que Trotsky, pendant les années de lutte de l'Opposition, jusqu'en 1925, ne chercha jamais à utiliser sa position de commissaire du peuple aux Affaires militaires et de chef de l'Armée rouge.

Ainsi posent-ils la question soulevée par tous les observateurs et historiens, à toutes les étapes de sa lutte. Cherchait-il réellement à remporter la victoire ? La croyait-il possible en dehors d'un soulèvement des masses et d'une révolution européenne qui, n'ayant pas eu lieu, devrait être considérée comme une utopie ? N'a-t-il pas délibérément négligé d'employer certaines armes, d'abattre des atouts, de négocier à temps des alliances ?

Nous examinerons d'abord la question – que Trotsky jugeait « très naïve » – de savoir pourquoi, avant janvier 1925, date à laquelle il a été délibérément mis à l'écart, Trotsky n'a pas tenté d'utiliser son autorité sur l'armée pour freiner le processus de « dégénérescence » du parti et de l'Etat. Il n'a jamais répondu qu'en passant ; sa réponse la plus détaillée est contenue dans une lettre [3] à un jeune socialiste français, Fred Zeller, qui lui avait posé précisément cette question parmi d'autres.

Après avoir rappelé son analyse générale, la montée de la dictature de la bureaucratie soviétique à travers l'appareil du parti et de l'Etat, il souligne que l'appareil militaire n'est après tout qu'une « fraction de l'appareil bureaucratique » dont en général il ne diffère guère [4]. Bien entendu, officiers et cadres de l'Armée rouge ont travaillé, pendant les années de guerre civile, sous la pression de l'avant-garde ouvrière. Il ajoute aussitôt :

« Mais c'est précisément après la victoire et le retour à une situation de paix que l'appareil militaire tenta de devenir la fraction la plus influente et la plus privilégiée de tout l'appareil bureaucratique. Un homme qui se serait appuyé sur les officiers pour prendre le pouvoir n'aurait pu être qu'un homme prêt à aller au-devant de leurs convoitises de caste, c'est-à-dire à leur assurer une position privilégiée, leur donner grades et décorations. »

La réponse est donc parfaitement nette :

« Il n'est pas douteux qu'il aurait été possible d'opérer un coup d'État militaire contre la fraction Zinoviev-Kamenev-Staline, etc. sans aucune difficulté et sans verser même une goutte de sang, mais le résultat d'un tel coup d'Etat aurait été d'accélérer le rythme même de cette bureaucratisation et du bonapartisme contre lesquels l'Opposition de gauche avait engagé le combat. » [5]

L'explication ne laisse guère place à une quelconque discussion. A moins de reprocher à Trotsky d'avoir eu des idées et des principes et de ne pas avoir été intéressé par le pouvoir en lui-même et pour les avantages matériels qu'il procure, indépendamment de son contenu politique, il faut lui en donner acte. Commentant, en 1930 déjà, sa mise à l'écart de la direction de l'armée, dans Ma Vie, sans crainte de provoquer l'indignation des adorateurs du sabre pour trancher les nœuds gordiens de la politique, il écrivait :

« Je cédai mon poste militaire sans combattre et même avec un sentiment de soulagement, songeant à enlever à mes adversaires le moyen d'insinuer que je formais le plan d'utiliser l'armée à mes fins. Pour justifier leurs actes, les épigones m'avaient d'abord attribué des desseins fantastiques de cette sorte et, ensuite, finirent par y croire à moitié. [...] La guerre était finie [...]. Les questions d'économie [...] absorbaient mon temps et mon attention beaucoup plus que les problèmes militaires. » [6]

Nous avons déjà fait à plusieurs reprises des allusions aux critiques d'Isaac Deutscher à l'égard de celui dont il écrivit la biographie à l'époque de la « déstalinisation ». Nous laisserons de côté les questions purement tactiques, déjà amplement examinées, comme celle de l'opportunité de la publication de la lettre de décembre 1923 sur le « cours nouveau » ou des rappels de l'attitude de Zinoviev et Kamenev au moment de l'insurrection dans les « Leçons d'Octobre ».

Il nous semble utile, en revanche, de revenir sur les critiques formulées par le même auteur sur la politique de Trotsky en direction de Zinoviev et de Kamenev, avant le XIV° congrès, avec Boukharine, quand celui-ci commença à affirmer son hostilité à Staline et, du même coup, à l'égard de Staline qui, au cours de cette période, fit à l'Opposition des avances aussi discrètes qu'incontestables.

Pour ce qui est de la situation en 1925, dans les mois qui précèdent le XIV° congrès, nous avons déjà mentionné l'indignation de Deutscher face à la reconnaissance par Trotsky, devant la commission Dewey, de la surprise que provoqua en lui l'explosion de la crise, son déroulement et son incertitude devant cette évolution, et nous en avons précisé conditions et limites. Deutscher juge pour sa part que Trotsky, dans ces circonstances, se montra « ignorant de l'évolution politique et aveugle aux multiples signes qui la révélaient » et que son attitude résulta alors de ce qu'il appelle vertement « un défaut d'observation, d'intuition et d'analyse » [7].

Il nous présente donc le tableau d'un Trotsky se bouchant les yeux et les oreilles, rêvant dans un autre monde, « certain de sa supériorité » et « plein de mépris pour ses adversaires », « oubliant à moitié que ces mêmes hommes étaient aussi des dirigeants d'un grand pays et d'un grand parti et que ce qu'ils disaient et faisaient avait une immense portée historique » [8]. Et de conclure en affirmant : « Si Trotsky devait s'allier avec Zinoviev et Kamenev, c'était le moment ou jamais. » [9]

Il nous semble que les arguments avancés par lui à l'appui de cette affirmation situent très clairement à la fois ses divergences de fond, principielles, fondamentales, avec Trotsky et le choix délibéré qu'il fait, en tant qu'historien et biographe, de ne pas informer son lecteur des arguments et raisons de l'homme dont il a choisi d'écrire la biographie. Il énumère en effet ce qu'il considère comme les atouts de Zinoviev, « l'appareil administratif de Leningrad et de sa province », « un groupe considérable de partisans ardents », le contrôle de « journaux influents », des moyens matériels, bref « une puissante forteresse » [10]. Il se prend à rêver : « Une alliance entre Trotsky et Zinoviev, si elle s'était produite avant la défaite de Zinoviev, aurait eu une puissance formidable. » [11]

Mais ce n'est ni par sottise, ni par aveuglement, ni moins encore par distraction, que Trotsky n'a ni pu ni voulu contracter cette alliance à ce moment. La « forteresse » de Leningrad était alors – et Deutscher ne l'ignorait pas – une partie de l'appareil bureaucratique monstrueux que l'Opposition combattait, et elle était aussi absolue, aussi arbitraire et pour tout dire au moins aussi répugnante que l'appareil de Moscou et du reste de l'U.R.S.S. On ne peut pas non plus ne pas ajouter qu'elle était la partie de l'appareil qui avait porté contre l'Opposition de 1923 et jusqu'à une date très récente les coups les plus durs, les attaques les plus basses, les accusations les plus cyniques, et littéralement hurlé à la mort contre elle, tout en l'écrasant dans son propre fief.

Non seulement Trotsky ne pouvait, sans se déshonorer comme dirigeant aux yeux de ses propres partisans, renier son combat en s'alliant à une fraction de l'appareil, renier ses camarades en s'alliant à leurs pires persécuteurs, passer l'éponge sur un passé sale et récent, au nom d'une alliance hypothétique. Mais personne ne le lui a proposé et c'est plus tard que se révéla le fond de la querelle.

En revanche, nous l'avons vu, il s'est engagé sans hésiter dans une alliance avec Zinoviev et Kamenev, dès qu'elle est devenue politiquement et moralement possible. C'est-à-dire après que Zinoviev, dépouillé de sa fausse puissance d'apparatchik en quelques jours, eut publiquement rompu avec la direction et sa politique, dévoilé devant les militants la nature des moyens employés pour venir à bout de l'Opposition en 1923 et reconnu la déloyauté et la brutalité de la persécution lancée avec sa participation contre ses militants et partisans.

En ce qui concerne la grande bataille de 1926-1927 contre l'Opposition unifiée et la direction Staline-Boukharine, Isaac Deutscher va plus loin encore en attribuant à Trotsky la responsabilité de la « mesure tactique » qu'il qualifie d'« acte de folie suicidaire » [12] et qu'il définit, sans l'ombre d'une citation ou d'une référence de texte à l'appui, par la phrase suivante :

« Toute l'attitude de l'Opposition fut commandée par le principe suivant : "Avec Staline contre Boukharine ? Oui. Avec Boukharine contre Staline ? Jamais" » [13]

Ne rechignant ni devant les mots ni devant les épithètes, Isaac Deutscher parle, à propos de Trotsky, de son « imagination saturée par ses connaissances historiques », de sa « sous-estimation manifeste du pouvoir de Staline » et finalement d'« un prodige d'aveuglement de la part d'un homme qui se distingua si souvent par sa clairvoyance prophétique (sic) », tout en s'excusant de porter de tels jugements sur la base des développements ultérieurs, alors ignorés de Trotsky.

De la même façon, abordant les questions des rapports entre l'Opposition, d'une part, « centristes » et « droitiers » de l'autre en 1928, le biographe écrit à propos des lendemains du plénum de juillet :

« Rykov avait dit devant le comité central que, pour les trotskystes, la tâche la plus urgente était d'empêcher une victoire de la droite. Et Trotsky répondait que c'était bien là en effet le premier devoir de l'Opposition. » [14]

La vérité est pourtant que Trotsky ne disait nullement, dans ce texte, qu'il était prêt à s'allier avec Staline contre la droite. Sa réponse était exactement celle-ci :

« Notre tâche principale, maintenant, est d'empêcher la victoire de la droite. Pour y arriver, il ne faut pas endormir le parti comme le font les Zinoviev, Piatakov et autres, mais sonner l'alarme dix fois plus fort. » [15]

Traduire par « soutien à Staline » la politique de Trotsky devant les zigzags à gauche est évidemment un peu plus qu'une simplification abusive. La démarche fait précisément bon marché de la lutte menée, à ce moment précis, contre les conciliateurs, désireux eux, effectivement, de « soutenir Staline » à partir du début de 1928. Elle se heurte aussi à la réponse, faite dans la lettre à Chatounovsky, aux avances de Boukharine, par l'affirmation de la priorité de la lutte pour un régime correct du parti. La vérité est que Trotsky fut de tout temps prêt à soutenir toute mesure qu'il jugeait positive, d'où qu'elle vînt – mais en aucun cas à « soutenir » Boukharine ou Staline, la droite ou le centre, et de conclure quelque « bloc » que ce fût qui aurait fait de lui et de l'Opposition la caution de l'étranglement de la démocratie et par conséquent du parti lui-même – et qu'il n'oublia pas la critique de Joffé.

Nous pensons, pour notre part, que Deutscher obscurcit la question qu'il prétend régler, quand il écrit que les trotskystes étaient en 1928 divisés entre « ceux qui jugeaient de leur plus grand devoir de soutenir l'orientation de gauche de Staline, devoir que Trotsky ne cessait de leur répéter » et ceux qui avaient surtout « tendance à combattre Staline, comme Trotsky leur demandait également de le faire » [16]. Ces deux « exigences » étaient en réalité moins schématiquement contradictoires qu'il n'est suggéré. La vérité de la divergence, si l'on préfère, la contradiction réelle, se trouvait ailleurs. D'un côté, Radek et Préobrajensky, attentifs aux rapports de forces au sommet de l'appareil, considéraient comme essentiel le règlement des questions de politique économique et croyaient toujours possible une réforme par le haut. De l'autre, Sosnovsky, Rakovsky lui-même, considéraient le régime bureaucratique du parti, résultat de la pression des classes ennemies, comme la pierre de touche non seulement du développement à venir de son noyau prolétarien, mais, de façon générale, la clé de la possibilité ou de l'impossibilité d'une politique prolétarienne.

On peut évidemment penser que les uns ou les autres se trompaient. Il paraît pourtant difficile de nier, à la lecture de la correspondance d'Alma-Ata adressée à Trotsky, que c'est bien ainsi que les oppositionnels voyaient et vivaient leurs divergences.


Soyons juste cependant. La confusion introduite dans cette question par Isaac Deutscher dans la biographie de Trotsky ne relève pas exclusivement de sa seule responsabilité. Elle trouve son origine dans sa difficulté à comprendre l'analyse des fractions dans le parti, telle qu'elle a été faite par Trotsky, ainsi que du contenu, quelque peu incertain d'ailleurs, donné à cette époque, par les protagonistes à la notion même de Thermidor.

La division du parti en une droite, une gauche et un centre appliquée au Parti bolchevique par Trotsky n'est pas une innovation. C'est généralement la grille d'analyse qui a été appliquée aux partis par les marxistes du XX° siècle, particulièrement au parti ouvrier « modèle », le Parti social-démocrate allemand d'avant 1914. L'analyse marxiste traditionnelle de ce dernier parti faisait apparaître la droite « révisionniste », les gauches, révolutionnaires, et le centre, incarnés chacun à sa façon par Kautsky, Bebel et Friedrich Ebert.

C'est – malgré ses évidentes insuffisances – ce mode d'analyse que Trotsky projette sur le Parti bolchevique parvenu au pouvoir. Les déplacements des hommes ont rendu difficile l'enrichissement du schéma : Boukharine passait de la position de « communiste de gauche » à l'extrême droite, Zinoviev et Kamenev, étiquetés « de droite » en 1917 et encore en 1923, se retrouvaient « à gauche » en 1926. Pourtant on peut dire que les choses se stabilisent à partir de 1926. A droite, il y a le « franc-tireur » qui la symbolise, Boukharine, et les bureaucraties distinctes de l'Etat derrière Rykov, des syndicats derrière Tomsky et les défenseurs officieux porte-parole du koulak, moins éminents. Trotsky et ses amis de 1923 puis, avec eux, Zinoviev, Kamenev et les leurs forment le noyau principal d'une gauche représentée aussi par de petits groupes « ultras ». Depuis 1923, Staline, comme Ebert, araignée au centre de sa toile bureaucratique, incarne le « centre ». Ce n'est cependant que petit à petit que ce dernier, se dégageant de ce qu'on appelait le bloc Staline-Boukharine, apparaît comme une force qui non seulement mène sa politique propre, mais commence à l'affirmer.

L'analyse marxiste ne se borne cependant pas à la description des groupes et tendances ainsi caractérisés sommairement : elle s'efforce de dégager, pour mieux les appréhender, leurs bases sociales, les forces sur lesquelles elles s'appuient dans la société, le terreau où elles plongent leurs racines. Et Trotsky poursuit ici le parallèle.

Dans la social-démocratie allemande, la droite s'appuie directement sur la bourgeoisie et la petite bourgeoisie, avec laquelle elle collabore et rêve dans les institutions parlementaires ; reflet de leur pression, elle exprime aussi les intérêts de l'aristocratie ouvrière, la couche privilégiée de travailleurs qualifiés qui rêvent plus d'ascension sociale que d'égalité. La gauche – de Rosa Luxemburg à Ledebour et Liebknecht – veut maintenir la tradition révolutionnaire et internationaliste et représenter la classe ouvrière profonde, et particulièrement ses couches les plus pauvres, exploitées. Le centre enfin, autour du secrétariat du parti, exprime intérêts, aspirations, idéologie de la couche nouvelle de la « bureaucratie ouvrière », docile aux directives, championne de l'« unité », dévouée à la « paix » et hostile aux « discussions et aux divisions » : c'est ainsi que le centre devient peu à peu l'expression politique d'une bureaucratie qui s'est élevée au-dessus du parti, a confisqué ses droits, s'est érigé en arbitre avant de devenir un souverain incontrôlé.

L'analogie entre le Parti social-démocrate allemand avant 1914 et le Parti bolchevique après 1917 a pourtant ses limites propres, y compris dans l'application de cette grille. La différence principale est sans doute que le Parti bolchevique n'est pas, comme le S.P.D., un parti ouvrier dans une société bourgeoise, mais un parti unique, situé en aval d'une révolution qui a abattu les classes dirigeantes, détruit les fondements de la puissance de la bourgeoisie, mais se trouve être en même temps l'unique espace politique dans lequel puissent s'exprimer et s'expriment – même de façon très déformée – les forces sociales dans toute leur diversité.

En ce sens, centre et gauche tiennent sur le terrain des généralités, des principes, des langages plus proches les uns des autres que dans le Parti social-démocrate allemand à la veille de la guerre. En revanche, la droite, à la différence de la droite social-démocrate, n'est qu'indirectement en liaison avec sa propre base sociale. L'influence que subissent, la pression que ressentent, les Rykov, Boukharine, Tomsky et autres n'est pas directement celle des nouveaux propriétaires et nouveaux bourgeois, koulaks ou nepmen, mais celles des fonctionnaires placés en dessous d'eux qui ont à régler les problèmes que soulèvent leurs revendications. Le symbole de la volonté de restauration capitaliste, l'émigré Oustrialov, champion de la voie graduelle et pacifique de la dissolution du socialisme dans la Nep, n'est évidemment pas membre du parti.

Il apparaît très vite à l'observateur d'aujourd'hui, chercheur ou historien, que la droite, par certaines prises de position spectaculaires – le célèbre « Enrichissez-vous ! » de Boukharine ou quelques audaces intellectuelles de certains de ses disciples, comme Slepkov –, monopolise l'attention de la gauche vigilante, alors que la réalité du pouvoir, donc celle des concessions, au koulak par exemple, se trouve incontestablement à la tête de l'appareil bureaucratique qui structure et soutient le centre. Peut-on dire sans choquer les amoureux d'unanimité que les lamentations sur l'aveuglement de Trotsky font sourire, quand on songe à l'imprenable « forteresse » de Leningrad, tombant après quelques jours d'une bataille purement verbale, comme un vulgaire château de sable, en janvier 1926 ? Il ne semble pas douteux également que les bases bureaucratiques de la droite – l'appareil syndical ou soviétique – se révèlent aussi totalement impuissantes face au patron de l'appareil que l'organisation de Moscou, quand son secrétaire Ouglanov est balayé en 1928.

Jacques Caillosse, auteur d'un remarquable travail universitaire sur la question du Thermidor soviétique [17], a fort bien résumé la façon dont Trotsky s'est laissé, à un moment donné, dépasser par la réalité soviétique :

« La correspondance intime que Trotsky perçoit entre les forces les plus réactionnaires de la société, porteuses de Thermidor, et la droite boukharienne lui masque l'émergence, à partir de l'appareil du parti lui-même, comme couche sociale conservatrice : la bureaucratisation du parti et de l'Etat – dont il dénonça pourtant très tôt les dangers – s'effectue au-dessus du jeu des contradictions politiques entre la droite et la gauche, qui est essentiellement pris en considération par le trotskysme de cette période. » [18]

Jacques Caillosse souligne qu'au cours des années de la collectivisation et de l'industrialisation forcées, Trotsky continua d'interpréter la politique stalinienne en fonction du schéma dont il était prisonnier et qui considérait que le principal antagonisme opposait la gauche et la droite, et à donner du centre stalinien « une interprétation trop exclusivement politique », alors qu'il « existait déjà comme expression d'une réalité sociale précise : la bureaucratisation du parti et de l'Etat » [19]. Encore Trotsky échappait-il dans une large mesure à la pression que subissaient ses camarades privilégiant, les uns l'aspect négatif (la critique) et les autres l'aspect positif (le soutien du gouvernement) sans voir le lien dialectique de cette contradiction [20].

Ainsi s'expliquent pourtant en grande partie les ravages causés dans les rangs de l'Opposition par les capitulations de 1929 et l'obstination des irréductibles eux-mêmes à voir en Boukharine un adversaire plus dangereux que Staline ?


Il existe, nous l'avons indiqué, un autre point sur lequel il est possible de trouver, sinon une explication, du moins une excuse, à la confusion qui prévaut chez les commentateurs. Comme Trotsky l'a reconnu lui-même en 1935, l'emploi du mot de « Thermidor » – une formule algébrique pas toujours comprise de façon identique – et l'analogie avec la Révolution française – pas toujours bien connue –  ont introduit pas mal de confusion au cœur de la discussion et peut-être singulièrement obscurci, au moins a posteriori, enjeux et perspectives.

C'est devant la commission centrale de contrôle, le 24 juin 1926, que Trotsky a introduit le terme et la comparaison. Bien entendu, il a été aussitôt repris au vol, rejeté par le groupe au pouvoir comme une calomnie et une injure. Il est devenu finalement, dans l'échange des arguments ou des invectives, l'un des mots clés du débat, un enjeu de la lutte quotidienne, une image abhorrée ou tournée en ridicule de l'avenir, servant à bien des sauces.

Trotsky ne semble pas avoir donné, tout au long de cette période, exactement la même signification au mot de Thermidor. Dans le mémorandum du 26 novembre 1926 à destination de ses alliés zinoviévistes, il assure que « Thermidor n'est pas un fait accompli » dans la mesure où « l'appareil matériel du pouvoir n'est pas, écrit-il, passé aux mains d'une autre classe » (souligné par moi. P.B.) [21]. Attaqué en juillet dans la Pravda par Maretsky dans une série intitulée « Le prétendu Thermidor et le danger de dégénérescence », il rédige, en réponse, une note qui commence par l'affirmation qu'il faut savoir si « un retour thermidorien » à un régime bourgeois est du domaine des possibilités [22].

Pourtant, la définition plus poussée qu'il donne de Thermidor fait apparaître qu'il n'identifie pas totalement « avènement de Thermidor » et « restauration du capitalisme ». Dans le même texte, en effet, il écrit :

« Qu'est-ce que Thermidor ? Une descente d'un degré sur l'échelle de la Révolution – un léger glissement à droite du pouvoir –, résultat d'un changement crucial ou d'une rupture dans la psychologie de la révolution. » [23]

Poursuivant l'analogie historique, il montre également que les thermidoriens règlent leurs comptes avec Robespierre, dans des changements qui ont lieu à l'intérieur du même parti dirigeant, les Jacobins, cependant que, « bien en dessous, se développent de profonds réaménagements des forces de classe » [24].

Thermidor ainsi présenté est-il par lui-même le point de rupture, l'avènement de la contre-révolution? Pas exactement, répond Trotsky, qui y voit « une forme particulière de la contre-révolution réalisée par étapes avec utilisation, dans une première étape, d'éléments du même parti dirigeant », Plus loin, il précise que Thermidor est « un glissement de classe au siège du pouvoir, marqué non par le remplacement d'un parti par un autre, mais par le réalignement à l'intérieur d'un seul et même parti » [25].

Notons qu'il ne parle plus de passage du pouvoir à une autre classe, passage qui ne s'est d'ailleurs pas réalisé en 1794, puisque la bourgeoisie est restée au pouvoir à travers tout le Thermidor français, comme dans la période précédente. La présentation de « Thermidor » ne varie désormais plus guère : il existe un « danger thermidorien », une menace de Thermidor dont les éléments s'accumulent dans la société et dont la base sociale ne cesse de s'agrandir. Ces éléments exercent une forte pression sur le parti qui la subit sans pour autant qu'on puisse le qualifier de « thermidorien ». La Plate-forme indique que « la tâche objective d'un régime thermidorien serait de mettre les postes clés entre les mains de la gauche des nouvelles classes possédantes ». Celles-ci cependant continueraient, en cas de victoire de Thermidor, à se dissimuler, le rôle du régime thermidorien étant précisément de « couvrir la prise du pouvoir par la bourgeoisie d'un écran de formes soviétiques auxquelles les masses sont habituées. »

La déclaration envoyée par Trotsky au VI° congrès de l'Internationale communiste apporte une définition plus affinée du « danger de droite  » :

 

« Il s'agit moins du danger d'une contre-révolution bourgeoise achevée et agissant ouvertement que de celui d'un Thermidor, c'est-à-dire d'un coup d'Etat ou d'une poussée contre-révolutionnaire partielle qui, précisément parce qu'elle est inachevée, peut encore se dissimuler assez longtemps sous des formes révolutionnaires, tout en revêtant, quant au fond, un caractère nettement bourgeois. […] Dans ce cas, le retour de Thermidor à la dictature du prolétariat ne pourrait s'effectuer qu'à travers une nouvelle révolution. » [26]

Polémiquant par lettre contre Radek, le 17 juillet 1928, il donne une définition nouvelle, par la forme, non par le fond, quand il fait de Thermidor « un exemple d'une contre-révolution partielle, coup d'Etat mené à bien entièrement sous le drapeau révolutionnaire, mais ayant en réalité un caractère nettement contre-révolutionnaire » [27].

L'année 1928 est une année d'échanges écrits entre les déportés qui permet de suivre ce que les discussions privées ne montrent pas, les échanges, les influences qui expliquent parfois infléchissements et évolutions. La lettre de Rakovsky à Valentinov est de ce point de vue un jalon dans la réflexion de Trotsky [28]. Son ami Khristian Georgévitch ne renie pas l'analogie avec la Révolution française qu'il connaît bien, mais l'approfondit au contraire à partir d'observations sur la passivité de la classe ouvrière soviétique et son indifférence politique. Il pose à partir de là les problèmes de la différenciation interne d'une classe arrivée au pouvoir à la suite d'une révolution, car il pense que c'est là que se trouve la clé des obstacles que rencontre aujourd'hui la révolution russe, sa crise. Dans le cas de la révolution soviétique, le reflux inhérent à tout lendemain de révolution, la fatigue et l'usure, l'insuffisance du niveau culturel font que c'est seulement une partie de la classe ouvrière qui est devenue l'agent du pouvoir. Une différenciation d'abord seulement fonctionnelle, devenue ensuite une différenciation sociale, dont il évoque certains aspects.

La comparaison avec la Révolution française apporte bien des éléments de compréhension. Rakovsky montre que la réaction politique y a commencé, bien avant Thermidor, par le transfert du pouvoir entre les mains d'un groupe toujours plus restreint de citoyens. Le processus qu'il appelle « la désagrégation jacobine » s'explique par « l'ivresse du pouvoir », la tendance à s'enrichir, le contact avec les éléments des classes privilégiées de l'Ancien Régime, bien sûr, mais aussi la liquidation par Robespierre et ses amis du principe électif, la généralisation du système des nominations qui ont creusé un gouffre entre les dirigeants et des masses qui ne se sentent plus concernées.

Ce sont des phénomènes analogues qui se sont produits en Russie dans les lendemains de la révolution et de la guerre civile. La classe ouvrière proprement dite a profondément changé, perdu une partie des éléments de son avant-garde. La bureaucratie est devenue « une catégorie sociale nouvelle » [29], pas encore étudiée bien que, Rakovsky insiste, cela constitue « un phénomène sociologique » [30] de la plus haute importance. Aucune analyse de la situation n'est possible, aucune perspective ne peut être tracée sans tenir compte de son existence en tant que force disposant d'une large autonomie et contrôlant souverainement l'appareil du parti et de l'Etat, l'ensemble donc des organisations soviétiques.

C'est à la fois sous l'influence de ce riche débat, dont la lettre de Rakovsky n'est sans doute que l'élément le plus novateur, et de la discussion plus détendue ouverte après le plénum de juillet sur les rapports entre la droite et le centre, que Trotsky arrive à formuler une analyse plus affinée. Dans sa lettre circulaire du 21 octobre 1925 [31], il montre que les événements depuis le début de l'année ont finalement donné la mesure de la faiblesse de la « droite du parti », de toute évidence incapable de se jeter « dans l'eau froide », d'appeler au combat uni les nouveaux propriétaires et de jouer le rôle de vrais thermidoriens. Il pense que Thermidor est, au fond, au bout de la politique de la droite et du centre : la « voie thermidorienne » peut être directe avec Rykov ou zigzagante avec Staline, c'est bien à Thermidor qu'elle mène. Bien qu'en bon combattant – et non pas en incorrigible optimiste –, il ne fasse pas de pronostic qui laisse de côté les éventuels résultats du travail de sa propre fraction – il n'est pas loin d'écrire que la victoire de Thermidor – voire d'un coup « thermidorien bonapartiste » – passera selon toute vraisemblance, par l'appareil des « centristes » et une dictature, qui peut être ou non militaire, et s'appuiera dans le pays sur le koulak, tout en s'élevant au-dessus des classes et en développant l'autonomie des organismes de répression. Dans un article qui sera publié en France, « La Crise du bloc centre droite » [32], il trace une perspective à long terme :

« Le film de la révolution se déroule à l'envers et le rôle de Staline s'y termine là où commença celui de Kerensky. Le kerenskysme résume la transition du capitalisme au bolchevisme, le stalinisme victorieux ne pourrait marquer que le retour au capitalisme. » [33]

Quelques semaines plus tard, dans une lettre au déciste Borodai, il évoque la façon schématique et même scolastique dont Boukharine a cru pouvoir accabler l'Opposition sur la question de Thermidor :

« Ou bien il y a Thermidor et vous, l'Opposition, vous devez être défaitistes, ou bien vous êtes vraiment défensistes, alors reconnaissez que tous les discours sur Thermidor ne sont que bavardage. » [34]

L'analyse ne se fraie que lentement sa voie dans une réalité nouvelle et à bien des égards surprenante. Après avoir assuré que la victoire du stalinisme ne pourrait mener qu'à la restauration du capitalisme, il décrit la situation en U.R.S.S. comme contradictoire et marquée par un processus de « double pouvoir » : le pouvoir échappe au prolétariat, mais il n'est pas pour autant passé dans les mains de la bourgeoisie et c'est cette contradiction qui explique « la monstrueuse prédominance de l'appareil bureaucratique oscillant entre les classes » [35].

A court terme, il tire de cette analyse une double conclusion : d'une part, la bourgeoisie ne pourrait s'emparer du pouvoir que, par un coup d'Etat contre-révolutionnaire, d'autre part l'appareil d'Etat s'appuie toujours sur le parti et par conséquent sur son « noyau prolétarien », ce qui maintient la voie de la réforme ouverte au prolétariat.

L'analyse n'est pas bonne et Trotsky devra corriger une formule imprécise qui le conduit à des erreurs graves de perspective. Six ans plus tard, le 1° février 1935, dans un article intitulé « Etat ouvrier, Thermidor et bonapartisme » [36], il revient sur la notion de Thermidor et l'usage qu'en a fait l'Opposition en 1926-1928. En réalité, le Thermidor de 1794 n'était pas une contre-révolution et n'a jamais envisagé de restaurer la propriété seigneuriale. Les changements nombreux et importants qui ont marqué la période thermidorienne en France de Robespierre à Bonaparte, se sont effectués sur la base de la nouvelle société et du nouvel Etat.

En utilisant «Thermidor » comme synonyme de première étape de la contre-révolution dirigée contre les bases économiques et sociales de l'Etat ouvrier soviétique, l'Opposition de gauche a décollé de la réalité et a mis en garde contre un Thermidor qui s'était en réalité déjà produit. Il écrit :

« L'écrasement de l'Opposition de gauche signifie, dans le sens le plus direct et le plus immédiat, le passage du pouvoir, des mains de l'avant-garde révolutionnaire aux mains des éléments les plus conservateurs de la bureaucratie et des sommets de la classe ouvrière. 1924, voilà l'année du commencement du Thermidor soviétique. » [37]

Il reste que l'emploi du mot dans une acception erronée a faussé la discussion et obscurci la position de l'Opposition de gauche. Ne s'en étonneront que ceux qui ne cherchent ici qu'à relever post facto des erreurs de jugement et des fautes tactiques.

En réalité, il faut bien admettre que les problèmes politiques qui se posaient en U.R.S.S. à partir de 1923 étaient entièrement nouveaux et n'avaient jamais été abordés auparavant, ni par la vie, ni par les livres historiques ou théoriques. La révolution d'Octobre, première révolution victorieuse sous la direction d'un parti ouvrier, n'avait pas d'antécédent, ni sur le plan de son contenu ni sur celui de sa dégénérescence. Et peut-être était-il plus difficile encore de l'analyser, de la comprendre, de saisir les perspectives ouvertes sur l'avenir par sa crise, quand on était, comme Trotsky, sujet et objet de cette histoire.

A qui Rakovsky adresse-t-il une discrète critique dans sa lettre à Valentinov, sous couleur de s'en prendre à Zinoviev et Kamenev ?

« Je dois faire un aveu : je ne me suis jamais laissé emporter par l'espoir qu'il suffirait aux chefs d'apparaître dans les assemblées du parti et les réunions ouvrières pour entraîner avec eux la masse du côté de l'Opposition. J'ai toujours considéré de telles espérances, qui venaient du côté des chefs de Leningrad, comme une survivance de l'époque où ils prenaient les ovations et les applaudissements officiels pour l'expression du sentiment véritable des masses en les attribuant à leur popularité imaginaire.
[...] Il aurait fallu pourtant prendre comme point de départ, comme prémisse, que l'œuvre d'éducation du parti et de la classe ouvrière est une œuvre difficile et de longue haleine, d'autant plus que les cerveaux doivent être encore nettoyés de toutes les impuretés qu'y ont introduit notre pratique des soviets et du parti et la bureaucratie de ces mêmes institutions. » [38]

Ajoutons que la question de l'appréciation des rythmes – et par conséquent des formes de la lutte contre la bureaucratie stalinienne – ne contribue pas à éclairer ce débat capital dans lequel s'exprime aussi la quintessence de la position de chacun. Lorsque Rakovsky, dans sa lettre à Valentinov, affirme l'impossibilité d'une réforme du régime interne du parti par la bureaucratie et qu'il ne s'attend pas personnellement à une renaissance du mouvement des masses avant de nombreuses années, Deutscher n'en conclut-il pas que, « bien que Rakovsky ne le dise pas », « la bureaucratie [...] resterait pendant plusieurs dizaines d'années peut-être la seule force susceptible de décider et d'entreprendre une réforme de la société soviétique ? » [39]. Or c'est là l'opinion de Deutscher en 1954, du temps de Khrouchtchev, non celle de Rakovsky, en 1928, dont le biographe reproche à Trotsky de n'avoir pas saisi « les implications assez pessimistes » [40] ...

Il reste que, indépendamment des jugements portés sur eux, Trotsky comme Rakovsky savaient que leur travail militant ne pouvait servir qu'à la préparation d'un avenir dont ils n'avaient pas les clés en mains. Révolutionnaires professionnels, ils savaient que personne ne « fait » la révolution, qu'on peut seulement la servir ou la combattre.

Ce n'est pas en tout cas un hasard ordinaire qui fait qu'au moment où Trotsky prenait conscience que l'avenir du prolétariat soviétique passait par celui de la révolution mondiale, Staline l'expulsait dans le monde capitaliste.

Références

[1] Ce chapitre de synthèse fait emprunt à tous les ouvrages cités.

[2] M.V., III, p. 245.

[3] Trotsky, « Pourquoi Staline a vaincu l'Opposition », 12 novembre 1935, Œuvres, 7, pp. 97-107.

[4] Ibidem, p. 102.

[5] Ibidem, p. 103.

[6] M.V., III, p. 254.

[7] Deutscher, op. cit., II, p. 340.

[8] Ibidem.

[9] Ibidem, p. 344.

[10] Ibidem.

[11] Ibidem.

[12] Ibidem.

[13] Ibidem, p. 425.

[14] Ibidem, p. 573-574.

[15] Lettre circulaire, 22 juillet 1928, A.H., T 3126.

[16] Deutscher, op. cit., II, p. 553.

[17] J. Caillosse, La Question du Thermidor soviétique dans la pensée politique de Léon Trotsky, D.E.S. Rennes, 1972.

[18] Ibidem, pp. 89-90.

[19] Ibidem, p. 93.

[20] Ibidem, p. 94.

[21] Trotsky, Mémorandum, 26 novembre 1928, A.H., T 3015.

[22] Trotsky, Note, été 1928, A.H., T 3068.

[23] Ibidem.

[24] Ibidem.

[25] Ibidem.

[26] Contre le Courant, octobre 1928, Œuvres, II.

[27] Trotsky, lettre circulaire, 17 juillet 1928, A.H., T 3125.

[28] Rakovsky à Valentinov, 2 août 1928, A.H., T 2206, traduction française dans Cahiers Léon Trotsky, n° 18, juin 1984, pp. 81-95.

[29] Ibidem, p. 89.

[30] Ibidem, p. 90.

[31] Trotsky, lettre circulaire, 21 octobre 1928, A.H., T 3146.

[32] Trotsky. La Crise du Bloc Centre-Droite, novembre 1928, A.H., T 3144.

[33] Ibidem.

[34] Trotsky à Borodai, 11 novembre 1928, A.H., T 3150.

[35] Ibidem.

[36] Trotsky, « État ouvrier, Thermidor et Bonapartisme », Œuvres, 5, pp. 68-69.

[37] Ibidem, p. 77.

[38] Rakovsky, loc. cit., p. 92.

[39] Deutscher, op. cit., II, p. 587.

[40] Ibidem, p. 589.

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