1865

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Le Capital - Livre III

Le procès d'ensemble de la production capitaliste

K. Marx

§ 6 : La transformation d'une partie du profit en rente foncière


Chapître XLIII : La rente différentielle II. Troisième cas  : le coût de production augmente.

[L'accroissement du coût de production suppose que la productivité de la terre la plus mauvaise, de la terre qui ne donne pas de rente, diminue. Dans notre exemple, le coût par quarter peut dépasser 3 £ dès qu'avec l'avance de capital de 2 ½ £, la terre A ne produit plus un quarter, ou qu'avec l'avance de 5 £ sa production tombe au-dessous de 2 quarters, ou bien encore qu'il devient nécessaire de mettre en culture une terre de qualité, plus mauvaise que A. Il en serait encore ainsi, alors que pour la seconde avance de capital la productivité restait la même ou même augmentait, si la productivité de l'avance primitive de 2 ½ £ diminuait. Ce fait se présente assez fréquemment. On le constate par exemple, lorsqu'une terre labourée d'abord superficiellement et ayant perdu en productivité après un certain temps de cette culture rudimentaire, devient plus productive quand elle est soumise a un labou­rage plus profond et est travaillée d'une manière plus rationnelle. Dans ce cas, qui n'appartient pas à propre­ment parler à la question dont nous nous occupons en ce moment, la diminution de la productivité de la première avance de 2 ½ £ détermine, même pour les terres de qualité supérieure et en supposant que les conditions soient les mêmes pour toutes les catégories de terres, une baisse de la rente différentielle I. Pareil fait ne peut évi­demment se réaliser que si la rente différentielle Il existe ; celle-ci subit alors la répercussion de la modification de la rente différentielle I. Nous croyons intéressant d'en donner un exemple :

Tableau VII

 

Acres 

 Capital 

 Profit 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Taux de la rente  

 

 

 £ 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 % 

A1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 ½ + 1 ¼  = 1 ¾ 3 3/76000
B1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 + 2 ½  = 3 ½ 3 3/7121 ¾6120
C1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 + 3 ¾  = 5 ¼ 3 3/7183 ½12240
D1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 2 + 5 = 7 3 3/7245 ¼18360
Total 20  17 ½ 6010 ½36240

La rente est égale en argent à celle du tableau II. Il en est de même de la valeur en argent de la production, ce qui est dû à ce que le prix a varié en raison inverse de la quantité produite, laquelle est devenue plus grande par suite de l'accroissement de la productivité.

Nous avons supposé la productivité de la deuxième, avance de capital plus grande que l'avance primitive ; le résultat est le même lorsque la deuxième avance a la même productivité que celle que la première avait précédemment.

Tableau VIII

 

Acres 

 Capital 

 Profit 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Taux de la rente  

 

 

 £ 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 % 

A1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 ½ + 1 ¼  = 1 ¾ 46000
B1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 + 2 = 3 4121 ½6120
C1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 + 3 ¾  = 5 ¼ 418312240
D1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 2 + 5 = 7 4244 ½18360
Total 20  15 60936240

Ici également l'augmentation du coût de production compense la diminution de la productivité au point de vue de la valeur en argent tant de la rente que de la production.

Examinons maintenant, dans toute sa pureté, le troisième cas qui fait l'objet de ce chapitre. Supposons donc que la productivité diminue pour la seconde avance de capital, alors qu'elle reste constante pour la première. La rente différentielle I restera intacte et seule la rente différentielle Il sera affectée. Prenons deux exemples, l'un dans lequel la productivité de la deuxième avance n'est plus que la moitié de celle de l'avance primitive, l'autre où elle n'en est plus que le quart.

Tableau IX

 

Acres 

 Capital 

 Profit 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Taux de la rente  

 

 

 £ 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 % 

A1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 + ½ = 1 ½ 46000
B1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 2 + 1 = 3 4121 ½6120
C1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 3 + 1 ½  = 4 ½ 418312240
D1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 4 + 2 = 6 4244 ½18360
Total 20  15 60936240

Le tableau IX ne diffère du tableau VIII qu'en ce que la diminution de la productivité accompagne la première avance de capital dans VIII et la deuxième dans IX.

Tableau X

 

Acres 

 Capital 

 Profit 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Taux de la rente  

 

 

 £ 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 % 

A1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 + ¼  = 1 ¼ 4 4/56000
B1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 2 + ½ = 2 ½ 4 4/5121 ¼6120
C1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 3 + ¾  = 3 ¾ 4 4/5182 ½12240
D1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 4 + 1 = 5 4 4/5243 ¾18360
Total 20  12 ½ 607 ½36240

Dans ce tableau, la production et les rentes en argent et en blé sont les mêmes que dans les tableaux II, VII et VIII, ce qui s'explique lorsque l'on considère que la production et le prix de vente ont varié proportionnellement en sens inverse et que l'avance de capital est restée la même dans tous les cas.

Supposons maintenant qu'une terre a moins productive que A puisse être mise en culture, ce qui revient à dire que la terre A donnera une rente. Les tableaux VII, VIII et X se transformeront comme suit :

Tableau VII a

 

Acres 

 Capital 

 Profit 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 

 £ 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 £ 

a1 5 16 1 ½ 46000
A1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 ½ + 1 ¼  = 1 ¾ 47¼11
B1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 + 2 ½ = 3 ½ 414281 + 7
C1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 ½ + 3 ¾  = 5 ¼ 4213 ¾151 + 2 * 7
D1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 2 + 5 = 7 4285 ½221 + 3 * 7
Total 20  19 761146240

Tableau VIII a

 

Acres 

 Capital 

 Profit 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 

 £ 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

 £ 

a1 5 16 1 ¼ 4 4/56000
A1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 ½ + 1 = 1 ½ 4 4/57 1/5¼1 1/51 1/5
B1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 + 2 = 3 4 4/514 2/51 ¾8 2/51 1/5 + 7 1/5
C1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 1 ½ + 3  = 4 ½ 4 4/521 3/53 ¼15 3/51 1/5 + 2 * 7 1/5
D1 2 ½ + 2 ½ = 5 16 2 + 4 = 6 4 4/528 4/54 ¾22 4/51 1/5 + 3 * 7 1/5
Total 20  16 ¼ 781048 

La mise en culture de la terre a donne lieu à une nouvelle rente différentielle I et entraîne une modification de la rente différentielle Il. La fertilité de A varie d'un tableau à l'autre et la série des productivités proportionnellement croissantes ne commence qu'avec A. Il en résulte que la rente de cette dernière est constante et que pour mettre nettement en évidence les différences entre les rentes des terres plus productives que A, il faut retrancher des valeurs absolues de ces rentes la valeur constante de celle de A ; cette opération fera ressortir en même temps comment le développement des rentes est parallèle au développement de la fertilité des terres qui les engendrent. En effet, dans les trois tableaux, les fertilités des quatre catégories de terres, depuis A jusqu'à D, sont dans les rapports de 1 : 2: 3 : 4 ; de même les rapports des rentes sont :

Sous une forme abstraite, on peut dire que si la rente de la terre A est égale à n, et que si m représente l'accroissement de la rente pour une terre de fertilité immédiatement supérieure, la série des rentes sera : n :n + m : n + 2m : n +3 m, etc. - F: E.]


[Le cas qui vient d'être discuté n'était pas développé dans le manuscrit ; il y était indiqué seulement par le titre. Je l'ai exposé de mon mieux et il me reste encore comme tâche de tirer les conclusions générales de toute l'étude de la rente différentielle Il avec ses trois cas principaux et ses neuf cas secondaires. Malheureusement les exemples choisis par Marx ne peuvent guère servir pour ce travail. D'abord, parce qu'ils mettent en parallèle des terres dont les productions, sur des étendues égales, sont dans les rapports de 1 : 2 : 3 : 4 et présentent, par conséquent, des différences exagérées, qui dans la suite des calculs conduisent à des nombres par trop énormes. Ensuite, parce que ces exemples donnent aux choses une apparence absolument trompeuse. Ils admettent que les fertilités sont dans les rapports 1 : 2 : 3 : 4... pendant que les rentes sont comme 0 : 1 : 2 : 3 :.. Or, le choix de ces chiffres a pour effet que l'on est tenté de déduire les seconds des premiers et d'admettre qu'à une production double, triple, quadruple, etc., doit correspondre une rente double, triple, quadruple, etc., alors que les rentes peuvent parfaitement être dans les rapports 0 : 1 : 2: 3 : 4 pendant que les fertilités sont comme n :n + 1 : n + 2 : n + 3 : n + 4. Les rentes sont entre elles, non comme les degrés de fertilité, mais comme les différences de fertilité, en attribuant une fertilité égale à zéro à la terre qui ne donne pas de rente.

J'ai reproduit les tableaux du manuscrit parce que cette reproduction est nécessaire pour l'intelligence du texte. Afin de donner une base objective aux conclusions que je vais développer, je commencerai par établir une nouvelle série de tableaux, dans laquelle la production sera exprimée en shillings et en bushels (1 bushel = ⅛ de quarter = 36,35 litres).

Le tableau XI correspond au tableau I. Il exprime la pro­duction et la rente pour cinq catégories de terres, après une­ première avance de capital de 50 sh. et avec un profit de 10 sh. soit 60 sh. de frais de production par acre. Les produc­tions en blé ne sont guère considérables et se montent à 10, 12, 14, 16, 18 bushels par acre ; le coût de production régulateur est de 6 sh. par bushel.

Les treize tableaux qui suivent correspondent aux trois cas de la rente différentielle Il auxquels sont consacrés ce chapitre et les deux précédents ; nous supposons que l'avance additionnelle soit de 50 sh. par acre sur chaque terre et nous envisageons les trois hypothèses du coût de production stationnaire, croissant et décroissant, en admettant successivement que la productivité de l'avance additionnelle soit égale, plus petite et plus grande que celle de l'avance primitive. Nous arrivons ainsi à discuter les exemples suivants :

Premier cas : Le coût de production reste constant

I° Hypothèse.-  La productivité de l'avance additionnelle est la même que celle de l'avance primitive (Tableau XII).

2° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est plus petite que celle de l'avance primitive, ce qui implique qu'il n'est pas fait d'avance additionnelle pour la terre A. Deux cas sont possibles :

3° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est plus grande que celle de l'avance primitive (Tableau XV). Ici encore il ne peut être question d'une avance additionnelle pour la terre A.

Deuxième cas : Le coût de production décroît

I° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est la même que celle de l'avance primitive (Tableau XVI).

2° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est plus petite (Tableau XVII). Cette hypothèse comme la précédente implique que la terre A est éliminée, que la terre B ne donne plus de rente et que c'est son coût de production qui devient le prix régulateur.

3° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est plus grande (Tableau XVIII). C'est le coût de production de la terre A qui est le prix régulateur.

Troisième cas : Le coût de production augmente

Deux éventualités sont possibles : 1) la terre A continue à ne pas donner de rente et son coût de production reste le prix régulateur ; 2) la mise en culture d'une terre plus mauvaise que A devient possible : la terre A donne une rente et le coût de production de la terre la plus mauvaise devient le prix régulateur.

I° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est la même que celle de l'avance primitive (Tableau XIX), ce qui, avec nos prémisses, n'est possible que lorsque la productivité de l'avance primitive diminue.

2° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est plus petite (Tableau XX). Cette hypothèse est conciliable avec l'invariabilité de la productivité de l'avance primitive.

3° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est plus grande (Tableau XXI). Cette fois encore, l'hypothèse implique la décroissance de la productivité de l'avance primitive.

I° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionùelle est la même que celle de l'avance primitive (Tableau XXII).

2° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est plus petite (Tableau XXIII).

3° Hypothèse. - La productivité de l'avance additionnelle est plus grande (Tableau XXIV). Cette hypothèse de même que les deux précédentes ne donne pas lieu à remarque.

Tableau XI

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

A 60 106 60 00
B 60 126 72 1212
C 60 146 84 2424
D 60 166 96 3636
E 60 186 108 4848
Total    12010 * 12

Les treize tableaux suivants admettent qu'une seconde avance de capital est faite pour chacune des terres A, B, C, D, E.

Tableau XII

La productivité de l'avance additionnelle est la même que celle de l'avance primitive.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

A 60 + 60 = 120 10 + 10 = 206 120 00
B 60 + 60 = 120 12 + 12 = 246 144 2424
C 60 + 60 = 120 14 + 14 = 286 168 482 * 24
D 60 + 60 = 120 16 + 16 = 326 192 723 * 24
E 60 + 60 = 120 18 + 18 = 366 216 964 * 24
Total    24010 * 24

Tableau XIII

La productivité de l'avance additionnelle est plus petite. Il n'est pas fait d'avance additionnelle pour la terre A et la terre B ne donne pas de rente.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

A 60 10 + 10 = 206 60 00
B 60 + 60 = 120 12 + 8 = 206 120 00
C 60 + 60 = 120 14 + 9 1/3 = 23 1/36 140 2020
D 60 + 60 = 120 16 + 10 2/3 = 26 2/36 160 402 * 20
E 60 + 60 = 120 18 + 12 = 306 180 603 * 20
Total    1206 * 20

Tableau XIV

La productivité de l'avance additionnelle est plus petite. Il n'est pas fait d'avance additionnelle pour la terre A et la terre B donne une rente.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

A 60 10 + 10 = 206 60 00
B 60 + 60 = 120 12 + 9 = 216 126 66
C 60 + 60 = 120 14 + 10 ½ = 24 ½6 147 276 + 21
D 60 + 60 = 120 16 + 12 = 286 168 486 + 2 * 21
E 60 + 60 = 120 18 + 13 ½ = 31 ½6 189 696 + 3 * 21
Total    1506 * 20

Tableau XV

La productivité de l'avance additionnelle est plus grande. Pas d'avance additionnelle pour la terre A.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

A 60 106 60 00
B 60 + 60 = 120 12 + 15 = 276 162 4242
C 60 + 60 = 120 14 + 17 ½ = 31 ½6 189 6942 + 27
D 60 + 60 = 120 16 + 20 = 366 216 9642 + 2 * 27
E 60 + 60 = 120 18 + 22 ½ = 40 ½6 243 12342 + 2 * 27
Total    3304 * 42 + 6 * 27

Tableau XVI

La productivité de l'avance additionnelle est la même que celle de l'avance primitive. La terre A est éliminée et la terre B ne donne plus de rente.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

B 60 + 60 = 120 12 + 12 = 245 120 00
C 60 + 60 = 120 14 + 14 = 285 140 2020
D 60 + 60 = 120 16 + 16 = 325 160 402 * 20
E 60 + 60 = 120 18 + 18 = 365 180 603 * 20
Total    1206 * 20

Tableau XVII

La productivité de l'avance additionnelle est plus petite. La terre A est éliminée et la terre B ne donne plus de rente.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

B 60 + 60 = 120 12 + 9 = 215 5/7 120 00
C 60 + 60 = 120 14 + 10 ½ = 24 ½5 5/7 140 2020
D 60 + 60 = 120 16 + 12 = 285 5/7 160 402 * 20
E 60 + 60 = 120 18 + 13 ½ = 31 ½5 5/7 180 603 * 20
Total    1206 * 20

Tableau XVIII

La productivité de l'avance additionnelle est plus grande. La terre A est maintenue en culture. La terre B donne une rente.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

A 60 + 60 = 120 10 + 15 = 254 4/5 120 00
B 60 + 60 = 120 12 + 18 = 304 4/5 144 2424
C 60 + 60 = 120 14 + 21 = 354 4/5 168 482 * 24
D 60 + 60 = 120 16 + 24 = 404 4/5 192 723 * 24
E 60 + 60 = 120 18 + 27 = 454 4/5 216 964 * 24
Total    24010 * 24

Tableau XIX

La productivité de l'avance additionnelle est égale à celle de l'avance primitive, mais la productivité de l'avance primitive diminue.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

A 60 + 60 = 120 7 ½ + 10 = 17 ½6 6/7 120 00
B 60 + 60 = 120 9 + 12 = 216 6/7 144 2424
C 60 + 60 = 120 10 ½ + 14 = 24 ½6 6/7 168 482 * 24
D 60 + 60 = 120 12 + 16 = 286 6/7 192 723 * 24
E 60 + 60 = 120 13 ½ + 18 = 31 ½6 6/7 216 964 * 24
Total    24010 * 24

Tableau XX.

La productivité de l'avance additionnelle est plus petite. La productivité de l'avance primitive reste la même.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

A 60 + 60 = 120 10 + 5 = 158 120 00
B 60 + 60 = 120 12 + 6 = 188 144 2424
C 60 + 60 = 120 14 + 7 = 218 168 482 * 24
D 60 + 60 = 120 16 + 8 = 248 192 723 * 24
E 60 + 60 = 120 18 + 9 = 278 216 964 * 24
Total    24010 * 24

Tableau XXI.

La productivité de l'avance additionnelle est plus grande. La productivité de l'avance primitive diminue.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

A 60 + 60 = 120 5 + 12 ½ = 17 ½6 6/7 120 00
B 60 + 60 = 120 15 + 6 = 216 6/7 144 2424
C 60 + 60 = 120 7 + 17 ½ = 24 ½6 6/7 168 482 * 24
D 60 + 60 = 120 8 + 20 = 306 6/7 192 723 * 24
E 60 + 60 = 120 9 + 22 ½ = 31 ½6 6/7 216 964 * 24
Total    24010 * 24

Tableau XXII.

La productivité de l'avance additionnelle est égale à celle de l'avance primitive.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

a 120 167 ½ 120 00
A 60 + 60 = 120 10 + 10 = 207 ½ 150 3030
B 60 + 60 = 120 12 + 12 = 247 ½ 180 602 * 30
C 60 + 60 = 120 14 + 14 = 287 ½ 210 903 * 30
D 60 + 60 = 120 16 + 16 = 327 ½ 240 1204 * 30
E 60 + 60 = 120 18 + 18 = 367 ½ 270 1505 * 30
Total    45015 * 30

Tableau XXIII

La productivité de l'avance additionnelle est plus petite.

 

 Frais de prod. 

 Produit 

 Prix de Vente 

 Rapport 

 Rente 

 Accroissement 

 

 sh. 

 bushels 

 

 sh. 

 

 £ 

a 120 158 120 00
A 60 + 60 = 120 5 + 12 ½ = 17 ½8 140 2020
B 60 + 60 = 120 6 + 15 = 218 168 4820 + 28
C 60 + 60 = 120 7 + 17 ½ = 24 ½8 196 7620 + 2 * 28
D 60 + 60 = 120 8 + 20 = 308 224 10420 + 3 * 28
E 60 + 60 = 120 18 + 13 ½ = 31 ½8 252 13220 + 24 * 8
Total    3805 * 20 + 10 * 28

Ces tableaux conduisent aux observations suivantes :

Lorsque la fertilité du sol qui ne donne pas de rente est égalée à zéro, la série des rentes se comporte comme la série des différences entre les fertilités, de sorte que ce ne sont pas les productions absolues mais les différences entre les productions qui déterminent les rentes. Que les diverses catégories de terres donnent 1,2,3,4,5, ou 11,12,13,14,15 bushels par acre, la série des rentes est 0,1,2,3,4 ,en blé ou en argent.

Les résultats les plus importants sont ceux relatifs au montant total des rentes lorsque des avances successives de capital sont faites pour chaque terre. Dans cinq cas sur treize (tableaux XII, XVIII, XIX, XX et XXI) la somme des rentes double, devient 10 x 21 sh. au lieu de 10 x 12 sh., lorsque l'avance de capital double ; dans quatre cas (tableaux XV, XXII, XXIII et XXIV) elle devient plus que deux fois plus grande et dans un cas (tableau XVI) elle augmente sans atteindre le double de ce qu'elle était après l'avance primitive. Enfin, dans trois cas seulement (tableaux XIII, XVI et XVII), l'avance additionnelle n'apporte aucune modification à la somme des rentes : celle-ci reste ce qu'elle était après l'avance primitive (tableau XI).

Par conséquent, dans la grande majorité des cas possibles, les avances additionnelles de capital ont pour effet, sur les terres à rente, de faire augmenter la rente aussi bien par acre que sur l’ensemble de ces terres. Les trois seuls cas sur les treize que nous avons examinés où la somme des rentes n'augmente pas, sont ceux où la terre la plus mauvaise est éliminée et où la terre immédiatement moins mauvaise, cesse de produire une rente. Même dans ces cas, les meilleures terres donnent des rentes plus élevées que celles qu'elles produisaient avant l'avance additionnelle, si bien que lorsque sur la terre C la rente tombe de 24 à 20, elle s'élève sur les terres D et E de 36 et 48 à 40 et 60 sh. La somme des rentes ne pourrait après l'avance additionnelle devenir plus petite que ce qu'elle était avant cette avance, que si les terres A et B étaient éliminées et si C devenait la terre qui ne produit pas de rente.

Plus le capital est appliqué à la culture de la terre, plus un pays est avancé en agriculture et en civilisation, plus augmente la somme des rentes produites par le sol, plus grand devient le tribut que la société paie sous forme de surprofits aux propriétaires fonciers, pour autant que les terres déjà mises en culture puissent continuer à être cultivées.

Cette loi explique la vitalité merveilleuse de la classe des grands propriétaires. Aucune classe de la société n'est plus gaspilleuse, aucune ne jette comme elle l'argent par portes et fenêtres pour un luxe de caste auquel seule elle prétend, aucune n’entasse d'un cœur aussi léger dettes sur dettes. Et cependant elle revient toujours à flot, grâce au capital que d'autres engagent dans le sol et qui lui rapporte des rentes de beaucoup supérieures aux profits qu'empochent les capitalistes. Mais cette loi montre aussi que la vitalité de la classe des grands propriétaires doit s'épuiser à la longue.

Lorsqu'en 1846 les droits sur les céréales furent abolis en Angleterre, les industriels se figurèrent que l'aristocratie des grands propriétaires fonciers allait être réduite à la misère. Cependant celle-ci devint plus riche que jamais. Comment put-il en être ainsi ? Très simplement. D’abord, on inscrivit dans les baux que les fermiers auraient à appliquer annuellement à la terre 12 £ au lieu de 8 ; ensuite les propriétaires, qui siégeaient en très grand nombre à la Chambre des communes, s'allouèrent une très forte subvention de l'État pour faire des travaux de drainage et d’améliorations permanentes sur leurs terres; enfin il n'y eut nullement abandon en masse des terres les plus mauvaises, tout au plus furent-elles utilisées provisoirement d'une autre manière. Il en résulta que les rentes augmentèrent en proportion de l'accroissement des avances de capital et que l'aristocratie terrienne se trouva mieux du nouveau régime que de l'ancien. Malheureusement rien n'a une durée éternelle. Les lignes transatlantiques et les voies ferrées établies aux Indes, dans le Nord et le Sud de l'Amérique permirent bientôt à des régions favorisées spécialement de faire la concurrence aux blés d'Europe. D'une part, arrivèrent les céréales des prairies nord-américaines, des steppes et des pampas de l'Argentine, récoltées sur des terres vierges, capables de produire pendant des années sans engrais et avec une culture rudimentaire; d’autre part, affluèrent les grains des communautés russes et indiennes, obligées de vendre atout prix une partie d'année en année plus grande de leurs récoltes, afin de pouvoir payer l'impôt à leurs gouvernements despotiques. Ayant à lutter contre cette double concurrence, les fermiers et les cultivateurs européens ne purent pas s'en tirer en payant l'ancienne rente. Une partie du sol de l'Europe fut définitivement écartée de la culture des céréales, les rentes baissèrent partout, la deuxième hypothèse de notre deuxième cas (la baisse des prix et la productivité plus petite des avances additionnelles) devint la règle et les lamentations des agrariens retentirent depuis le fond de l'Écosse jusqu'à l'extrémité de l'Italie, depuis le midi de la France jusqu'à l'est de la Prusse. Heureusement, il s'en faut de beaucoup que tout le pays des steppes soit déjà en culture ; il en reste largement assez pour ruiner toute la grande propriété foncière de l'Europe et la petite par dessus le marché. - F. E. ]

Voici les différentes parties que comporte l'étude de la rente :

  1. La rente différentielle :
    1. Notion de la rente différentielle (Citer à titre d'exemple l'eau employée comme force motrice et passer de là à l'analyse de la rente foncière proprement dite).
    2. La rente différentielle I, ayant sa source dans les différences de fertilité des terres.
    3. La rente différentielle II, résultant de ce que des avances successives de capital sont faites pour la même terre. Examiner la rente différentielle Il : a) lorsque le coût de production reste invariable ; b) lorsque le coût de production décroît ; c) lorsque le coût de production augmente. Etudier ensuite : d) la transformation du surprofit en rente.
    4. L'influence de la rente sur le taux du profit.
  2. La rente absolue.
  3. Le prix de la terre.
  4. Conclusions.

L'étude de la rente différentielle aboutit aux considérations générales que voici :

Primo. - Le surprofit peut être obtenu de différentes manières : d'abord sous forme de rente différentielle I, lorsque tout le capital agricole est avancé pour des terres de fertilités inégales ; ensuite sous forme de rente différentielle II, lorsque des avances successives pour une même terre ont pour effet d'en augmenter la productivité. Quel que soit le procédé qui engendre le surprofit, la transformation de celui-ci en rente, c'est-à-dire sa transmission du fermier au propriétaire foncier, exige comme condition que dans chaque cas particulier les coûts de production correspondant aux différentes avances successives soient ramenés à un coût de production moyen ; la différence entre le coût de production général (le coût de production régulateur) et ce coût de production moyen pour un acre constitue et mesure la rente pour cet acre. Quand il s'agit de la rente différentielle I, ces différences se distinguent immédiatement, parce qu'elles résultent de la production. sur des terres différentes, mises en valeur par une avance déterminée de capital, considérée comme normale, et par un procédé normal de culture en rapport avec cette avance. Quand il s'agit de la rente différentielle II, ces différences doivent d'abord être dégagées en les ramenant à la rente différentielle I.

Prenons, par exemple, le tableau Ill de la page 275. La terre B produit 2 quarters après une première avance de 2 ½ £ et 3 ½ quarters lorsqu'on applique une avance additionnelle de 2 ½ £. Dans le produit de 3 ½ quarters il est impossible de distinguer ce qui provient de l'avance primitive de ce qui est dû à l'avance additionnelle. Tout ce que l'on voit, c'est qu'une avance de 2 ½ £ a donné 2 quarters et qu'une avance de 5 £ a produit 3 ½ quarters et non 4. Le coût de production est de 1 ½ £ par quarter pour les 2 quarters résultant de l'avance primitive et il est de 2 £ par quarter pour le 1 ½ quarter correspondant à l'avance additionnelle, soit des frais de production de 6 £ pour les 3 ½ quarters. Le coût de production moyen, pour la terre que nous considérons, est donc de 1 ¾ £ (chiffres ronds) par quarter ; d'où un surprofit de 1 ¼ £ par quarter, puisque le coût de production est de 3 £ sur la terre A qui détermine le coût de production général ; d'où un surprofit total de 4 ⅜ £ pour les 3 ½  quarters récoltés sur la terre B. Ce surprofit représente une partie aliquote du produit recueilli sur B (1 ½ quarter de surprofit pour une production de 3 ½ quarters). Le produit que la culture d’un acre de B donne en plus que la culture d'un acre de A ne constitue pas nécessairement un surprolit. D'après notre supposition B produit 3 ½ quarters par acre et A ne donne que 1 quarter, soit sur B 2 ½ quarters de plus que sur A et ½ quarter de surprofit dû à l'avance additionnelle. Mais pour obtenir ce résultat, on a avancé 5 £ sur la terre B, c'est-à-dire le double du capital appliqué à A. Or, une avance de 5 £ pour la terre A donnerait, si la productivité restait la même, une production de 2 quarters, c'est-à-dire une production plus petite de 1 ½ quarter seulement que celle de B. Si l'on faisait une troisième avance de 2 ½ £ pour la terre B et si cette avance n'augmentait la production que de 1 quarter, le coût de production de ce quarter serait de 3 £ comme celui du quarter récolté sur A ; pour ce dernier quarter le prix de vente ne ferait que couvrir les, frais de production et ne donnerait que le profit moyen sans surprofit, de sorte que toute possibilité de toucher une rente disparaîtrait. Il ne suffit donc pas de comparer superficiellement la production par acre d'une terre quelconque à la production d'un acre de la terre A, car les quantités de produits récoltés n'indiquent pas si l'avance de capital a été la même de part et d'autre, ni si la quantité produite en plus sur la terre comparée à A couvre ses frais de production.

Secundo. - De ce qu'il vient d'être dit, il résulte que lorsque les avances additionnelles successives ont une productivité de plus en plus petite, il y a une limite à partir de laquelle l'avance additionnelle cesse de donner un surprofit ; cette limite est atteinte lorsque le coût de production correspondant à, l'avance devient égal à celui de la terre A, c'est-à-dire de la terre la plus mauvaise. De même l'avance totale pour la terre B cesserait de produire une rente, dès que le coût de production moyen par acre de terre B s'élèverait au niveau du coût de production par acre de la terre A.

Lorsque sur la terre B on continue d'appliquer des avances additionnelles qui ne font que couvrir le coût de production et qui, par conséquent, ne fournissent pas de surprofit, il en résulte une augmentation du coût de production moyen ; mais le surprofit et éventuellement la rente due aux avances ayant précédé ces avances additionnelles, restent les mêmes. En effet, l'augmentation du coût de production. est compensée exactement par l'augmentation de la production, de sorte que la différence entre le prix total de ce qui est récolté sur B et le prix total de ce qui est obtenu sur A reste constante.

Dans notre exemple précédent les deux premières avances (de 2 £ chacune) faites pour la terre B produi­sent 3 ½ quarters, soit une rente de 1 ½ quarter ou de 4 ½ £. Si une troisième avance n'ajoute qu’un quarter à la production, les frais de production (y compris 20 % de profit) s'élèveront à 9 £ pour 4 ½ quarters, soit un coût de production moyen de 2 £. Le surprofit par quarter, qui était auparavant de 1 2/7 £, n'est donc plus que de 1 £ ; mais le surprofit total continue à être 1 x 4 ½ = 4 ½ £, ce qu'il était précédemment (1 2/7 x 3 ½ = 4 ½ £).

Si nous admettons que l'on fasse ensuite, une quatrième et une cinquième avance additionnelle de 2 ½ £, produisant chacune le quarter au coût de production général, la production totale s'élèvera à 6 ½ quarters par acre et les frais de production, à 15 £. Le coût de production moyen par acre atteindra maintenant 2 4/13 £ (au lieu de 1 £) et le surprofit ne sera plus que de 9 /13 £. Quant au surprofit total il sera égal à 9/13 x 6 ½ = 4 ½ £ = 1  2/7 x 3 ½.

Il résulte de là que dans ces circonstances l'augmentation du coût de production régulateur n'est pas une condition indispensable pour que des avances additionnelles de capital puissent être faites successivement sur les terres à rente, même jusqu'au moment où la dernière avance additionnelle ne donne plus que le profit moyen et cesse de fournir du surprofit. Notre exemple montre en outre que le surprofit total par acre reste constant, quelle que soit la diminution du surprofit par quarter après chaque avance additionnelle, et que le coût de production moyen sur la terre B ne peut s'élever au-dessus du coût de production régulateur (le coût sur la terre A) que pour autant que le coût de production des avances additionnelles soit plus fort que le coût de production régulateur. Cependant - on le verra plus loin - cette condition n'est pas suffisante pour faire monter le coût moyen de production de B au niveau du coût de production régulateur (sur A).

Supposons maintenant que la production sur un acre de la terre B se décompose comme suit :

  1. 3 ½ quarters avec des frais de production de 6 £, obtenus par deux avances de 2 ½ £ chacune, donnant chacune un surprofit, celui de la seconde avance plus petit que celui de la première ;
  2. 1 quarter avec des frais de production de 3 obtenus par une avance de capital telle qu'elle donne un coût de production égal au coût de production régulateur
  3. 1 quarter avec des frais de production de 4 £, obtenus par une avance de capital déterminant un coût de production s'élevant à 25 % au-dessus du prix régulateur.

L'avance totale de 10 £ aura donc produit 5 ½ quarters, avec des frais de production de 13 £, c'est-à-dire qu'une avance quadruple de la première avance de 2 ½ £ produira moins de trois fois ce qui a été produit par cette première avance.

Ces 5 ½ quarters au coût de production moyen de 2 4/11 £, et avec un coût de production régulateur de 3 £, donnent par quarter 7/11 £ de surprofit pouvant être converti en rente. Vendus au prix du marché, soit 3 £, ils produisent 16 ½ £, qui après déduction des 13 £ de frais de production, laissent une rente de 3 ½ £, soit une rente de 1 25/52 quarter (le coût de production moyen du quarter étant de 2 4/11 £). La rente est donc plus petite de 1 £ et d'environ ½ quarter que dans le cas précédent ; mais il y a une rente, malgré que la quatrième avance de capital non seulement n'ait pas donné de surprofit, mais ait rapporté moins que le profit moyen.

Supposons enfin que pour l'avance b le coût de production soit également plus élevé que le coût de production régulateur et que la production totale se compose de 3 ½ quarters à 6 £ et de 2 ½ quarters à 8 £, soit 5 ½ quarters à 14 £. Le coût de production moyen sera de 2 6/11 £ et laissera un excédent moyen de 5/11 £. Vendus à 3 £, les 5 ½ quarters produiront 16 ½ £, qui, après déduction des 14 £ de frais de production, laisseront une rente de 2 ½ £, soit de 55/56 quarter, le coût moyen de production étant de 2 6/11 £. Il y a donc toujours une rente.

Ces considérations établissent que sur les terres de bonne qualité la rente se maintient - du moins dans les limites compatibles avec la pratique - lorsque les coûts de production correspondant aux avances additionnelles sont plus élevés que le coût de production régulateur seulement la rente diminue en proportion de l'importance du capital non productif par rapport au capital total et en proportion de la diminution de productivité qui caractérise ce capital.

Supposons qu'après quatre avances successives de 2 ½, 2 ½, 5 et 5 £ de productivité décroissante, le coût de production moyen par acre de la terre B s'élève au niveau du coût de production régulateur.

 

 Capital 

 Profit 

 Rapport 

 Prix de production 

 Prix de vente 

 Rapport 

 Surplus pour rente 

 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 Quarters 

 £ 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 £ 

a 5 ½2 1 ½ 33613
b 2 ½ ½1 ½ 2 334 ½½1 ½
c 2 ½ 11 ½ 4 634 ½-1 ½
d 5 11 6 6331-3
Total 15  3  6  18  18  0  0 

Dans ce cas le fermier vendra chaque quarter à son coût de production réel, ce qui revient à les vendre tous au coût de production moyen, qui d'après notre hypothèse est égal au coût de production régulateur (3 £). Le capital avancé de 15 £ continuera à donner le profit moyen (20 %, soit 3 £), mais il ne produira pas de rente. Où sera donc passée la différence entre chaque coût de production et le coût de production régulateur ?

Pour les avances a et b de 2 ½  £ chacune, le surprofit a été de 3 + 1 ½ = 4 ½ £, soit 90 %. Pour les avances c et d, au contraire, non seulement il n'y a pas eu de surprofit, mais les produits ont dû être vendus à 1 ½ et 3 £ au-dessous des frais de production. Ces deux avances ont donné lieu à un déficit de 4 ½ £ qui a été compensé par le surprofit (4 ½ £) des avances a et b. Grâce à cette compensation, le fermier a pu réaliser le profit moyen, dont on peut donc dire qu'il a été obtenu aux dépens de la rente.

Pour que le coût de production moyen de la terre B puisse s'élever au niveau du coût de production régulateur, c'est-à-dire le coût de production de A, il faut que l'excédent du coût de production régulateur sur les coûts de production correspondant aux premières avances faites pour B, soit équilibré par l'excédent du coût de production correspondant aux dernières avances sur le coût de production régulateur. Ce qui apparaît comme un surprofit aussi Iongtemps qu'il n'est question que de la vente des produits des premières avances, passe petit à petit au coût de production moyen et au profit moyen, pour finir par être absorbé complètement par ce dernier.

Si l'avance de capital pour la, terre B n'avait été que de 5 £ au lieu de 15 et si les 2 ½  quarters fournis par les deux dernières avances (de 5 £ chacune) avaient été récol­tés sur la terre A dont l'étendue cultivée aurait été aug­mentée de 2 ½ acres, avec une avance de 2 ½ £ par acre, l'avance totale, pour produire 6 quarters, aurait été de 5 £ pour B (donnant 3 ½  quarters) et de 6 ¼ £ pour A (donnant 2 ½ quarters), soit en tout 11 ¼  £ an lieu de 15, et les frais de production, y compris le profit, se seraient élevés à 13 ½ £. Les produits auraient été vendus comme avant à 3 £ par quarter, soit à 18 £, et comme l'avance de capital aurait été moindre de 3 ¾ £, la rente par acre de la terre B aurait été de 4 ½ £. Il n'en serait plus ainsi si, au lieu d ‘étendre la culture sur la terre A, on avait recours à des terres plus mauvaises A' et A", fournissant l’une 1 ½ quarter moyen­nant des frais de production de 4 £ et l'autre 1 quarter à des frais de production de 6 £. Dans ce cas, c’est à 6 £ que s'éleverait le coût de production régulateur. Les 3 ½ quarters récoltés sur B seraient vendus pour 21 £ au lieu de 10 ½, et donneraient une rente de 15 £ au lieu de 4 ½ soit de 2 ½ quarters au lieu de 1 ½ quarter. De son côté la terre A, intervenant dans la production totale à concur­rence de 1 quarter, produirait une rente de 3 £, soit de ½ quarter.

Avant de discuter ces résultats, signalons encore que le prix moyen du quarter de la terre B devient égal au coût de production régulateur, dès que la partie du capital qui fournit le surproduit de 1 ½ quarter est équilibrée par la partie qui donne lieu à un déficit de 1 ½, quarter. La productivité des avances à surproduit étant donnée, cet équilibre est d'autant plus vite réalisé que la productivité des avances additionnelles donnant lieu à déficit est moindre relativement à celle du capital avancé pour la terre A, ou, ce qui revient au même, que leur coût de production est plus élevé que le coût de production régulateur.


Les conclusions suivantes peuvent être déduites de l'exemple que nous venons d'analyser :

Primo. - Aussi longtemps que les avances successives pour une même terre donnent un surproduit, la rente en blé ou en argent par acre croît en valeur absolue, bien que son taux diminue. Cet accroissement arrive à sa limite lorsque la deuxième avance additionnelle ne produit plus que le profit moyen, c'est-à-dire que le coût de production correspondant directement à cette avance est égal au coût de production régulateur. Dans ces conditions, le coût de production reste invariable, à moins que l'extension de la production n'élimine les terres les plus mauvaises. Même lorsque le coût de production baisse, les avances additionnelles peuvent donner jusqu'à un certain point un surprofit, mais celui-ci sera moindre.

Secundo. - L'application d'un capital additionnel ne produisant que le profit moyen, ne fournissant pas de surproduit, ne modifie ni le surprofit ni la rente. Cette application a pour effet de faire hausser le coût de production moyen des bonnes terres et de diminuer le surproduit par quarter ; mais l'augmentation du nombre de quarters produits rachète cette différence, de sorte que le total reste le même.

Tertio. - Des avances additionnelles auxquelles correspondent des coûts de production plus élevés que le coût de production régulateur et dont par conséquent la productivité est moindre que celle d'avances égales appliquées à la terre A qui règle le prix, relèvent le coût de production moyen du produit total des terres de bonne qualité et le rapprochent de plus en plus du prix régulateur. A mesure que ce rapprochement s'accentue, une fraction de plus en plus grande du surproduit, c'est-à-dire de ce qui constitue le surprofit et la rente, est nécessaire pour assurer le profit moyen, ce qui n'empêche que le capital total avancé par acre de terre B continue à donner du surprofit. Dans ce cas, à mesure que le capital augmente et que la production devient plus grande, la rente par acre diminue en valeur absolue et non pas uniquement par rapport à la grandeur croissante du capital avancé, comme dans le deuxième cas. Elle devient nulle dès que le coût de production moyen du produit total de la terre B devient égal au coût de production régulateur ; à ce moment tout le surprofit correspondant aux premières avances est absorbé par le profit moyen.

Par conséquent, la rente cesse d'être produite, non pas au moment où les avances additionnelles commencent à être moins productives sur la terre B qu'elles le seraient sur la terre A, mais lorsque le déficit inhérent à ces avances devient égal au surproduit donné par les avances antérieures, c'est-à-dire lorsque la productivité du capital total avancé pour la terre B devient égale à celle du capital avancé pour la terre A. Lorsque cette égalité se produit, le coût de production régulateur continue à être égal à 3 £. Il s'élèvera ensuite au-dessus de 3 £, si la productivité des avances additionnelles devient encore plus petite ou s'il faut appliquer plus de capital ayant le degré de productivité de l'avance qui a été faite lorsque la limite a été atteinte. Par exemple, si dans le tableau de la page 322 [1], on était amené à produire 2 ½ quarters au lieu de 1 ½ au coût de production de 4 £, les 7 quarters constituant la production totale donneraient lieu à 22 £ de frais de production. Dans ces conditions, le coût de production du quarter serait de 3 1/7 £ et dépasserait de 1/7 de £ le coût de production de la terre qui jusqu'alors avait déterminé le prix régulateur.

On peut donc pendant longtemps appliquer sur les terres de bonne qualité des avances additionnelles qui y sont moins productives qu'elles ne le seraient sur la terre la plus mauvaise, avant que le prix moyen du quarter sur ces terres ne devienne égal au coût de production régulateur.

Dans notre tableau de la page 322, qui concerne la terre B, c'est-à-dire la dernière des terres qui donnent une rente, 3 ½ quarters sont produits par un capital de 5 £ fournissant un surproduit, tandis que 2 ½ quarters sont produits par un capital de 10 £ dont la production donne lieu, au point de vue de la rente, à un déficit. Ce dernier capital fournit donc les 5/12 de la production totale, et c'est au moment que la culture de la terre B est faite dans ces conditions que le coût de production moyen des 6 quarters devient égal a 3 £ par quarter.

Cependant, sous le régime de l'appropriation individuelle de la terre, les derniers 2 ½  quarters, au coût de production de 3 £, ne seront pas produits sur la terre B mais sur la terre A, dont 2 ½ nouveaux acres seront mis en culture. La limite des avances de capital pour la terre B est atteinte dès que le coût de production de la dernière avance s'élève au niveau du coût de production général. En effet, le fermier qui s'est engagé à payer 4 ½ £ de rente et qui peut les payer sans que son profit en souffre tant que la terre produit dans les conditions correspondant aux deux premières avances, verrait son profit diminuer à chaque avance additionnelle donnant lieu à un coût de production plus élevé que 3 £.

Reprenons notre tableau de la page 322.

 

 Capital 

 Profit 

 Rapport 

 Prix de production 

 Prix de vente 

 Rapport 

 Différence pour 

 

 £ 

 £ 

 Quarters 

 Quarters 

 £ 

 £ 

 £ 

 Surprofit (£) 

 Perte (£) 

a 2 ½ ½2 1 ½ 3363 
b 2 ½ ½1 ½ 2 334 ½1 ½ 
c 5 11 ½ 4 634 ½ 1 ½
d 5 11 6 633 3
Total 15  3  6  18  18  4 ½  4 ½ 

Pour les 3 ½ quarters produits par les deux premières avances, notre fermier doit compter également 3 £ par quarter comme coût de production, car il doit payer une rente de 4 ½ £ et ne peut pas empocher la différence entre le coût de production général et le coût de production vrai de ces 3 ½ quarters. Cette différence, il ne peut donc pas l'utiliser pour compenser le déficit auquel donneraient lieu une troisième et une quatrième avance.

S'il faisait une troisième avance (de 5 £), celle-ci lui rapporterait 1 ½ quarter qui, lui coûterait 6 £ (y compris le profit). Or, le prix régulateur étant de 3 £, il ne pourrait vendre son produit qu'à 4 ½ £. Il perdrait, non seulement tout son profit, mais encore ½ £, soit 10 % du capital qu'il aurait avancé. Sa perte serait donc de 1 ½ £, et il subirait une nouvelle perte de 3 £ s'il faisait une quatrième avance. Si, cependant, la demande de céréales rendait nécessaire la troisième avance, il en résulterait un relèvement du coût de production régulateur qui monterait à 4 £ (le coût de production de la troisième avance). Les deux premières avances faites pour la terre B pourraient alors payer une rente plus élevée et la terre A produirait également une rente.

Par conséquent, lorsque la productivité des avances additionnelles va en décroissant et que le coût de production régulateur reste invariable, l'augmentation successive du capital appliqué à, une même terre doit être arrêtée plus vite qu'elle ne le serait si la rente, le droit du propriétaire au surprofit, n'existait pas. Il en résulte que le coût de production régulateur doit être relevé plus vite que si la rente n'était pas prélevée ; de sorte qu'on peut dire que si la hausse du coût de production régulateur est une cause d'augmentation de la rente, inversement l'existence de la rente provoque la hausse anticipée du coût de production régulateur.

Il est évident que la troisième avance de capital ne se serait pas faite sur la terre B, si l'application d'une seconde avance à la terre A avait permis de récolter sur cette dernière, à moins de 4 £ par quarter, la quantité réclamée par l'extension des besoins, ou si une terre plus mauvaise que A et produisant à plus de 3 £ et à moins de 4 £, avait pu être mise en culture. On voit donc que les rentes différentielles I et II, bien que la seconde ait la première pour base, réagissent continuellement l'une sur l'autre, de telle sorte que tantôt ce sont des avances de capital qui se succèdent sur une même terre et tantôt ce sont des avances qui se font l'une à côté de l'autre sur des terres nouvelles incorporées à la culture. Cette action de l'une des rentes sur l'autre se manifeste aussi dans d'autres circonstances, par exemple, lorsqu'une terre meilleure est mise en culture.


Notes

[1] Il s’agit du tableau précédent (MIA).


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