1882

Conforme au texte publié en annexe à « l'Origine de la Famille, de la Propriété privée et de l'Etat » Editions Sociales, Paris, 1976

engels

F. Engels

Sur l'histoire des anciens Germains

[2.] Les premiers combats contre les Romains

1882

Depuis César, Germains et Romains s'affrontaient sur le Rhin ; depuis la soumission de la Rétie, du Norique et de la Pannonie par Auguste, ils s'affrontaient sur le Danube. Cependant, en Gaule, la domination romaine s'était consolidée ; Agrippa avait établi un réseau de routes militaires qui sillonnait tout le pays, on avait construit des forteresses, une génération nouvelle, née sous le joug romain, avait grandi. La Gaule, que les routes des Alpes construites sous Auguste avaient mise en liaison tout à fait directe avec l'Italie par le Petit et le Grand Saint-Bernard, pouvait servir de base pour conquérir la Germanie en partant du Rhin. Auguste confia cette tâche, avec les huit légions cantonnées au bord du Rhin, à son beau-fils (ou son vrai fils ?) Drusus.

Le prétexte fut fourni par les frictions constantes des habitants des régions frontières, par des incursions des Germains en Gaule, ainsi que par une conjuration, prétendue ou réelle, des Belges mécontents avec les Sicambres, aux termes de laquelle ceux-ci devaient franchir le Rhin et provoquer un soulèvement général. Drusus s'assura (-12) de la personne des chefs belges, franchit le fleuve tout près de l'île Batave, en amont du delta du Rhin, dévasta le territoire des Usipètes et en partie celui des Sicambres, descendit alors le Rhin en bateau, contraignit les Frisons à lui fournir des troupes auxiliaires d'infanterie et, avec la flotte, longea la côte jusqu'à l'embouchure de l'Ems où il pénétra pour aller combattre les Chauques. Mais là ses matelots romains, qui n'avaient pas l'habitude des marées, échouèrent la flotte par basse mer : ce n'est qu'avec l'aide des troupes alliées frisonnes, plus au fait de ces choses, qu'il put la remettre à flot, et il rentra.

Cette première campagne n'était qu'une grande reconnaissance. L'année suivante (-11), il commença la conquête véritable. Il franchit à nouveau le Rhin en aval de l'embouchure de la Lippe, soumit les Usipètes établis dans la région, jeta un pont sur la Lippe et fit irruption sur le territoire des Sicambres, qui étaient justement en guerre avec les Chattes, parce que ceux-ci ne voulaient pas adhérer à la ligue contre Rome sous leur direction. Il installa alors un camp fixe (Aliso) au confluent de la Lippe et de l'Eliso et, à l'approche de l'hiver, se retira à nouveau sur l'autre rive du Rhin. Attaquée brusquement par les Germains au cours de cette retraite dans un étroit défilé, son armée n'échappa qu'à grand-peine à l'anéantissement. Il installa également, cette année-là, un autre camp retranché, "dans le pays des Chattes, presque sur le Rhin".

Cette seconde campagne de Drusus porte déjà en elle tout le plan de conquête, tel qu'il fut désormais suivi avec conséquence. Le territoire à conquérir en premier est assez nettement délimité : c'est la partie continentale du pays des Istévones jusqu'à la frontière des Chérusques et des Chattes et la région côtière qui la borde jusqu'à l'Ems et, s'il se peut, jusqu'à la Weser. Pour soumettre la zone de la côte, la tâche principale incombe à la flotte. Dans le sud, on se sert pour base d'opération de Mayence, fondée par Agrippa et agrandie par Drusus, à proximité de laquelle il faut chercher le château fort installé "au pays de Chattes" (on le cherche depuis peu dans la Saalburg, près de Hambourg). De là, le cours inférieur du Main conduit aux terrains découverts de la Wetterau et de la région supérieure de la Lahn, dont l'occupation sépare les Istévones des Chattes. Au centre des fronts d'attaque, le pays plat irrigué par la Lippe et surtout la croupe montagneuse plane entre Lippe et Ruhr offrent au gros de l'armée romaine la ligne d'opération la plus commode ; une fois occupée, elle coupe le territoire à soumettre en deux parts à peu près égales et sépare en même temps les Bructères des Sicambres ; c'est une position d'où l'armée romaine peut, à gauche, coopérer avec la flotte, à droite, grâce à la colonne débouchant de la Wetterau, isoler la région de montagnes schisteuses des Istévones, et de front, tenir en respect les Chérusques. Le castel d'Aliso constitue l'extrême point d'appui fortifié de cette ligne d'opérations ; il était situé à proximité des sources de la Lippe, soit à Eisen, près de Paderborn, au confluent de l'Alme et de la Lippe, soit près de Lippstadt, où l'on a découvert récemment un grand camp retranché romain.

L'année suivante (-10), les Chattes, comprenant le danger commun, s'allièrent enfin avec les Sicambres. Mais Drusus les envahit et les contraignit, du moins partiellement, à la soumission. Cependant il ne semble pas que celle-ci ait duré plus que l'hiver, car au printemps suivant (-9), il les attaque de nouveau par surprise, avance jusqu'aux Suèves (donc sans doute jusqu'aux Thuringiens – selon Florus et Orose également jusqu'aux Marcomans [1] qui étaient à l'époque encore installés au nord de l'Erzgebirge), attaque alors les Chérusques, traverse la Weser et ne fait demi-tour qu'une fois arrivé à l'Elbe. Il avait dévasté tout le pays traversé, mais rencontré partout une vive résistance. Il mourut sur le chemin du retour, à l'âge de trente ans, avant même d'avoir atteint le Rhin.

Au récit qui précède, emprunté à Dion Cassius [2], ajoutons quelques compléments : selon Suétone [3], Drusus fit creuser le canal du Rhin à l'Ijssel, grâce auquel il fit passer sa flotte par la Frise et le Flevo (Vliestrom : actuel chenal de sortie du Zuidersee, entre les îles Vlieland et Terschelling) jusque dans la mer du Nord ; selon Florus [4], il établit plus de cinquante castels le long du Rhin et un pont près de Bonn, fortifia également la ligne de la Meuse et mit ainsi les légions romaines à l'abri des soulèvements des Gaulois comme des incursions des Germains. Les fables que raconte Florus au sujet des castels et des retranchements sur la Weser et sur l'Elbe sont pure vantardise ; il est possible qu'il ait élevé des ouvrages de campagne au cours de ses marches dans la région, mais il était trop bon général pour y laisser en garnison, fût-ce un seul homme. Par contre, il ne fait certes pas de doute qu'il fit pourvoir la ligne d'opération le long de la Lippe de gîtes d'étape fortifiés. Il garnit également de retranchements les passages par le Taunus.

Tibère, successeur de Drusus sur le Rhin, franchit le fleuve l'année suivante (-8) les Germains envoyèrent des négociateurs ; seuls les Sicambres n'en envoyèrent pas Auguste, qui se trouvait en Gaule, refusa toute négociation tant que ceux-ci ne seraient pas représentés. Lorsque les Sicambres envoyèrent enfin des légats, "des hommes nombreux et considérés", dit Dion, Auguste les fit saisir et interner dans diverses villes à l'intérieur de l'Empire "de chagrin, ils se suicidèrent" [5]. L'année suivante également (-7), Tibère passa de nouveau avec son armée en Germanie où, à part quelques troubles insignifiants, il n'y avait déjà plus grand-chose à combattre. De cette époque, Velleius dit

"Tibère a déjà à tel point soumis le pays [la Germanie] qu'il ne se distinguait plus guère d'une province tributaire." [6]

Ce succès sera dû, sans doute, outre aux armes romaines et à la "sagesse" diplomatique souvent célébrée de Tibère, surtout à la transplantation des Germains sur la rive romaine du Rhin. Déjà, Agrippa avait transféré de leur plein gré sur la rive gauche, près de Cologne, les Ubiens qui avaient toujours été attachés aux Romains. Tibère contraignit 40.000 Sicambres à aller s'y établir et brisa ainsi pour longtemps la force de résistance de cette puissante tribu.

Tibère se retira alors assez longtemps de toutes les affaires publiques et nous n'apprenons rien de ce qui se passa en Allemagne pendant plusieurs années. Un fragment de Dion signale une expédition de Domitius Ahenobarbus, partie du Danube jusqu'au delà de l'Elbe [7]. Mais bientôt après, en l'an un de notre ère, les Germains se soulevèrent. Marcus Vinicius, le commandant en chef romain, mena, d'après Velleius, des combats heureux dans l'ensemble et reçut aussi des récompenses en remerciement. Toutefois, en l'an 4, juste après avoir été adopté par Auguste, Tibère dut repasser le Rhin pour restaurer la suprématie romaine ébranlée. Il soumet les Canninefates et les Chattuaires demeurant tout près du fleuve, puis les Bructères, et "gagne" les Chérusques. Velleius, qui participa à cette campagne et à la suivante, ne donne pas d'autres détails. La douceur de l'hiver permit aux légions de rester en mouvement jusqu'en décembre, puis elles prirent leurs quartiers d'hiver en Germanie même – vraisemblablement aux sources de la Lippe.

La campagne de l'année suivante (5) devait mener à son terme la soumission de la Germanie occidentale. Cependant que, parti d'Aliso, Tibère progressait et battait les Langobards sur le cours inférieur de l'Elbe, la flotte suivait la côte et "gagnait" les Chauques. Sur l'Elbe inférieur, l'armée de terre fit sa jonction avec la flotte qui remontait le fleuve. Après les succès de cette campagne, le travail des Romains dans le Nord semblait, selon Velleius, achevé ; l'année suivante, Tibère se tourna vers le Danube où les Marcomans, qui, depuis peu, sous le commandement de Marbod, étaient allés s'installer en Bohême, menaçaient la frontière. Elevé à Rome et bien au courant de la tactique romaine, Marbod avait organisé sur le modèle romain une armée de 70.000 fantassins et de 4.000 cavaliers. Tibère l'aborda de front sur le Danube, cependant que Sentius Saturninus devait amener, à travers le pays de Chattes, les légions du Rhin dans le dos et sur le flanc de l'ennemi. C'est alors que dans le dos de Tibère les Pannoniens se révoltèrent ; l'armée dut faire demi-tour et reconquérir sa propre base d'opération. La lutte dura trois ans ; mais, lorsque les Pannoniens furent soumis, les choses avaient tourné de telle sorte dans le nord de la Germanie qu'on ne pouvait plus penser à conquérir le pays des Marcomans.

Le plan de conquête de Drusus avait été intégralement conservé ; ce n'est que pour en assurer l'exécution que les campagnes par terre et par mer jusqu'à l'Elbe avaient été nécessaires. Dans le plan de campagne contre Marbod, on voit transparaître l'idée de reporter la frontière jusqu'aux Petites Carpates, au Riesengebirge et à l'Elbe jusqu'à son embouchure ; provisoirement, ce n'était toutefois encore qu'un projet lointain, et qui devint bientôt tout à fait irréalisable. Jusqu'où les places fortes romaines ont pu s'étendre alors dans la Wetterau, nous ne le savons pas ; il semble bien qu'à l'époque cette ligne d'opération ait été négligée au profit de la ligne plus importante le long de la Lippe. Là, par contre, les Romains s'étaient manifestement installés sur un territoire assez large. La plaine de la rive droite du Rhin, en aval de Bonn, leur appartenait ; le pays plat de Westphalie, depuis le nord de la Ruhr jusqu'au delà de l'Ems, jusqu'aux frontières des Frisons et des Chauques, restait occupé militairement. Dans leur dos, les Bataves et les Frisons étaient encore en ce temps des amis sûrs ; plus à l'ouest, les Chauques, les Chérusques et les Chattes pouvaient passer pour suffisamment matés après leurs défaites répétées, à la suite du coup qui avait aussi frappé les Langobards. Et, en tout cas, il existait alors chez ces trois grands peuples un parti assez puissant qui ne voyait de salut que dans le ralliement à Rome. Dans le sud, la puissance des Sicambres était brisée pour le moment ; une partie de leur territoire, entre la Lippe et la Ruhr ainsi que dans la plaine rhénane, était occupée, le reste était pris de trois côtés dans l'étreinte des positions romaines sur le Rhin, la Ruhr et dans la Wetterau, et les colonnes romaines le traversaient certainement de façon assez fréquente. On a prouvé récemment, du moins jusqu'à la frontière du district de Berg et de Mark, l'existence de voies romaines en direction des sources de la Lippe, qui conduisaient de Neuwied à la Sieg, de Deutz et Neuss à la Wupper, franchissant des croupes montagneuses élevées. Plus loin encore, les Hermondures avaient, en accord avec Domitius Ahenobarbus, occupé une partie du territoire abandonné par les Marcomans et entretenaient avec les Romains des relations pacifiques. Enfin, du fait de la discorde bien connue des peuplades germaniques, on pouvait légitimement s'attendre à ce que les Romains n'aient plus à faire que les guerres séparées qui devaient leur paraître souhaitables pour transformer peu à peu leurs alliés en sujets.

Le noyau de la position des Romains était le territoire qui s'étend sur les deux rives de la Lippe jusqu'à l'Osning. La présence constante des légions dans leurs camps fortifiés habituait ici à la domination romaine et aux moeurs romaines par lesquelles les Barbares furent, selon Dion [8], "comme transformés" ; c'est ici que naquirent autour des cantonnements permanents de l'armée ces villes et bourgs dont parle le même historien et dont le trafic paisible contribua le plus à affermir la domination étrangère. Tout semblait aller à merveille. Mais les choses allaient tourner autrement.

Quinctilius Varus fut nommé commandant en chef des troupes en Germanie. C'était un Romain du début de la décadence, flegmatique et aimant ses aises, enclin à se reposer sur les lauriers de ses devanciers, mais plus encore à les exploiter pour son propre compte.

"Combien il méprisait peu l'argent, la Syrie, qu'il avait administrée, en portait le témoignage : il était arrivé pauvre dans un pays riche, il quittait riche un pays pauvre" (Velleius) [9].

Il était au demeurant "de nature amène" ; mais cette nature amène a dû entrer dans un méchant courroux de se voir transférée dans un pays où les exactions lui donnaient tant de peine, parce qu'il n'y avait presque rien à rafler. Cependant Varus s'y essaya, et cela selon la méthode devenue depuis longtemps usuelle chez les proconsuls et les propréteurs romains. Avant tout, il s'agissait d'organiser aussi vite que possible la partie occupée de la Germanie à l'instar d'une province romaine, de remplacer par des pouvoirs romains les pouvoirs publics autochtones qui avaient subsisté jusqu'alors sous la domination militaire et de faire ainsi du pays une source de revenus.., et pour le fisc et pour le proconsul. En conséquence, Varus tenta de "transformer" les Germains "plus rapidement et plus énergiquement", il "leur donna des ordres comme à des esclaves et exigea d'eux comme de subordonnés des paiements en argent" (Dion) [10]. Et le principal moyen (il avait fait ses preuves) qu'il employa ici pour exercer oppression et exactions, fut le pouvoir juridique suprême des gouverneurs de provinces romaines, qu'il usurpa, et en vertu duquel il voulut imposer aux Germains le droit romain.

Malheureusement, Varus et sa mission civilisatrice anticipaient l'histoire de près d'un millénaire et demi ; car c'est à peu près le temps qu'il fallut pour que l'Allemagne fût mûre pour "recevoir le droit romain", En fait, le droit romain, avec son analyse classique des rapports de propriété privée, devait paraître purement absurde aux Germains, eux qui ne possédaient la rare propriété qui s'était développée chez eux qu'en vertu de leur possession en commun du sol. De même, pour eux qui, de tradition, étaient accoutumés à trouver eux-mêmes, en quelques heures, le droit et le jugement dans l'assemblée ouverte du tribunal populaire, les formes et les exordes solennels, les éternelles remises de la procédure romaine devaient leur apparaître comme autant de prétextes à dénis de justice, et l'essaim d'avoués et d'avocats marron qui se pressait autour du proconsul devait leur sembler ce qu'ils étaient en fait : de vrais coupe-jarrets. Et voilà que les Germains devaient abandonner leur libre Thing (assemblée), où le compagnon était jugé par ses pairs, et se soumettre à la sentence sans appel d'un seul homme qui délibérait en langue étrangère, au meilleur cas s'appuyait sur un droit qui leur était inconnu et par-dessus le marché tout à fait inapplicable et qui... était lui-même intéressé. Le libre Germain que, selon Tacite, le prêtre seul avait, dans de rares cas, le droit de battre, qui n'encourait la peine de mort que pour trahison envers son peuple, mais pouvait racheter toute offense, le meurtre même, par une amende (Wergeld), qui, par-dessus le marché, avait coutume d'exercer en personne la vendetta pour lui-même et ses parents, le libre Germain devait maintenant se soumettre aux verges et à la hache du licteur. Et tout cela n'avait pas d'autre but que d'ouvrir toutes grandes les portes à la mise en coupe réglée du pays, au profit du fisc par les impôts, au profit du proconsul et de ses sbires par les exactions et les concussions.

Mais Varus avait fait une erreur de calcul. Les Germains n'étaient pas des Syriens. En leur imposant la civilisation romaine, il ne les impressionna que d'une façon. Il montra seulement aux tribus voisines, obligées à entrer dans la confédération, quel joug insupportable les attendait, elles aussi, et il les contraignit ainsi à cette union qu'elles n'avaient jamais su trouver jusque-là.

Varus stationnait en Germanie avec trois légions, Asprenas avec deux autres sur le Rhin inférieur, éloigné de cinq ou six jours de marche seulement d'Aliso, point central du dispositif. En face d'une telle puissance, seul un coup décisif, préparé longuement et avec soin, puis exécuté brusquement, présentait des chances de succès. La voie de la conjuration était donc tracée d'avance. C'est Arminius qui en assuma l'organisation.

Arminius, issu de la noblesse de tribu chérusque, fils de Segimerus, qui dans son peuple semble avoir été un prince ayant droit d'escorte, avait consacré sa première jeunesse au service militaire des Romains, connaissait leur langue et leurs moeurs ; il était un hôte assidu et favorablement accueilli au quartier général romain et sa fidélité paraissait au-dessus de tout soupçon. La veille de la surprise encore, Varus était inébranlable dans sa confiance en lui. Velleius l'appelle

"un jeune homme de noble souche, au bras valeureux, à l'esprit souple, plus que ne l'ont d'ordinaire des barbares, un jeune homme sur le visage et dans les yeux duquel resplendissait l'ardeur spirituelle, qui avait été notre compagnon constant au cours des campagnes antérieures (donc contre des Germains) et qui, outre le droit de cité, avait rang de chevalier romain [11]."

Mais Arminius était plus que tout cela. Il était un grand homme d'Etat et un chef militaire éminent. Une fois décidé à mettre fin à la domination romaine sur la rive droite du Rhin, il employa sans hésiter les moyens nécessaires. Il fallait gagner, du moins dans sa majorité, la noblesse militaire des Chérusques qui était déjà très dominée par l'influence romaine. Il fallait attirer dans la conjuration les Chattes et les Chauques, mais plus encore les Bructères et les Sicambres, placés directement sous le joug de Rome. Tout cela demandait du temps, bien que les exactions de Varus eussent largement préparé le terrain ; et, pendant ce temps, il s'agissait d'endormir Varus. On y parvint en le prenant par sa marotte : rendre la justice, et ainsi on le mystifia en bonne et due forme. Les Germains, raconte Velleius, qui sont

"– ce que croira à peine quiconque n'en a pas fait lui-même l'expérience – malgré leur extrême sauvagerie, des esprits tout à fait roués et une race faite comme pour mentir, – les Germains le leurrèrent avec toute une série de querelles judiciaires fictives : tantôt l'un traînait l'autre en justice sans raison, tantôt on lui chantait action de grâces, de ce qu'il réglait tout cela avec l'équité romaine, de ce que leur sauvagerie commençait à s'adoucir grâce à la nouveauté d'une éducation inconnue, de ce qu'était désormais débattu selon le droit et la justice ce qui avait coutume d'être tranché par les armes. Ils l'induisirent ainsi à s'abandonner à la plus extrême insouciance, au point qu'il croyait rendre la justice au forum comme préteur urbain et non pas commander une armée au coeur des pays germaniques [12]."

Ainsi passa l'été de l'an 9. Pour assurer plus encore le succès, on avait entraîné Varus à disperser ses troupes en toutes sortes de détachements, ce qui ne pouvait être difficile, étant donné le caractère de l'homme et les circonstances.

"Varus, dit Dion, ne maintenait pas sa force armée dûment concentrée, comme il se doit en pays ennemi, mais il cédait les soldats par troupes entières à des gens ayant besoin d'aide, qui les demandaient, tantôt pour surveiller quelque place forte, tantôt pour se saisir de bandits, tantôt pour accompagner des convois de céréales [13]."

Cependant les principaux conjurés, en particulier Arminius et Segimerus, étaient constamment autour de lui et fréquemment à sa table. D'après Dion, Varus fut mis en garde dès ce moment-là ; mais sa confiance ne connaissait pas de bornes. Enfin, à l'automne, lorsque tout fut préparé pour frapper, et que l'on eut attiré Varus avec le gros de ses forces en territoire chérusque jusqu'à la Weser, un soulèvement simulé à quelque distance donna le signal de l'action. Au moment encore où Varus reçut cette nouvelle et donna l'ordre de mise en route, un autre chef chérusque, Ségeste, qui semble avoir eu une sorte d'hostilité de clan avec la famille d'Arminius, le mit en garde. Varus ne voulut pas le croire. Alors Ségeste lui proposa de l'enchaîner lui-même ainsi qu' Arminius et les autres chefs chérusques avant de se mettre en route ; l'issue montrerait qui avait raison. Mais la confiance de Varus était inébranlable, même lorsque, au moment de son départ, les conjurés restèrent en arrière sous le prétexte de rassembler des alliés et de le rejoindre avec eux.

C'est aussi ce qui se passa, mais non comme Varus l'avait attendu. Les troupes des Chérusques étaient déjà rassemblées. La première chose qu'ils firent fut d'exterminer les détachements romains stationnés chez eux et dont eux-mêmes imploraient encore récemment la venue, pour ensuite tomber sur le flanc de Varus au cours de sa marche. Celui-ci faisait mouvement par de mauvais chemins forestiers, car ici, en pays chérusque, il n'y avait pas encore de chaussées stratégiques romaines. Attaqué par surprise, il reconnaît enfin sa situation et se conduit désormais en chef militaire romain... mais trop tard. Il fait serrer les rangs de ses troupes, fait mettre en ordre et protéger, dans toute la mesure du possible dans ces chemins étroits et ces forêts touffues, le train innombrable des femmes, des enfants, des voitures, des bêtes de trait, etc... et se dirige sur sa base d'opération – que nous devons admettre comme étant Aliso. Une pluie torrentielle détrempait le sol, gênait la marche, ne cessait de remettre le désordre dans le train trop considérable. Au prix de lourdes pertes, Varus parvint à atteindre une montagne couverte de denses forêts, qui offrait toutefois un espace libre pour un camp de fortune, où l'on s'installa et que l'on retrancha encore dans un ordre relatif et de façon réglementaire ; l'armée de Germanicus, qui visita ce lieu six ans après, y reconnut encore distinctement "l'oeuvre de trois légions" [14]. Avec l'esprit de décision que commandait la situation, Varus y fit brûler toutes les voitures et les bagages qui n'étaient pas absolument indispensables. Le lendemain, il traversa un terrain découvert, mais eut de nouveau tant à souffrir que les troupes s'égaillèrent plus encore et que le soir le camp ne pouvait déjà plus être réglementairement fortifié ; Germanicus ne trouva qu'une levée de terre à demi effondrée et un fossé peu profond. Le troisième jour, la marche recommença par une montagne boisée, et c'est là que Varus et la plupart des chefs perdirent courage. Varus se suicida, les légions furent anéanties presque jusqu'au dernier homme. Seule, la cavalerie sous le commandement de Vala Numonius échappa ; il semble aussi que des fantassins isolés se réfugièrent à Aliso. Aliso même tint encore quelque temps, car les Germains ne connaissaient pas les règles du siège et de l'assaut ; plus tard, la garnison se fraya un passage, en totalité ou en partie. Intimidé, Asprenas semble s'être borné à une courte poussée en avant pour la recueillir. Bructères, Sicambres, tous les peuples secondaires se soulevèrent, la puissance romaine était rejetée au delà du Rhin.

On a beaucoup disputé sur l'emplacement de cette campagne. Le plus vraisemblable est qu'avant la bataille Varus était stationné dans la cuvette de Rinteln, quelque part entre Hausberge et Hameln ; le soulèvement simulé et la retraite décidée après la première attaque par surprise se firent probablement en direction de la gorge de Dören, près de Detmold, qui constitue un col plat et large à travers l'Osning. D'une manière générale, c'est aussi le point de vue devenu traditionnel, cela concorde avec les sources ainsi qu'avec les nécessités de la situation militaire. Varus a-t-il atteint la gorge de Dören ? Cela reste incertain : la percée de la cavalerie et peut-être de la tête de l'infanterie semblerait le confirmer.

La nouvelle de l'anéantissement des trois légions et du soulèvement de tout l'ouest de la Germanie fit à Rome l'effet d'un coup de tonnerre. Déjà, l'on voyait Arminius passer le Rhin et soulever la Gaule, on voyait Marbod de l'autre côté franchir le Danube et entraîner les Pannoniens, tout juste soumis, à passer avec lui les Alpes. Et l'Italie était déjà si épuisée qu'elle ne pouvait presque plus lever de troupes. Dion raconte comment il n'y avait plus parmi les citoyens que de rares jeunes gens en état de porter les armes, comment leurs aînés se refusaient à se présenter, de sorte qu'Auguste les punit en confisquant leurs biens et condamna même quelques-uns à la peine de mort ; comment l'empereur rassembla finalement à grand peine quelques troupes formées d'affranchis et d'anciens soldats pour protéger Rome, désarma sa garde du corps germanique et bannit tous les Germains de la ville [15].

Cependant, Arminius ne passa pas le Rhin, Marbod ne pensait pas à une attaque, et ainsi Rome put s'abandonner en toute tranquillité à ses accès de rage sur les "Germains parjures". Nous avons vu déjà que Velleius les a décrits comme des "esprits tout à fait roués, un peuple fait comme pour mentir". Il en est de même de Strabon. Pas un mot chez lui de la "fidélité germanique" et de "la perfidie velche", tout au contraire. Tandis qu'il qualifie les Celtes de "simples et sans méchanceté ", si simples qu'

"ils se précipitent au combat sous les yeux de tous et sans prudence, de sorte que leurs adversaires ont la victoire facile [16]"

il est dit des Germains

"Vis-à-vis d'eux, il a toujours été avantageux de ne pas leur faire confiance ; car ceux auxquels on se fiait ont causé de grands dommages, par exemple les Chérusques, qui, violant les traités, firent périr dans une embuscade trois légions avec leur chef Varus [17]."

Pour ne rien dire des vers indignés et altérés de vengeance d'Ovide [18]. On croit lire des écrivains français de la meilleure période chauviniste qui vident la coupe de leur colère sur le parjure d'York et la trahison des Saxons à Leipzig. Les Germains avaient suffisamment appris ce qu'étaient la fidélité aux traités et la loyauté des Romains, lorsque César attaqua par surprise les Usipètes et les Tenctères pendant les négociations et en plein armistice ; ils avaient appris ce qu'elles étaient, lorsque Auguste fit emprisonner les légats des Sicambres, avant l'arrivée desquels il refusait toute négociation avec les tribus germaniques. Tous les peuples conquérants ont ceci de commun qu'ils dupent leurs adversaires de toutes les façons possibles ; et ils trouvent cela tout à fait régulier ; mais, dès que les adversaires se permettent la même chose, ils crient au parjure et à la trahison. Or les moyens qu'on emploie pour réduire en sujétion doivent aussi être licites pour rejeter le joug. Tant qu'il y aura des peuples et des classes exploiteurs et dominants d'un côté, exploités et dominés de l'autre, l'emploi de la ruse à côté de la violence sera pour les deux parties une nécessité, devant laquelle tous les sermons moraux restent sans pouvoir.

Si puérile que soit la statue de fantaisie érigée à Arminius près de Detmold (elle n'a eu que ceci de bon elle a amené Louis-Napoléon à ériger à Vercingétorix un colosse de fantaisie tout aussi ridicule sur une montagne prés d'Alise-Sainte-Reine), il reste exact que la bataille d'Arminius constitue un des tournants les plus décisifs de l'histoire. Elle a décidé une fois pour toutes de l'indépendance de l'Allemagne à l'égard de Rome. C'est le sujet de bien des disputes stériles de savoir si cette indépendance a été d'un tel profit pour les Germains eux-mêmes ; ce qui est sûr, c'est que sans elle toute l'histoire eût pris une autre orientation. Et si, en fait, toute l'histoire ultérieure des Allemands ne représente presque qu'une grande série de catastrophes nationales (dont ils sont responsables pour la plupart), au point que même les succès les plus séduisants ont presque toujours tourné au détriment du peuple, – il faut pourtant dire qu'ici, au début de leur histoire, les Allemands ont eu décidément de la chance.

C'étaient les dernières forces vivantes de la République mourante que César avait appliquées à soumettre la Gaule. Les légions, constituées depuis Marius de mercenaires enrôlés, mais restant exclusivement italiens, dépérirent littéralement après César, dans la mesure où les Italiens eux-mêmes dépérissaient du fait de l'extension rapide des latifundia et de leur exploitation à l'aide d'esclaves. On ne pouvait maintenir la cohésion des 150.000 hommes qui constituaient le bloc de l'infanterie des 25 légions qu'en employant les moyens extrêmes. Les vingt ans du temps de service n'étaient pas respectés ; les vétérans libérés étaient contraints de rester sous les drapeaux pour une période indéterminée. Ce fut la raison principale de la mutinerie des légions romaines à la mort d'Auguste, mutinerie que Tacite décrit de façon suggestive et qui, avec son étrange mélange d'insubordination et de discipline, rappelle si vivement les mutineries des soldats espagnols de Philippe II aux Pays-Bas les deux cas témoignent de la solide structure de l'armée envers laquelle le prince a rompu la parole donnée. Nous avons vu combien vaine resta la tentative d'Auguste pour mettre en application, après la bataille de Varus, les vieilles lois de conscription, depuis longtemps tombées en désuétude ; comment il dut avoir recours à des soldats déjà libérés, même à des affranchis (il avait déjà mobilisé ceux-ci une fois lors du soulèvement pannonien). La réserve de fils de paysans libres d'Italie avait disparu avec les paysans libres d'Italie eux-mêmes. Tout nouveau contingent de remplacement affecté aux légions faisait empirer la qualité de l'armée. Et, comme il fallait tout de même ménager le plus possible ces légions, noyau difficile à conserver de toute la puissance militaire, les troupes auxiliaires passent de plus en plus au premier plan, livrent les batailles dans lesquelles les légions ne constituent plus que la réserve, de sorte qu'à l'époque de Claude déjà les Bataves pouvaient dire : c'est avec le sang des provinces que les provinces sont conquises.

Avec une telle armée, qui devenait de plus en plus étrangère à la discipline et à la fermeté de la Rome antique et, de ce fait, à sa méthode de combat, une armée qui se composait de plus en plus de provinciaux et se compose même, pour finir, de barbares étrangers à l'Empire, avec une telle armée il devenait dès maintenant presque impossible de faire de grandes guerres d'agression, – bientôt aussi de livrer de grandes batailles offensives. La dégénérescence de l'armée réduisit l'Etat à la défensive, laquelle fut encore menée au début sous forme d'attaques, puis de façon de plus en plus passive jusqu'à ce qu'enfin le centre de gravité de l'assaut, passé tout entier du côté des Germains, franchît irrésistiblement le Rhin et le Danube sur toute la ligne mer du Nord-mer Noire.

En attendant, il s'agissait, ne fût-ce que pour assurer la ligne du Rhin, de faire sentir derechef aux Germains, sur leur propre territoire, la supériorité des armes romaines. A cette fin, Tibère se hâta de gagner le Rhin, restaura par son propre exemple et par de sévères punitions la discipline qui s'était relâchée, limita le train de l'armée mobile au strict nécessaire et sillonna l'ouest de la Germanie en deux campagnes (ans 10 et 11). Les Germains n'acceptèrent pas de batailles décisives, les Romains n'osèrent pas s'installer dans leurs camps d'hiver sur la rive droite du Rhin. Aliso et le castel érigé à l'embouchure de l'Ems dans le pays des Chauques conservèrent-ils même en hiver une garnison permanente ? cela n'est pas dit, mais on peut l'admettre.

En août 14, Auguste mourut. Les légions du Rhin, qui s'étaient vues frustrées et de la libération après le temps de service et du paiement de la solde, se refusèrent à reconnaître Tibère et proclamèrent empereur le fils de Drusus, Germanicus. Celui-ci apaisa le soulèvement lui-même, ramena les troupes à l'obéissance et les conduisit, en trois campagnes décrites par Tacite, en Germanie. Ici Arminius s'opposa à lui et s'avéra un chef militaire parfaitement digne de son adversaire. Il chercha à éviter toutes les batailles décisives en terrain découvert et à n'attaquer les Romains que dans des marais et des défilés où ils ne pouvaient pas se déployer. Mais les Germains ne le suivirent pas toujours. Leur ardeur belliqueuse les entraîna souvent à combattre dans des circonstances défavorables, leur âpreté au butin sauva plus d'une fois les Romains déjà pris au piège. Ainsi Germanicus remporta deux victoires stériles sur Idisiavisus et, à la frontière fortifiée des Angrivariens, échappa à grand peine en se retirant à travers les défilés des marais, perdit navires et équipages du fait des tempêtes et des marées sur la côte frisonne et fut enfin rappelé par Tibère après la campagne de l'an 16. Ceci mit fin aux campagnes des Romains dans l'intérieur de la Germanie.

Mais les Romains ne savaient que trop que l'on n'est maître de la ligne d'un fleuve que si l'on est aussi maître du passage sur l'autre rive. Bien loin de se retirer passivement en deçà du Rhin, la défensive romaine se transporte sur la rive droite. Les retranchements romains, qui couvrent en grands groupes, correspondant tout au moins dans des cas isolés aux futures provinces, le territoire des cours inférieurs de la Lippe, de la Ruhr et de la Wupper [et] les voies stratégiques édifiées depuis le Rhin jusqu'à la limite du comté de Mark, laissent supposer qu'il y avait là un système d'ouvrages de défense, dont le tracé, depuis l'Yssel jusqu'à la Sieg, correspondait à l'actuelle ligne de démarcation entre la Franconie et la Saxe – avec quelques empiétements de la frontière de la province rhénane sur la Westphalie. Ce serait alors ce système, sans doute susceptible d'être encore un peu défendu au VIIº siècle, qui a retenu à l'époque loin du Rhin l'avance des Saxons et fixé ainsi leur frontière ethnique actuelle vis-à-vis des Francs. Les découvertes les plus intéressantes n'ont été faites dans ce domaine qu'au cours des dernières années (par Jacob Schneider) ; il faut donc sans doute s'attendre à d'autres encore.

En remontant encore le Rhin, on trouve le grand vallum-frontière, construit peu à peu, en particulier sous Domitien et Hadrien ; commençant en aval de Neuwied, il enjambe les hauteurs de Montabaur en direction d'Ems, y franchit la Lahn, tourne vers l'Ouest à Adolfseck, suit le versant nord du Taunus pour contourner, comme point le plus septentrional, Grüningen dans la Wetterau, et de là, courant en direction du Sud-Est, atteint le Main au sud de Hanau. Puis le vallum suit la rive gauche du Main jusqu'à Miltenberg, et de là, ne rompant qu'une fois la ligne droite, il atteint la Rems wurtembergeoise à proximité du château des Hohenstaufen. Ici, la ligne dont la construction fut continuée plus tard, sans doute sous Hadrien, s'infléchit vers l'Ouest, passe par Dinkelsbühl, Gunzenhausen, Elingen et Kipfenberg et atteint le Danube près d'Irnsing, au-dessus de Kelheim. Derrière le vallum, il y avait des retranchements moins importants et plus loin encore, comme appui, des places fortes plus grandes. La partie de la rive droite du Rhin ainsi délimitée, qui, du moins au sud du Main, était restée en friche depuis que les Suèves en avaient chassé les Helvètes, fut peuplée, d'après Tacite, par des vagabonds gaulois, traînards derrière les troupes.

Ainsi le long du Rhin, du limes et du Danube s'instaurèrent peu à peu des conditions plus calmes et plus sûres. Les luttes et les incursions continuèrent, mais les limites territoriales réciproques restèrent inchangées quelques centaines d'années.

 

Notes

[1] Cf. Annaeus Florus : Epitome rerum a populo Romano gestarum, IV, 12, et P. Orosius Historiarum adversus paganos libri septem, IV, 21.

[2] Dion Cassius : Historia Romana, LV, 1.

[3] Suétone : Vitae XII imperatorum, livre V, 1.

[4] Florus, op. cit., IV, 12.

[5] Dion Cassius, op. Cit., LV, 6.

[6] Velleius Paterculus : Historia romana, II, 97.

[7] Dion Cassius, op. Cit., LV, 11.

[8] Dion Cassius, op. Cit., LVI, 18.

[9] Velleius, op. cit., II, 118.

[10] Dion Cassius, op. cit., LVI, 18.

[11]Velleius, op. cit., II, 118.

[12] Ibid., II, 118.

[13] Dion Cassius, op. cit., LVI, 19.

[14]Tacite : Annales, I, 61.

[15]Dion Cassius, op. cit., LVI, 23.

[16]Strabon : Geographica, IV, 4.

[17]Idem, VII, 1, 4.

[18]Il s'agit ici des vers dirigés contre la Germanie et les Germains dans les Tristia et les Epistolae ex Ponto.