1921

Source : numéro 3 du Bulletin communiste (deuxième année), 20 janvier 1921, dans la rubrique « Héros et martyrs du communisme ».


A la mémoire de Rosa Luxemburg et de Leo Tyszka (Jogiches)

Souvenirs personnels

Julian Marchlewski



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En consacrant cet article à la mémoire des camarades Luxemburg et Jogiches, je ne rapproche pas leurs noms pour la seule raison qu'ils ont eu le même sort et qu'ils sont morts tous les deux, en martyrs, de la main des mercenaires exaspérés des traîtres au socialisme allemand, mais surtout parce que ces deux remarquables militants étaient étroitement liés par une amitié de trente ans et par un travail idéologique commun.

Rosa Luxemburg naquit en 1870 dans la petite ville polonaise de Zamość, d'une famille juive naguère assez riche mais appauvrie. Vers 1880, sa famille vint s'installer à Varsovie et Rosa entra au gymnase. Elle avait conservé de sa vie de famille les meilleurs souvenirs. Sa mère était instruite. Elle aimait à lire avec ses enfants les œuvres de poètes polonais et allemands et l'impressionnable Rosa, passionnée de poésie, se mit sous l'influence de ses lectures, à écrire elle-même des vers. Elle aima surtout Mickiewicz : par la suite, au cours de son activité littéraire, rares seront ses articles où l'on ne trouvera pas une citation de Mickiewicz. La famille était souvent dans la gêne et il lui arrivait même d'engager sa literie chez l'usurier pour en obtenir quelques roubles ; mais cette misère ne provoquait pas, comme, d'habitude, le découragement et l'aigreur. Je me souviens que Rosa Luxemburg racontait comment elle alluma un jour la lampe avec un bout de papier qui n'était autre chose que le dernier argent que son père venait de se procurer avec peine ; le vieillard ne la punit pas mais, la première émotion passée, la consola en plaisantant sur la cherté de ses allumettes. Cette atmosphère de bonne humeur concourut certainement au développement intellectuel de la future militante.

Ces capacités étaient grandes et se firent remarquer dès l'école. Rosa acheva brillamment ses études de gymnase et si elle ne reçut pas la médaille d'or c'est que la directrice suspectait déjà ses « dispositions politiques ».

Soupçons fondés : notre élève du gymnase appartenant à un groupe socialiste où on lisait des brochures éditées par le parti du « Prolétariat »1 et où l'on rêvait de propagande et d'action parmi les ouvriers. Les gendarmes veillaient et bientôt, en 1888, « la conspiratrice » de 18 ans dut fuir à l'étranger. Sa fuite fut organisée par un des plus habiles conspirateurs du Parti de ce temps-là, le camarade Kasprzak2, pendu depuis.

Rosa Luxemburg arriva à Zurich. Elle vécut là dans, la famille d'un émigré allemand, le docteur Karl Lübeck, publiciste social-démocrate. Il avait épousé une Allemande et Rosa, dans cette maison, se sentait chez elle. Lübeck était un homme d'une grande intelligence, possédant d'immenses connaissances, mais gravement atteint de paralysie. Les meilleures relations s'établirent entre lui et la jeune étudiante ; elle écrivait sous sa dictée les articles au moyen desquels le malade gagnait son pain. Elle passait ensuite de longues heures en causerie avec lui ; il dirigeait ses études. Nul doute que la camarade Luxemburg n'ait été, dans les premières années de sa vie d'étudiante, très redevable à cet homme de valeur.

En 1891, Rosa Luxemburg fit la connaissance du camarade Jogiches. Je n'ai pas de renseignements sur les années de jeunesse de ce dernier et je crois que même les camarades qui ont travaillé pendant de longues années avec lui n'en ont pas non plus. Ce qui s'explique par la répugnance de Jogiches à parler de lui-même : il n'initiait personne à ses affaires personnelles. Peut-être des amis lui ayant été plus proches nous raconteront-ils, un jour, l'enfance et la jeunesse de ce lutteur.

Je dirai pourtant ce que j'ai pu en apprendre. Leo-Samoïlovitch Jogiches était né à Vilnius en 1867, d'une riche famille juive. De bonne heure, il prit part au mouvement révolutionnaire, et fut arrêté en 1888 par la gendarmerie de Vilnius pour « propagande active contre les autorités, parmi les ouvriers ». On le condamna à 4 mois de prison et on le laissa sous surveillance spéciale. En 1890, il passa à l'étranger pour ne pas faire de service militaire. En Suisse, il entra en relations avec Plekhanov, mais se sépara bientôt de lui. A cette époque, dans les milieux social-démocrates russes, régnaient des mœurs assez antipathiques. En Russie, le mouvement naissait seulement : parmi les émigrés Plekhanov régnait selon son bon plaisir. Celui qui ne s'accordait pas personnellement avec lui était mis au banc et se voyait dénier la qualité de social-démocrate. Le camarade Jogiches n'était pas un souple et ne voulut pas se soumettre à ce régime. D'autres émigrants se groupèrent avec lui et décidèrent bientôt d'agir indépendamment. La question la plus importante était celle de la librairie révolutionnaire. La jeunesse émigrée et les milieux ouvriers en Russie avaient le plus grand besoin de littérature. Jogiches disposait d'assez grandes ressources et, ayant réuni quelques collaborateurs (Kritchevski3, Riazanov, Parvus), il se mit à éditer la « Bibliothèque social-démocrate ». Ses qualités d'organisateur se révélèrent tout de suite. Il n'écrivait pas lui-même, mais il était un rédacteur modèle, exact jusqu'au pédantisme. Les petits livres de sa Bibliothèque étaient magnifiquement édités et le transport en était aussi bien assuré.

Parallèlement à son travail d'édition, Jogiches voulut combler les lacunes de ses connaissances. Ses capacités intellectuelles étaient supérieures. Il s'orientait rapidement dans les questions les plus difficiles ; il avait une mémoire et une érudition remarquables.

Chose singulière : le camarade Grosovsky (tel était alors son pseudonyme) donnait aux publicistes du parti d'excellents conseils ; intéressé par quelques questions, il pouvait, pour son étude, dresser le plan le plus exact et le plus réussi ; mais écrire, même s'il s'agissait d'un article de journal, lui était difficile. Il le reconnaissait, et la nécessité absolue seule pouvait l'obliger à prendre la plume.

Ayant fait la connaissance de Rosa Luxemburg, Jogiches s'intéressa aux questions du socialisme polonais, qui la préoccupaient alors. Il étudia le polonais, et si bien, qu'il put plus tard s'acharner à bannir des articles des camarades polonais les expressions russes ; et bientôt il renonça à toute activité dans le mouvement russe, consacrant toutes ses forces au mouvement social-démocrate polonais.

Les questions du socialisme polonais étaient alors extrêmement complexes et intéressantes. Le mouvement révolutionnaire socialiste représenté par le Parti du Prolétariat, à la tête duquel se trouvaient Ludwik Waryński et Kunicki4 traversait vers 1880 une crise difficile. Le parti, consacrait toutes ses forces au terrorisme et n'était pas en état d'organiser les masses ouvrières que le développement extraordinairement rapide du capitalisme en Pologne poussait d'instinct aux luttes purement économiques. Une Union Ouvrière se fonda à Varsovie, s'efforçant de diriger le mouvement gréviste et faisant aussi, selon ses moyens, une propagande marxiste. Cependant, le Parti du Prolétariat se divisait sous l'influence des courants nationalistes dominant alors toute l'Europe. Les groupes d'émigrants placés à la tête du Parti, interprétant d'une façon erronée les principes du mouvement des masses ouvrière, se laissèrent pénétrer par l'idée d'accorder le socialisme avec le patriotisme. La Pologne, — affirmaient les publicistes de cette tendance, — a dépassé par son développement économique la Russie sous le joug politique de laquelle elle se trouve et c'est pourquoi le but du prolétariat polonais doit être la libération de son pays, la création d'un Etat polonais indépendant, afin de se frayer un chemin vers le socialisme.

Cette tendance aboutit à la fondation du Parti socialiste polonais (P. P. S.).

En Pologne, cette tendance était combattue par l'Union Ouvrière et, dans l'émigration, principalement à Zurich, un groupe de jeunes s'efforça de lui opposer un programme marxiste dans son ensemble. A ce groupe appartenait te camarade Wesołowski5, lâchement assassiné depuis par les gendarmes polonais. Des étudiants en faisaient partie qui, par la suite, ont quitté les rangs des militants de la révolution, mais se sont fait connaître autrement (c'est le cas entre autres de l'un des plus remarquables poètes de la Pologne contemporaine, W. Berent6). Mais il devait appartenir à Rosa Luxemburg de créer le fondement théorique du marxisme polonais et du mouvement social-démocrate, son collaborateur le plus actif, le plus dévoué dans ce travail fut le camarade Joguiches-Grosovsky.

Les thèses fondamentales de cette tendance étaient celles-ci : le capitalisme se développe dans la Pologne asservie dans un étroit accord avec le capitalisme russe, allemand et autrichien ; les liens les plus étroits se créent nécessairement entre la bourgeoisie des provinces polonaises et celle de ces États ; la lutte des classes devient plus âpre en Pologne et rend impossible l'insurrection contre le joug national. La tâche du prolétariat polonais c'est de lutter, de concert avec les ouvriers russes, allemands et autrichiens, contre l'ordre capitaliste ; cette lutte politique et économique doit être conduite en tenant compte des conditions de la vie politique dans chaque Etat, ce qui rend nécessaires des relations étroites avec les Partis socialistes russe, allemand et autrichien. L'autonomie du Parti polonais, qui lui permet de défendre les intérêts de la culture du prolétariat polonais, doit être naturellement sauvegardée. Seule la révolution commune, en détruisant l'ordre capitaliste, entraînera la libération de tous les peuples, donc du peuple polonais ; tant que règne l'ordre capitaliste, la création d'un Etat polonais indépendant n'est pas possible. La tâche des prolétaires polonais, ce n'est donc pas de lutter pour une Pologne capitaliste indépendante, mais pour la destruction des Etats capitalistes en général. Tout ceci nous paraît aujourd'hui indiscutable, mais il fallut alors un énorme travail pour ouvrir un chemin à ces idées.

Rosa Luxemburg prouva de suite un remarquable talent de publiciste et les dons d'un brillant théoricien. Nous reconnûmes volontiers en elle notre guide doctrinal. Le camarade Jogiches était son auxiliaire le plus actif bien que seuls ses plus proches amis l'avaient su.

La nouvelle tendance eut bientôt à soutenir son premier combat sur une large arène. A l'automne de 1891, la gendarmerie du tsar détruisit l'Union Ouvrière dont presque tous les leaders furent arrêtés. La manifestation du 1er mai, en 1892, revêtit néanmoins des proportions grandioses, montrant que le mouvement des masses ouvrières était devenu en Pologne un fait capital de la vie sociale.

En 1893, il devint possible de renouveler et d'élargir notre activité révolutionnaire dans la région. Le camarade Wesołowski était alors l'un des meilleurs organisateurs. Les ouvriers de l'Union et ceux qui restaient du Parti du Prolétariat adhérèrent au nouveau groupe et nous adoptâmes le nom de Parti Social-Démocrate de l'empire polonais. Cette appellation paraîtra étrange à beaucoup (quel accouplement de mots : socialiste et empire !). Elle fut choisie dans un but défini. Nous voulions exprimer ainsi que, selon nos doctrines, nous étendions notre organisation sur un territoire donné et précisément sur cette partie de la Pologne où le prolétariat doit lutter la main dans la main avec le prolétariat de toute la Russie. Justement, cette année-là, un Congrès Socialiste International se réunissait à Zurich. Nous résolûmes de nous y affirmer devant le prolétariat du monde entier. Les ouvriers de Varsovie m'envoyèrent un mandat de délégué. Les groupes de l'étranger en donnèrent à Rosa Luxemburg et au camarade Warszawski. Les meneurs du P. P. S. menaient contre nous une furieuse campagne dans laquelle ils eurent recours aux moyens les plus honteux, accusant effrontément le camarade Warszawski d'être « un agent russe ». Comme il y avait parmi eux des hommes entretenant depuis longtemps d'excellentes relations avec les chefs de l'Internationale : Engels, Wilhem Liebknecht et d'autres, il leur fut facile de nous représenter comme un petit groupe d'intrigants rompant l'unité du socialisme polonais. Malgré le brillant discours de Rosa Luxemburg réfutant ce mensonge le Congrès résolut de ne valider ni son mandat ni celui du camarade Warszawski. Plekhanov joua dans cette affaire un bien piètre rôle ; il connaissait les affaires polonaises et il eût suffi d'un mot de lui qui jouissait dans l'Internationale d'une si grande popularité pour anéantir toute cette intrigue. Mais il préféra se taire et reconnut plus tard qu'il lui sembla fâcheux de « devoir aller à l'encontre de l'opinion du vieil Engels ». Malheureusement, ces choses devaient par la suite arriver assez souvent dans la Seconde Internationale où les affaires se décidaient fréquemment selon les sympathies et les antipathies des chefs jouissant d'une certaine popularité. Nous subîmes un échec, mais on s'intéressa dans l'Internationale aux questions du socialisme polonais et l'occasion se présenta à nous d'exposer ces questions dans la presse française et allemande. Cette tâche aussi fut surtout dévolue à Rosa Luxemburg.

L'étude des questions du mouvement ouvrier polonais avançait et le mouvement se fortifiait. Rosa Luxemburg suivait à ce moment les cours de l'Université. En 1897, elle présenta pour son doctorat une brillante dissertation sur le développement de la production en Pologne. Elle se distinguait non seulement par des connaissances solides, mais par une dialectique brillante qu'elle faisait valoir dans ses fréquentes discussions avec le professeur d'Economie politique, Julius Wolf, adversaire résolu du marxisme. Nous préparions tout simplement ces discussions : j'amenais tout doucement l'honorable professeur sur ce sujet glissant, puis, disposant de toutes les armes du marxisme, nous lui prouvions qu'il n'y comprenait pas un traître mot. Nous devons rendre cette justice à l'Université de Zurich que malgré notre propagande elle ne s'opposa aucunement à notre obtention du doctorat.

En 1897, Rosa Luxemburg ayant terminé ses études universitaires, résolut de passer en Allemagne. Pour avoir la possibilité de militer, elle se maria fictivement avec l'un des fils du docteur Lübeck et devint de cette façon allemande. Elle travailla parmi les ouvriers polonais en Posnanie et en Silésie, collaborant en même temps aux journaux allemands et à l'organe scientifique du parti Die Neue Zeit. Je m'étais rendu en Allemagne un an auparavant et je collaborais à Dresde à cet organe dont Parvus était le rédacteur. Mais, en 1898, nous fûmes tous deux expulsés de Saxe. Rosa Luxemburg nommée rédacteur du journal de Dresde ne put s'y accorder et commença bientôt à collaborer au Leipziger Volkszeitung, dont le rédacteur était alors le meilleur journaliste allemand, Schönlank7. Apres sa mort, Rosa Luxemburg seule rédigea un moment ce journal.

C'était le moment où commençait la crise du mouvement ouvrier allemand : Bernstein entrait en lice et le « révisionnisme » se répandait. Rosa Luxemburg se jeta dans la polémique et ses remarquables articles précisèrent nos lignes de tactique. Bientôt les questions de tactique devinrent actuelles dans toute l'Europe. La question de la participation des socialistes au gouvernement bourgeois (ce qu'on appelait le millerandisme) se posa et d'une façon générale ce fut le commencement d'une âpre lutte entre les courants révolutionnaire et réformiste. Le talent dialectique et polémique de Rosa Luxemburg s'y manifesta dans toute sa force : elle devint bientôt l'un des champions les plus en vue de la tendance révolutionnaire. Le Parti Social-Démocrate polonais la nomma membre du Bureau International, et depuis ce jour elle ne cessa de combattre pour les idées révolutionnaires sur la plus large arène. Ici encore, Jogiches était son inséparable collaborateur. Les proches amis de Rosa savent qu'elle ne donnait à composer aucun de ses articles de polémique ou de programme sans qu'il l'ait relu. Cependant, nos deux camarades ne cessaient pas de s'intéresser au mouvement polonais. Le logement de Rosa Luxemburg, à Friedenau (faubourg de Berlin) était le centre vers lequel se dirigeaient les camarades venant de Varsovie pour demander conseil ; c'est là aussi que venait Jogiches dans les mains duquel se trouvaient tous les fils reliant le Parti du pays avec les camarades travaillant pour lui dans l'émigration.

Ainsi passèrent, dans une constante lutte pour les idées révolutionnaires, les années de 1897 à 1905. Dans cette lutte, Rosa Luxemburg rendit au prolétariat d'inappréciables services en ne reculant pas d'un pas de la ligne de conduite du marxisme révolutionnaire. Un fait caractérise sa personnalité : c'est que malgré ses façons impitoyables et sa dureté parfois excessive dans la polémique, ses plus grands adversaires (parmi lesquels figurèrent quelquefois Jean Jaurès et Bebel) la respectaient et même l'aimaient. Elle était alors liée par une amitié étroite avec Karl Kautsky sur lequel elle avait une grande influence et qu'elle stimulait à aller de l'avant quand se manifestaient ses velléités opportunistes.

La Révolution Russe (1905 à 1906) éclata et le prolétariat polonais constitua dans cette lutte à mort une bonne avant-garde. Jogiches s'empressa de se rendre à Varsovie. Rosa voulut absolument le suivre. C'est en vain que nous lui déclarâmes qu'elle devait rester à Berlin où nous avions besoin de son travail scientifique qu'elle pourrait difficilement continuer dans son pays. Malgré notre opposition catégorique elle débarqua, un beau matin, à Varsovie nantie d'un passeport allemand. Tyszka — c'est le pseudonyme que Jogiches avait alors adapté — fut mécontent, mais il dut se résigner. Rosa Luxemburg déclara formellement qu'elle ne quitterait pas son poste et se mit à travailler avec notre journal.

Pas pour longtemps, hélas ! Quelques semaines plus tard, elle tombait entre les mains de la police qui n'avait pas eu de difficulté à établir son identité. Par bonheur, à cette époque, la désorganisation de la police commençait déjà. Par la menace de venger cruellement Rosa et par la corruption nous la fîmes libérer sous cautionnement après quoi les camarades la renvoyèrent à l'étranger : elle protesta, mais cette fois nous fûmes inébranlables.

Tyszka avait été arrêté en même temps qu'elle. Son travail avait été magnifique. Notre journal était grâce à lui admirablement organisé. Il avait soumis la rédaction clandestine installée au centre de la ville au régime le plus sévère. Il n'écrivait généralement pas lui-même. Mais tout article (et presque toutes les notes) était écrit d'après ses instructions, « pour que notre numéro, disait-il, soit d'une seule pièce » ; pas une ligne n'était envoyée à la composition sans avoir été attentivement relue par lui, il tenait ses collaborateurs dans une main de fer, n'admettant ni fatigue ni « disposition d'esprit particulière ». — « Il faut travailler, voilà tout ! » Et, le voyant, infatigable, du matin à la nuit, tous se soumettaient à sa remarquable organisation du travail. Mais il ne se bornait pais à tenir ainsi sa collaboration littéraire, il ne lâchait pas non plus les typographes et les collaborateurs techniques. A Dieu ne plaise qu'une notule fût composée dans un caractère autre que celui qui était indiqué sur la copie ! A Dieu ne plaise qu'un numéro ne fût pas composé selon toutes les règles de l'art typographique ! Une expédition inexacte était un crime impardonnable. Il arrivait à de malheureux collaborateurs d'encourir des reproches pour quelque 5 numéros qui un mois auparavant étaient arrivés quelque part en retard8. Tyszka se rappelait tout et veillait à tout et pourtant il avait, outre son travail de rédaction, un très grand travail d'organisation. Il connaissait par le menu le travail du Parti et se préoccupait continuellement de tout. Mais ce travail minutieux ne diminuait pas sa largeur de vues et il se distinguait dans toutes les questions théoriques par sa réserve et par sa prévoyance. On l'arrêta, en février 1906, avec Rosa Luxemburg. Identifié, jugé, il fut condamné à 8 ans de travaux forcés. Mais en février 1907 les camarades réussirent à organiser son évasion. Cette entreprise fut menée à bien par le camarade Ganetsky9 : un gardien fut acheté, on procura à Tyszka un costume et on l'emmena. Je me souviens qu'il vint tout droit de la prison à la rédaction, où il dut rester plusieurs jours avant d'avoir trouvé un logement plus sûr. Les affaires de la rédaction étaient déjà moins bonnes. Presque tous les rédacteurs étaient emprisonnés. Il était de plus en plus difficile de faire marcher la typographie et notre journal avait perdu son élégance. Tyszka commença par s'en faire apporter une collection complète ; il la parcourut avec effroi ; Que de coquilles ! J'indiquai que le correcteur devait travailler tantôt sous sa machine, tantôt dans la cave. Mais il ne fut pas convaincu : « il faut pour la correction une tête et des mains, et tant qu'on a une tête sur les épaules et un crayon dans les mains on peut travailler n'importe où ! » Et de fait Tyszka pouvait travailler ainsi. Puis il se mit au travail et dans la nuit rédigea une série d'instructions qui lui parurent utiles pour améliorer nos affaires. Ayant réussi à passer la frontière sans encombre, — et je me souviens qu'un officier révolutionnaire le conduisit en voiture jusqu'à la frontière, — Tyszka ne resta pas un instant inactif et prit la direction du groupe étranger qui retrouvait son ancienne importance pendant que la contre-révolution triomphait en Pologne et en Russie. Je rencontrai de nouveau Tyszka à l'étranger au congrès du Parti social-démocrate russe, à Londres, pendant l'été de 1907. Nous luttions contre les mencheviks et Tyszka qui, pendant toutes ces années était resté en contact avec les camarades russes était tout naturellement le guide du groupe polonais. Il était au courant de toutes les affaires russes dans leurs moindres détails et il prit la part la plus active au travail compliqué qu'il fallut faire à ce congrès où des questions « délicates » s'embrouillaient prodigieusement10. Dans ces cas il se révélait « diplomate » défendant pourtant ses positions avec ténacité et de fait sa « diplomatie » n'abandonnait jamais rien de la tactique strictement révolutionnaire. Les mencheviks et les bundistes le voyaient naturellement d'un fort mauvais œil. Il nous arrivait aussi, il est vrai, de nous quereller avec les camarades bolcheviks avec lesquels nous n'étions pas d'accord sur des questions d'organisation. Mais grâce à la retenue de Tyszka, les relations entre les bolcheviks et le groupe polonais restèrent toujours satisfaisantes.

Dès 1907, Rosa Luxemburg se plongea dans les affaires allemandes. On approchait de cette période fatale pendant laquelle l'aspect extérieur du Parti fut excellent tandis qu'en réalité la gangrène le rongeait profondément. La tendance radicale semblait avoir vaincu. Les Congrès adoptaient des résolutions très radicales. Mais ceux qui savaient voir voyaient que ce radicalisme était pire que tout opportunisme. L'arrivisme se développait dans le Parti, la bureaucratie atteignait des proportions excessives. On avait la lettre radicale sans esprit révolutionnaire. Il était très difficile de lutter contre cet état de choses, qui devait enfin amener à la catastrophe morale du 4 août 1914. Parmi les chefs influents, le vieux Bebel n'avait plus son ancienne intuition révolutionnaire et Karl Kautsky, n'ayant jamais été en contact avec la vie du Parti, s'enfermait toujours plus dans un dogmatisme livresque. Les hommes nouveaux dans les rangs des radicaux, les Scheidemann, les Ebert, les Haase n'avaient jamais été révolutionnaires au fond de leur âme et ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez ; les autres n'étaient que de vulgaires arrivistes. Rien d'étonnant à ce que dans cette atmosphère les meneurs aient réussi à représenter Rosa Luxemburg et ses partisans, qui ne cessaient de sonner le tocsin, comme des « critiques chagrins », ne troublant la paix du Parti que « par amour des disputes ». Kautsky céda enfin à cette tendance et son attitude, en 1912, amena la rupture d'une amitié datant de longues années. Cet érudit de bibliothèque eut enfin le courage de traiter Rosa Luxemburg et ses amis d' « anarchistes-syndicalistes ».

Malgré ce travail énervant, Rosa trouvait encore du temps pour des travaux scientifiques fondamentaux. On l'avait désignée pour enseigner à l'école marxiste du Parti l'économie politique et, non seulement elle se révéla un pédagogue modèle, mais encore préparant très consciencieusement ses leçons, elle écrivit un remarquable cours d'économie marxiste, qui, par malheur, n'a pas été imprimé (et il faut craindre que les bandits de Noske, qui, aux jours tragiques de janvier, ont violé le domicile de Rosa Luxemburg, aient détruit ce manuscrit, en même temps que beaucoup d'autres). A cette époque, un autre travail important de Rosa fut édité : L'Accumulation du Capital.

C'était aussi le moment de son activité de propagande la plus intense. Les calomnies des chefs du Parti contre Rosa Luxemburg n'eurent pas d'effet sur les masses. Dans toutes les villes, même dans le centre du révisionnisme, les ouvriers aimaient à entendre « notre Rosa » et son talent si entraînant d'orateur agissait même sur ceux que l'opportunisme avait contaminés. Je me souviens qu'un camarade (de Mannheim, je crois) racontait l'étonnant effet d'un discours de Rosa Luxemburg : les ouvriers déclarant à leurs chefs habituels qu'ils voyaient maintenant combien ils avaient été trompés et exigeant que Rosa Luxemburg fût invitée à faire une série de conférences et de causeries-discussions sur les questions intéressant le Parti. Ces cas étaient fréquents.

En 1913, Rosa Luxemburg prononça, à Francfort-sur-le-Main, un discours antimilitariste pour lequel elle fut poursuivie et condamnée à un an de prison. Mais, pendant les délais d'appel à une instance supérieure, elle prononça, à Berlin, un nouveau discours, dans lequel elle disait entre autres que dans les casernes de l'Allemagne les soldats étaient chaque jour odieusement brutalisés et brimés. Elle fut de nouveau poursuivie. La défense se chargea de prouver la véracité de ses assertions et invita des témoins à se faire connaître par les journaux du Parti. En juin 1914, quelques semaines avant la guerre mondiale, le procès s'ouvrit, plusieurs centaines de témoins se présentèrent à l'audience dès le premier jour, prêts à déposer sur les horreurs de la vie de caserne et le défenseur déclara que sa liste comptait plusieurs milliers de noms. Le gouvernement s'effraya, le procès fut remis, — et l'on n'en reparla plus.

A cette époque, le camarade Tyszka travaillait dans les partis polonais et russe. On avait commencé à éditer à Varsovie un journal hebdomadaire légal, mais comme tous les écrivains du Parti devaient émigrer, la rédaction était à Berlin et Tyszka, naturellement, en avait la charge. Il habitait alors à l'hôtel, à Steglitz, faubourg de Berlin, et Franz Mehring, qui connaissait à fond l'histoire de la Prusse, découvrit que cet hôtel avait été jadis le palais du général Wrangel, qui réprima la révolution de 1848. Chaque fois qu'il voyait Tyszka, le vieillard affirmait que Wrangel devait se retourner dans son cercueil à la seule idée qu'un révolutionnaire comme Tyszka habitait maintenant son logis. Notre rédaction siégeait dans une petite chambre de cet hôtel. Tyszka y introduisait de nouveau son régime sévère tançant vertement les coupables si le travail n'était pas parfait. Le fait est qu'on ne pouvait diriger de Berlin la rédaction d'un journal de Varsovie qu'au prix d'une exactitude exemplaire et que sous ce rapport notre confrérie littéraire n'était bonne à rien. Cependant, l'énergie de Tyszka faisait marcher l'affaire, bien que notre journal, régulièrement suspendu, dût continuellement changer de nom pour ressusciter ; il vécut près d'un an changeant, je crois, sept fois de nom.

Tyszka dut travailler dans le Parti russe, ayant été désigné par le Parti polonais qui s'était fédéré avec les organisations russes, en qualité de membre du Comité Central. Comme il était dans son travail ponctuel jusqu'à l'exagération, croyant indispensable d'informer de tout ce qui concernait les intérêts généraux la direction du Parti polonais, qui se réunissait périodiquement à Berlin, il dut tenir toute une série de notes et de livres, cela seul et dans les conditions les plus pénibles : il vivait avec un passeport étranger. La police pouvait à chaque instant tomber chez lui et c'est pourquoi son « bureau » était installé dans les appartements de certains camarades allemands chez qui les papiers étaient déposés, tandis que d'autres adresses d'Allemands servaient pour la correspondance. Nous fîmes un jour le calcul que Tyszka avait affaire de cette façon dans une douzaine d'appartements. Il ne renonçait pas à ce système pour des raisons d'ordre conspiratif ; de la sorte, les matériaux étaient si dispersés que même en découvrant un appartement la police n'y trouverait qu'une petite partie de documents dont elle ne pourrait tirer aucun avantage. Je lui demandai un jour : « Mais, qu'arrivera-t-il si vous tombez brusquement malade ? Personne ne se retrouvera dans ce travail ! ». Il me répondit simplement : « Il ne m'est pas permis d'être malade ». Le fait est que seule une capacité de travail déconcertante et une santé de fer permettaient à Tyszka d'accomplir le travail énorme dont il se chargeait.

La guerre éclata. Dès le premier jour, Rosa Luxemburg commença sa propagande contre la guerre. Elle comptait grouper pour un travail commun un groupe choisi de camarades allemands. Et d'abord elle pensa qu'il était nécessaire de publier un manifeste signé au moins d'un petit nombre de noms populaires parmi les ouvriers. Tyszka dit tout de suite qu'il n'en résulterait rien.

Pourtant, avec Rosa, nous tentâmes l'essai. Mais sept personnes seulement, répondant à son invitation, se réunirent chez elle pour examiner la question ; de ce nombre, il n'y avait que deux militants connus, Mehring et Lentsch. Ce dernier promit de signer, mais se déroba ensuite. Le manifeste n'eût été signé que de Rosa Luxemburg, de Clara Zetkin et de Franz Mehring, ce qui était naturellement inadmissible ; il fallut y renoncer. Le lecteur non initié aux choses d'Allemagne se demandera peut-être : Et Liebknecht ? Malheureusement Liebknecht hésitait encore et ce n'est que quelques mois plus tard qu'il se décida à combattre la guerre.

Il fallut se résoudre à l'activité clandestine. Fort peu de camarades y étaient préparés. Le petit groupe qui se mit au travail était composé des camarades Luxemburg, Tyszka, Mehring, des époux Duncker11, d'Ernst Meyer, de Wilhelm Pieck, de Lange12 et de moi. Je crois bien que c'est tout. Mathilde Jacob13 et la camarade Ezerskaya14 nous donnaient un concours technique matériel. Notre situation n'était pas brillante, nous n'avions ni argent, ni organisation de parti et, en outre, les militants allemands n'avaient aucune notion de propagande clandestine. Pourtant tout marcha. Tyszka et Meyer se chargèrent d'organiser une typographie. Pieck, Eberlein et Lange, à l'aide de leurs relations, donnèrent le moyen de répandre les publications, mais Tyszka dut bientôt assumer la direction de ces deux parties de l'entreprise. Nous pûmes ainsi éditer une série de manifestes contre la guerre. Nous décidâmes en outre de commencer à éditer un journal légal, l'Internationale, mais il fut supprimé dès son premier numéro.

En février 1915, la condamnation de Rosa Luxemburg fut confirmée en dernière instance ; on l'emprisonna pour un an. Elle réussit pourtant à écrire et à nous faire passer — principalement avec le concours de l'active et infiniment dévouée Mathilde Jacob — des feuilles volantes et une brochure intitulée La Crise de la Social-Démocratie.

Elle insistait pour que la brochure fût éditée sous son nom, mais nous savions qu'en pareil cas elle eût été menacée de travaux forcés et nous refusâmes. La brochure fut signée du pseudonyme de Junius.

Sa détention terminée, Rosa revint parmi nous. Liebknecht, maintenant, était aussi avec nous, et le travail s'était considérablement, élargi. Mais, en juin 1916, Rosa Luxemburg était de nouveau emprisonnée, « par mesure administrative ». Je me trouvais alors dans un camp de concentration, mais je sais qu'alors aussi Rosa Luxemburg collaborait aux feuilles volantes qui paraissaient sous le titre de Lettres de Spartacus ; je sais que l'impression et la diffusion de ces feuilles furent merveilleusement organisés grâce surtout à l'invincible énergie de Jogiches. Sa grande expérience de l'activité clandestine ne permettait pas aux autorités allemandes de l'arrêter, bien qu'il dût, par suite de l'arrestation ou de l'envoi au front de presque tous les militants éprouvés du groupe Spartacus, travailler dans un cercle assez large et visiter des réunions nombreuses. La police savait seulement qu'un mystérieux étranger était à la tête du groupe. On réussit pourtant à l'arrêter au printemps de 1918. Les efforts du camarade Joffe pour obtenir sa libération n'eurent pas de succès. Jogiches étant considéré comme citoyen suisse (de fait, il avait, en 1896, acquis, dans l'un des cantons, les droits de citoyen et avait récemment vécu à Berlin avec son véritable passeport suisse).

Je ne devais plus rencontrer Rosa Luxemburg. J'arrivai de Moscou à Berlin, trois jours après la catastrophe. Mais les récits de combattants de la bataille révolutionnaire m'ont confirmé ce dont je n'ai pas douté : avec Karl Liebknecht, elle a été le guide intellectuel du mouvement spartakiste, et Jogiches n'a pas cessé d'être son compagnon inséparable. Je le trouvai, lui, au travail. Il avait été arrêté pendant l'insurrection de janvier, mais il avait réussi à recouvrer la liberté et s'était aussitôt remis au travail. Il fallait concentrer les forces dispersées, reformer le Comité Central des Communistes-Spartakistes, reconstituer l'organisation.

Jogiches fut à la hauteur de sa tâche. Grâce à son énergie, le travail du Parti recommença aussitôt après la catastrophe. Son mauvais destin l'atteignit en mars : arrêté pendant l'insurrection communiste, il fut lâchement assassiné en prison.

Je ne puis, à l'heure actuelle, donner un aperçu de l'activité scientifique et politique de Rosa Luxemburg. Il faudrait, pour cela, tout un travail historique et critique, d'autant plus grand que son activité féconda le mouvement révolutionnaire polonais et allemand pendant une période assez longue, et se fit sentir en outre dans le mouvement international, les principaux efforts de notre inoubliable camarade ayant été consacrés depuis 1887 à la lutte contre l'opportunisme considéré comme un fait international.

Mais je prends la liberté d'attirer l'attention du lecteur sur ce que, dans son dernier travail théorique et tactique, — sa brochure sur la crise de la social-démocratie, — notre inoubliable camarade nous a laissé de précieuses indications pour le travail futur. Je veux parler des « thèses » énoncées à la fin de cette brochure et concernant l'Internationale. Cette brochure, comme je l'ai indiqué, a été écrite en 1916 en prison. Connaissant à fond la 2e Internationale, Rosa Luxemburg y prédit clairement, nettement, l'inéluctabilité de sa chute et montre la nécessité de recréer l'Internationale sur de nouvelles bases. Bien des choses ont changé depuis : La Révolution et la dictature du prolétariat en Russie, puis en Hongrie, ont créé une nouvelle situation. Mais, dans son ensemble, la pensée de la camarade Luxemburg reste exacte. Plus précisément, elle se pose cette question ; Que doit être la nouvelle Internationale ? Et elle y répond.

La lutte de classe à l'intérieur des États bourgeois contre les classes dirigeantes, et la solidarité internationale des prolétaires de tous les pays sont les deux règles de conduite indispensables que la classe ouvrière doit appliquer dans sa lutte de libération historique. Il n'y a pas de socialisme en dehors de la solidarité internationale du prolétariat, le prolétariat socialiste ne peut renoncer à la lutte de classe et à la solidarité internationale, ni en temps de paix, ni en temps de guerre : cela équivaudrait à un suicide.
Le centre de gravité de l'organisation de classe du prolétariat réside dans l'Internationale. L'Internationale décide en temps de paix de la tactique des sections nationales au sujet du militarisme, de la politique coloniale, de la politique commerciale, des fêtes de mai, et de plus elle décide de la tactique à adopter en temps de guerre.

Nous sommes encore loin de l'organisation d'une telle Internationale. Mais, travaillant dans ce sens, nous accomplissons les dernières volontés de l'inoubliable martyre de notre cause.

I. MARCHLEVSKY (KARSKY).

Notes de la MIA

1 Le nom du parti fut d'abord Parti Social-Révolutionnaire International « Prolétariat » (Międzynarodowa Socjalno-Rewolucyjna Partia "Proletariat") entre 1882 et 1886, puis deux autres formations conservèrent l'appelation « Prolétariat » jusqu'en 1909.

2 Marcin Kasprzak (1860–1905).

3 Boris Kritchevski (1866-1919).

4 Stanisław Kunicki (1861-1886).

5 Bronisław Wesołowski (1870-1919).

 6Wacław Berent (1878-1940).

7 Bruno Schönlank (1859-1901).

8 Sic.

9 Yakov Ganetsky (1879-1937).

10 Allusion au débat sur les « expropriations » - attaques de banques à main armée menées par des groupes bolcheviks afin de financer l'organisation qui causèrent de vives dissensions.

11 Käte (1871-1953) et Hermann (1874-1960).

12 Paul Lange (1880-1951).

13 Mathilde Jacob (1873-1942 ?), secrétaire et amie de Rosa Luxemburg.

14 Fanny Ezerskaya.


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