1919

Source : — LUXEMBURG Rosa, J’étais, je suis, je serai ! Correspondance 1914-1919, Textes réunis, traduits et annotés sous la direction de Georges Haupt par Gilbert Badia, Irène Petit, Claudie Weill, Paris, Éditions François Maspero, Bibliothèque Socialiste n°34, Paris, 1977, pp. 370-371

luxemburg

Rosa Luxemburg

Lettre à Marta Rosenbaum

4 janvier 1919

 

Berlin, 4 janvier 1919.

Ma chère, chère petite Marta, je vous envoie avec mille souvenirs enfin le premier numéro de la Rote Fahne pour laquelle la lutte m’a tenue en haleine, tous ces derniers jours, du matin au soir. J’éprouve le besoin urgent de vous voir, de vous embrasser, de vous parler. Kurt me dit que vous vous êtes sentie blessée par moi [1]. J’ai eu l’impression que le toit me tombait sur la tête.

Pendant tout le temps de notre amitié, n’ai-je pas assez mérité de confiance pour que les malentendus soient exclus ? Cela m’a fait mal. Enfin, c’est ainsi, il faut accepter cela aussi ; il faut que nous parlions ensemble, et aucune ombre ne doit subsister entre ma chère Marta au cœur d’or et moi. J’ai essayé hier de vous joindre au téléphone, mais en vain ; plus tard je n’ai pas eu une seconde de libre. Je vais voir si c’est possible de vous atteindre aujourd’hui.

En attendant, je vous embrasse avec toute ma vive et fidèle affection, en vous envoyant mille souvenirs à vous et à votre mari.

Votre R.L.

Notes

[1] Allusion à un des articles du journal où l’USPD, auquel appartenait Marta Rosenbaum, était vivement critiqué.