1938

Révolution et contre-révolution en Espagne, de Felix Morrow, reste la meilleure analyse marxiste de la révolution espagnole de 1936-1937 et de son issue tragique.
E. Mandel (1977)


Révolution et contre-révolution
en Espagne (1936-1938)

Felix  Morrow

 

ch.V – Les positions politiques de la classe ouvrière espagnole


Les socialistes de droite

Prieto, Negrin, Besteiro adhéraient fermement à la théorie selon laquelle l'Espagne avait devant elle une longue période de développement capitaliste.  Besteiro et d'autres s'étaient déshonorés en dénonçant le recours aux armes des ouvriers en 1934.  Mais Prieto, Negrin et leurs principaux associés s'étaient comportés au moins aussi bien que Caballero pendant la bataille des Asturies et la grève générale, sans pour autant changer de perspective politique.  Ils avaient entraîné le parti, en dépit de l'opposition de l'aile gauche, dans la coalition électorale de février 1936.  Les socialistes de gauche avaient toutefois empêché l'entrée de Prieto dans le cabinet.  Ce dernier avait clairement laissé entendre que, si l'aile gauche l'emportait et prenait le contrôle du parti, il était prêt à entrer dans la Gauche républicaine d'Azaña.  Il était allé jusqu'à dénoncer avec ce dernier l'épidémie de grève des mois qui précédèrent la guerre civile.  D'après ses conceptions politiques, l'aile droite des socialistes se composait à l'évidence de républicains petits-bourgeois qui, dans la lutte contre la monarchie, avaient estimé à juste titre qu'il n'était possible d'avoir une base de masse qu'avec une coloration socialiste.  Dans l'arène républicaine ouverte en 1931, ils s'étaient révélés frères de sang d'Azaña dès la première épreuve.

El Liberal, journal de Prieto (lui-même industriel basque à la tête d'une fortune considérable) était l'un des organes les plus influents au sein de la bourgeoisie.  Des décennies de collaboration de classe lui avaient fourni la confiance totale de la bourgeoisie basque.  Plus que tout autres Prieto faisait Office d'intermédiaire entre les capitalistes basques catholiques et bornés, les intellectuels cosmopolites et cyniques d'Azaña et les forces staliniennes.  Dur, impitoyable, capable, Prieto n'éprouvait aucune des craintes subjectives des dirigeants des partis sociaux-démocrates scandinaves et britanniques. Il reconnut la signification pleine et entière de la politique de Staline au début de la guerre civile et, par la suite, il accueillit les porte-parole staliniens comme des frères idéologiques.

Les staliniens

En 1926, le programme politique du stalinisme semblait rien moins qu'ultra-gauchiste, comme le dénonçaient Azaña, Prieto, Caballero ; ou encore fasciste et social-fasciste selon les anarchistes en 1931.  Mais la base politique restait la même.  Les staliniens ne voulaient pas plus d'une révolution prolétarienne en Espagne en 1936 qu'en 1931.

Walter Duranty, apologiste officieux du Kremlin, décrivait ainsi son attitude, en 1931 :

"Dans 1'éditorial qui ouvre la Pravda d'aujourd'hui, on trouve le premier commentaire soviétique sur les événements d'Espagne, mais l'organe du Parti communiste russe ne semble guère enthousiaste sur les perspectives de la lutte révolutionnaire qui suivra la chute d'Alphonse XIII, qu'il prévoit clairement.
" Le ton pessimiste inattendu de la Pravda s'explique peut-être par la crainte soviétique que les événements d'Espagne troublent la paix européenne pendant la période critique actuelle du plan quinquennal.  A juste titre ou non, on croit là-bas que la paix en Europe tient littéralement à un fil, que l'accumulation d'armements et de haines nationales est bien plus grande qu'avant la guerre et rend la situation aussi dangereuse qu'au printemps 1914, et que des feux d'artifice espagnols pourraient aisément provoquer une conflagration générale."

(New York Times, 17 mai 1931.)

"Assez paradoxalement, il apparaît que Moscou n'est guère enchanté de la situation – il faut plutôt dire en fait que si la révolution espagnole " tourne à gauche comme on s'y attend aujourd'hui, Moscou sera plus embarrassé que ravie [... ] Car, en premier lieu, l'Union soviétique a grand peur, et peut-être à tort, d'un danger de guerre, et " voit avec angoisse " tout événement qui pourrait renverser le statu quo européen, où que ce soit.  Deuxièmement, la politique du Kremlin aujourd'hui repose plus sur la construction du socialisme en Russie que sur la révolution mondiale."

(New York Times, 18 mai 1931.)

En 1931, le Kremlin avait atteint son but par une politique de non-collaboration avec les autres partis ouvriers.  Les communistes s'étaient coupés du mouvement de masse par les scissions syndicales, l'absence de front unique d'organisations, les attaques contre les autres meetings ouvriers, etc.  En 1931, le Kremlin avait pour seul but le maintien du statu quo en Europe.  Toutefois en 1936, lors du septième Congrès, le Komintern changea de perspective.  Le cours nouveau consistait à maintenir le statu quo aussi longtemps que possible, non seulement cette fois en empêchant les révolutions, mais en collaborant activement avec la bourgeoisie des " pays démocratiques ". Cette collaboration était destinée, au cas où la guerre éclaterait, à assurer à la Russie l'alliance de la France et de l'Angleterre.  Pour prix de l'alliance avec l'impérialisme anglo-français, la Russie offrait la subordination du prolétariat à la bourgeoisie.  Le " socialisme dans un seul pays " révélait sa véritable signification :" le socialisme nulle part ailleurs ".

Lénine et les bolcheviks avaient été assez réalistes pour permettre à l'Etat soviétique d'utiliser les conflits entre les divers pays capitalistes, jusqu'à jouer l'un contre l'autre dans le cours de la guerre.  Mais la doctrine selon laquelle, quelles que soient les alliances militaires soviétiques, le prolétariat de tous les pays avait le devoir de s'opposer à. sa.. propre bourgeoisie pendant la guerre, de la renverser et de la remplacer par un gouvernement révolutionnaire des travailleurs, seul allié réel possible de l'Union soviétique, était cependant bien pars fondamentale pour leur politique révolutionnaire.

Le septième Congrès du Komintern répudia ce principe de base du marxisme.  Le Parti communiste français proclamait d'ores et déjà qu'il était prêt à soutenir sa bourgeoisie dans la future guerre.  En dépit de cela, l'hostilité de l'Angleterre avait largement invalidé le pacte franco-soviétique.  Sous Blum lui-même, ce pacte n'avait pas encore conduit à des conférences entre les deux états-majors.  La guerre civile espagnole fournissait au Kremlin une occasion de prouver une fois pour toutes aux impérialismes français et anglais que non seulement il n'avait pas l'intention d'encourager la révolution, mais qu'il était prêt à prendre la direction de l'écrasement d'une révolution déjà commencée.

Apparemment, les correspondants staliniens étrangers à Barcelone ne se rendirent pas tous compte, dans les premiers jours de la guerre civile, que le Komintern s'était effectivement donné pour tâche de défaire cette révolution presque achevée.  Le 22 juillet, l'article principal du Daily Worker de Londres disait ceci : " En Espagne, socialistes et communistes ont combattu au coude à coude dans la lutte armée pour défendre les libertés démocratiques, afin de pouvoir aller vers une république soviétique espagnole. " Et le même jour, le correspondant de ce journal à Barcelone, Frank Pitcairn, câblait :

"La milice rouge écrase les fascistes.  Triomphe à Barcelone.  Les forces ouvrières unies ont déjà pris l'avantage. Les rues sont parcourues de voitures pleines d'ouvriers armés qui font respecter l'ordre et la discipline.  Les préparatifs pour l'organisation d'une milice ouvrière permanente avancent"

Toutefois, les staliniens espagnols se joignirent à Prieto et Azaña pour appeler les travailleurs à ne pas toucher à la propriété.  Les staliniens furent les premiers à soumettre leur presse à la censure.  Ils furent les premiers à demander la liquidation des milices ouvrières, à remettre leurs miliciens entre les mains des officiers d'Azaña.  La guerre civile ne durait pas depuis deux mois quand ils entamèrent une campagne criminelle contre le P.O.U.M. et la Jeunesse anarchiste, chose que le gouvernement n'osera pas faire avant près d'un an.  Les staliniens n'exigeaient pas seulement la subordination à la bourgeoisie pour le temps de la guerre civile, mais aussi pour après :

"Il est absolument faux, déclarait Jesus Hernandez, éditeur de Mundo Obrero, que le mouvement actuel des travailleurs ait pour but l'établissement d'une dictature du prolétariat lorsque la guerre sera finie.  On ne peut pas dire que nous participons à la guerre pour une raison sociale.  Nous, communistes, sommes les premiers à nier une telle supposition.  Nous sommes exclusivement motivés par le désir de défendre la république démocratique."

Au début d'août, l'Humanité, journal du Parti communiste français, publia la déclaration suivante :

"Le Comité central du Parti communiste espagnol nous demande d'informer l'opinion publique, en réponse aux nouvelles fantastiques et tendancieuses publiées par certains journaux, de ce que le peuple espagnol ne lutte pas pour l'établissement de la dictature du prolétariat, mais n'a qu'un seul but : la défense de l'ordre républicain, dans le respect de la propriété."

Au fil des mois, les staliniens adoptèrent une position plus ferme encore à l'égard de tout ce que l'on veut sauf le système capitaliste.  José Diaz, " dirigeant bien-aimé " du parti espagnol, déclare le 5 mars 1937, lors d'une session plénière du Comité central :

"Si, au début, les diverses tentatives prématurées de "socialisation" et de "collectivisation ",  résultats d'une mauvaise compréhension du caractère de la lutte actuelle, pouvaient se justifier par le fait que les gros propriétaires fonciers et capitalistes avaient déserté leurs terres et leurs usines, alors qu'il fallait à tout prix que la production continue, aujourd'hui au contraire elles ne se justifient plus du tout.  A l'heure actuelle, alors qu'il existe un gouvernement de Front populaire dans lequel toutes les forces engagées dans la lutte contre le fascisme sont représentées, de telles choses ne sont pas seulement inopportunes, mais absolument intolérables."

(Communist International, mai 1937.)

Reconnaissant que le danger d'une révolution prolétarienne venait en premier lieu de Catalogne, les staliniens concentrèrent d'énormes forces à Barcelone.  Ne disposant là d'aucune organisation propre, pour ainsi dire, ils recrutèrent à leur service les dirigeants travaillistes conservateurs et les politiciens petits-bourgeois, en fusionnant le Parti communiste de Catalogne avec la section catalane du Parti socialiste, l'Union socialiste (organisation nationaliste limitée à la Catalogne), et Catala Prolétari, une scission de l'Esquerra bourgeoise.  Le produit de cette fusion, le Parti socialiste unifié de Catalogne (P.S.U.C.), s'affilia au Komintern.  Il avait à peine mille membres au début de la guerre civile, mais il possédait des fonds illimités et l'aide des hordes de fonctionnaires du Komintern.  Il absorba la section catalane moribonde de l'U.G.T., et quand la Generalidad décréta la syndicalisation forcée de tous les employés. il recruta les ouvriers et employés les plus arriérés qui préféraient cette institution respectable à la radicale C.N.T. Mais la base de masse des staliniens en Catalogne était une fédération de commerçants, petits hommes d'affaires et industriels, les Federaciones de Gremios y Entiadades de Pequeños Comerciantes y Industriales (G.E.P.C.I.), qui fut déclarée syndicat et affiliée à I'U.G.T. catalane en juillet.  La dite section catalane opérait tout à fait indépendamment de l'exécutif national de l'U.G.T. contrôlé par Caballero.  Désormais, défenseur principal et le plus ardent de la bourgeoisie, le P.S.U.C. recruta massivement dans l'Esquerra catalane.

Dans le reste de l'Espagne, les staliniens suivirent une voie semblable.  Dès le début, le syndicat agricole de la C.N.T. et la Fédération des paysans et salariés agricoles de l'U.G.T. qui soutenaient la collectivisation des terres – accusèrent les staliniens d'organiser des " syndicats " autonomes de paysans plus riches, opposés à la collectivisation.  Le parti stalinien s'accrut plus vite que toute autre organisation, car ses portes étaient grandes ouvertes.  Des éléments bourgeois douteux accourraient en foule se mettre sous sa protection.  Dès le 19 et le 20 août 1936, le journal de Caballero, Claridad, accusa l'Alliance des écrivains antifascistes, stalinienne, de cacher des réactionnaires [1].

Lorsque les premiers avions et canons soviétiques finirent par arriver, dans la troisième semaine d'octobre, après trois mois de boycott, le Parti communiste, jusqu'ici sur la défensive, incapable de contrer l'âpre critique du P.O.U.M. sur le refus de Staline d'envoyer des armes, reçut une terrible impulsion.  Dès lors, ses propositions furent inextricablement liées à la menace que Staline n'envoie plus d'avions ni d'armes.  L'ambassadeur Rosenberg à Madrid et à Valence, le consul général Antonov Ovséenko à Barcelone firent des discours politiques qui indiquaient pleinement leurs préférences.  Lorsque, Ovséenko, pendant la célébration à Barcelone, en novembre, de l'anniversaire de la révolution russe (une parade à laquelle participaient, tous les partis bourgeois !) termina son discours par : " Longue vie au peuple catalan et à son héros, le président Companys ", les travailleurs n'eurent plus de doute au sujet de la classe que le Kremlin soutenait [2].

Nous n'avons fait qu'esquisser la politique stalinienne, juste assez pour la situer dans ce tableau d'ensemble.  Nous la verrons devenir plus ouvertement, plus brutalement, contre-révolutionnaire l'année suivante.

Caballero : les socialistes de gauche et l'U.G.T.

Largo Caballero appartenait à la même génération que Prieto.  Tous deux avaient atteint l'âge mûr sous la monarchie et pris les sociaux-démocrates allemands de droite pour modèles.  A la tête de l'U.G.T., Caballero avait accepté sans mot dire l'interdiction de la C.N.T. anarchiste par Primo de Rivera.  Pis, il l'avait cautionnée en acceptant du dictateur un poste de conseiller d'Etat.  En 1931-1933, il avait rejoint le cabinet de coalition en tant que ministre du Travail, et avait .parrainé une loi qui faisait suite aux conseils d'arbitrages mixtes de Rivera pour arrêter les grèves. " Nous introduisons l'arbitrage forcé.  Les organisations ouvrières qui ne s'y soumettront pas seront déclarées hors la loi ", affirma-t-il le 23 juillet 1931.  Sous son ministère, il était illégal de faire grève pour motifs politiques, ou sans un préavis écrit de dix jours à l'employeur.  Aucune réunion syndicale ou autre meeting ouvrier ne pouvait se tenir sans la présence d'un témoin de la police.  Aux côtés de Prieto, Caballero avait soutenu la répression des paysans affamés, les milliers d'arrestations politiques.

Après l'effondrement de la coalition de 1931-1933, une forte aile gauche se développa, tout d'abord au sein de la Jeunesse socialiste qui demandait une nouvelle orientation du parti.  En 1934, de manière inattendue, Caballero s'y déclara favorable.  Après avoir été chassé du gouvernement, il avait lu Marx et Lénine pour la première fois, dirent ses amis.  Toutefois, le groupe de Caballero ne prépara pas sérieusement l'insurrection d'octobre 1934.  A Madrid, son fief principal, l'insurrection ne dépassa pas le stade de la grève générale.  En procès pour incitation à l'insurrection – il fut acquitté – Caballero nia l'accusation.

S'étant prononcé formellement contre les coalitions et en faveur de la révolution prolétarienne, Caballero approuva néanmoins la coalition électorale de février 1936 et soutint le cabinet d'Azaña aux Cortes sur tous les problèmes fondamentaux.  En fait, sa position consistait non pas en la répétition du rôle de ministre du Travail qu'il avait tenu dans la coalition de 1931-1933, mais à soutenir Azaña de l'extérieur, restant libre, par là même, de le critiquer.  Ceci ne ressemblait guère à l'inconciliabilité révolutionnaire.  C'était simplement une forme de loyalisme critique, sans danger pour le régime bourgeois.  Pendant la vague de grèves de février-juillet 1936, Caballero s'attira de vives critiques tant de la part de C.N.T. que de ses partisans, pour avoir désapprouvé celle-ci.  Avocat ardent de la fusion des partis communiste et socialiste, il fut le principal artisan de celle des jeunesses socialiste et stalinienne.  Toutefois, il avait regagné sa position dans l'aile gauche du parti en dirigeant le combat pour empêcher Prieto d'accepter le poste de premier ministre.  Dans la lutte qui s'en suivit, l'exécutif de Prieto mit hors la loi Claridad, le journal de Caballero, réorganisa les districts qui lui étaient acquis, et repoussa indéfiniment le congrès du parti.  Une scission en serait issue, mais la guerre civile survint, et les forces de Caballero concédèrent à Prieto la direction nationale catalane du parti, afin, de donner à celui-ci une apparence d'harmonie.

Au plus fort du combat des travailleurs, pendant les premières semaines de la guerre civile, Caballero s'était violemment heurté au bloc Azaña-Prieto-staliniens.  Aussi longtemps que la discipline dans les casernes, la gestion de l'approvisionnement, du logement, des feuilles de paie étaient assurées par les organisations ouvrières, aussi longtemps que les milices organisaient librement des discussions sur les problèmes politiques, la caste militaire bourgeoise n'avait aucun espoir de s'assurer une suprématie réelle.  De ce fait, à titre de ballon d'essai, le gouvernement appela 10 000 soldats de réserve à s'enrôler dans une force spéciale sous son contrôle direct.  Les staliniens soutinrent cette proposition. " Quelques camarades ont voulu voir dans la création de la nouvelle armée de volontaires une sorte de menace contre les milices ", déclarait le Mundo Obrero du 21 août, Les staliniens en niaient la possibilité même, et concluaient.: " Notre mot d'ordre, aujourd'hui comme hier, est le même sur ce problème Tout pour le Front populaire, et tout par le Front populaire

Cette position totalement réactionnaire fut dénoncée vivement par le journal de l'U.G.T., Claridad :

"Penser qu'un autre type d'armée doit être substitué à ceux qui combattent véritablement, et contrôlent d'une certaine manière leur propre action révolutionnaire, c'est penser en termes contre-révolutionnaires.  C'est ce que disait Lénine (I'Etat et la révolution) . " Toute révolution, après la destruction de l'appareil d'Etat, nous montre comment la classe dominante essaie de restaurer des corps spéciaux d'hommes armés à son service, et comment la classe opprimés tente de créer une nouvelle organisation, d'un type susceptible de servir non les exploiteurs, mais les exploités."
" Nous [... ] devons veiller à ce que les masses et la direction des forces armées qui doivent être avant tout le peuple en armes ne nous échappent pas."

(Claridad, 20 août 1936.)

Néanmoins, Caballero et les autres dirigeants socialistes de gauche se rapprochèrent Azaña, de Prieto et des staliniens pendant ces premières semaines critiques.  Le double pouvoir s'avérait pesant et inadéquat pour organiser la lutte contre les forces fascistes.  Une seule alternative se présentait inexorablement à eux : rejoindre le gouvernement de coalition, ou remplacer le pouvoir bourgeois dans sa totalité par un régime ouvrier.

C'est ici que les erreurs programmatiques révélèrent leurs terribles conséquences pratiques.  En avril 1936, le groupe dirigeant des socialistes de gauche, l'organisation de Madrid, avait adopté un nouveau programme et se déclarait favorable à la dictature du prolétariat.  Quelle forme organisationnelle prendrait-elle ? Luis Araquistain, le théoricien de Caballero, prétendait que l'Espagne n'avait pas besoin de soviets.  Le programme d'avril avait par conséquent intégré la thèse selon laquelle " l'organe de la dictature du prolétariat serait le Parti socialiste ". Mais le report du congrès par Prieto avait empêché les socialistes de gauche d'assumer le contrôle formel du parti, et ceux-ci avaient renoncé à poursuivre la lutte sur ce point quand la guerre civile éclata.  En outre, selon leur programme, il fallait attendre que le parti regroupe la majorité des ouvriers.

Ce programme rendait impossible l'unité d'action au sein de conseils ouvriers (soviets) dans lesquels socialistes, communistes, anarchistes, poumistes, etc., seraient rassemblés avec les couches les plus profondes des masses.  Pour les socialistes de gauche, cette conception dénaturée des leçons de la révolution russe était l'erreur fatale à ne pas commettre, et tout spécialement en Espagne, pays de tradition anarchiste.  Ils reprenaient à leur compte précisément la conception de la dictature du prolétariat que les dirigeants anarchistes attribuaient aux communistes et aux socialistes révolutionnaires.

Le chemin vers la dictature du prolétariat s'ouvrait clairement devant la classe ouvrière.  Ce qu'il fallait faire, c'était donner aux comités d'usines, aux comités des milices, aux comités paysans un caractère démocratique, en les faisant élire, par tous les travailleurs, dans chaque unité.  C'était rassembler ces délégués élus en comités de villages, de villes, de régions, qui à leur tour enverraient des délégués élus au congrès national.  A vrai dire, la forme soviétique ne résoudrait pas le problème dans son intégralité.  Une majorité réformiste dans le comité exécutif refuserait d'assumer le pouvoir d'Etat.  Mais les ouvriers pourraient toujours trouver dans les soviets leurs organes naturels de lutte, jusqu'à ce que les éléments authentiquement révolutionnaires des différents partis se soient rassemblés pour gagner une majorité révolutionnaire au congrès, et instaurer un Etat ouvrier.

La voie s'ouvrait clairement devant le prolétariat, mais, – et ce n'était pas par accident – le programme qui l'indiquerait ne viendrait pas des socialistes de gauche.  Caballero pouvait critiquer, grommeler, tergiverser, mais il n'offrirait pas d'alternative à la coalition avec la bourgeoisie.  Il finirait par se mettre à sa tête.

C.N.T-F.A.I : la Confédération nationale
du travail et la Fédération anarchiste ibérique

Les disciples de Baronnie avaient en Espagne des racines plus anciennes que les marxistes.  La direction de la C.N.T. était anarchiste par tradition.  Le flot de la révolution d'Octobre avait un court moment submergé la C.N.T. Elle avait envoyé un délégué au congrès du Komintern en 1921, les anarchistes avaient eu alors recours à un travail de fraction organisé et en avaient repris la direction.  Dès lors, tout en continuant à gratifier les partis politiques de leurs épithètes coutumières, les anarchistes espagnols gardèrent le contrôle de la C.N.T. par le biais de l'appareil du parti hautement centralisé qu'était la F.A.I.

Persécutée férocement par Alphonse XIII et Primo de Rivera – au point qu'elle dut, à un moment donné, se dissoudre véritablement – la C.N.T. détenait depuis 1931 une majorité incontestée dans les centres industriels de Catalogne, et dirigeait ailleurs des mouvements importants.  Après le début de la guerre civile, elle était sans aucun doute plus forte que l'U.G.T (dont certaines des sections les plus importantes se trouvaient en territoire fasciste).

Dans l'histoire de la classe ouvrière, l'anarchisme n'avait pas encore été confronté à une épreuve de grande échelle.  Maintenant qu'il dirigeait de larges masses, il allait devoir accomplir une tâche significative.

En bonne logique, l'anarchisme avait refusé de distinguer l'Etat bourgeois de l'Etat ouvrier.  Même du temps de Lénine et Trotsky, il dénonça l'Union soviétique comme un régime d'exploiteurs.  C'est précisément cette incapacité à distinguer l'Etat bourgeois de l'Etat ouvrier qui avait déjà conduit la C.N.T., lors de la lune de miel de la révolution de 1931, à des erreurs opportunistes du même type que celles que commettent toujours les réformistes – qui à leur manière ne font pas, eux non plus, de distinction entre Etat bourgeois et Etat ouvrier.  Intoxiquée par les " vapeurs de la révolution ", la C.N.T. avait salué avec bienveillance la république bourgeoise : " Sous un régime de liberté, une révolution sans effusion de sang est beaucoup plus concevable et facile que sous la monarchie. " (Solidaridad obrera, 25 avril 1931.) En octobre 1934, elle fit volte face vers l'autre extrême, également erroné, en refusant de se joindre aux républicains et aux socialistes dans la lutte armée contre Gil Robles (à l'exception de l'organisation régionale – et c'est tout à son honneur – des Asturies).

Aujourd'hui, dans les vapeurs beaucoup plus puissantes de la " révolution du 19 juillet ", qui avait provisoirement brouillé les frontières séparant la bourgeoisie du prolétariat, 1e refus traditionnel des anarchistes de distinguer l'Etat ouvrier de l'Etat bourgeois les conduisit lentement, mais sûrement, vers les ministères d'un Etat bourgeois.

Apparemment, les enseignements erronés de l'anarchisme sur la nature de l'Etat auraient dû les conduire logiquement à refuser toute espèce de participation au gouvernement., Toutefois, dirigeant déjà l'industrie catalane et les milices, les anarchistes se trouvaient dans la position intenable de devoir faire des objections à la coordination administrative et à la centralisation indispensable du travail qu'ils avaient commencé.  Ils durent abandonner leur anti-étatisme " en soi ". Mais leur incapacité à distinguer l'Etat ouvrier de l'Etat bourgeois demeurait, ce qui était suffisant pour les conduire au désastre final.

En effet, la collaboration de classe se dissimule au cœur de la philosophie anarchiste.  Pendant les périodes de reflux, la haine anarchiste de l'oppression capitaliste la cache.  Mais dans une période révolutionnaire de double pouvoir, elle doit remonter en surface.  Car alors le capitalisme offre en souriant de participer à la construction du monde nouveau.  Et les anarchistes, opposés à "toutes les dictatures", y compris celle du prolétariat, se contenteront de demander au capitaliste de se défaire de son apparence de capitaliste – à quoi il consentira naturellement, pour mieux préparer l'écrasement des travailleurs.

Il existe un second principe fondamental de l'anarchisme qui va dans le même sens.  Depuis Baronnie, les anarchistes ont accusé les marxistes de surestimer l'importance du pouvoir d'Etat, en quoi ils ont vu le reflet du souci d'intellectuels petit-bourgeois d'occuper des postes administratifs lucratifs.  L'anarchisme appelle les travailleurs à tourner l'Etat, et à rechercher dans le contrôle des usines la source réelle du pouvoir.  Les ultimes sources du pouvoir (les relations de propriété) étant assurées, le pouvoir d'Etat s'effondrera pour n'être jamais remplacé.  Ainsi, les anarchistes espagnols ne comprirent pas que c'était simplement l'écroulement du pouvoir d'Etat et la défection de l'armée ralliée à Franco qui leur avait permis de prendre les usines, et que si l'on laissait à Companys et à ses alliés la possibilité de reconstruire l'Etat bourgeois, ils auraient tôt fait de les reprendre aux travailleurs.  Intoxiqués par leur contrôle des usines et des milices, les anarchistes crurent que le capitalisme avait déjà disparu en Catalogne.  Ils parlaient de " nouvelle économie sociale ", et Companys n'était que trop désireux de tenir le même langage dont, à leur différence, il n'était pas dupe.

Le P.O.U.M.

Une occasion rare était offerte à un parti révolutionnaire même petit.  Les soviets ne se construisent pas par un décret.  Ils ne peuvent être organisés qu'en période de double pouvoir, de bouleversement révolutionnaire.  Mais, au moment où ils sont nécessaires, un parti révolutionnaire peut favoriser leur création, en dépit de l'opposition des partis réformistes les plus puissants.  En Russie, les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires, surtout après juillet, cherchèrent sans succès, bien qu'ils y aient conservé la majorité, à mobiliser la force des soviets au profit du gouvernement, à contrecarrer leur fonctionnement ou leur multiplication.  En Allemagne, la direction social-démocrate, grâce à la leçon toute fraîche de la Russie, chercha à empêcher la création de conseils ouvriers et de soldats avec beaucoup plus de détermination.  En Espagne, l'hostilité ouverte des staliniens et de Prieto, l'opposition " théorique " de Caballero et des anarchistes n'auraient eu aucun impact, car les unités de base des soviets existaient déjà dans les comités d'usines, de milices ou de paysans, qui n'avaient besoin que de se démocratiser et de se coordonner par ville. Dans les villes industrielles contrôlées par le P.O.U.M., comme Lerida et Gerona, il aurait suffi d'un seul exemple d'élection de délégués dans chaque usine et chaque entreprise et qui se seraient joints à ceux des détachements ouvriers et des milices, pour créer un parlement ouvrier fonctionnant comme organe dirigeant de cette zone, pour électriser la Catalogne et lancer partout un processus identique.

Le P.O.U.M. était la seule organisation qui semblait apte à entreprendre la tâche de construire des soviets.  Ses dirigeants avaient été les fondateurs du mouvement communiste en Espagne.  Il avait toutefois des carences fondamentales : la majorité de ses membres venaient du Bloc ouvrier et paysan de Maurin, dont les cadres avaient collaboré avec Staline pendant la période 1924-1928 : en envoyant le Parti communiste chinois dans le " bloc des quatre classes " du Kuomintang bourgeois, en créant des partis de " deux classes " de " travailleurs et de fermiers " (nom fantaisiste pour un bloc avec la bourgeoisie libérale et les réformistes), ils avaient collaboré, pour tout dire, à l'intégralité du cours opportuniste désastreux de cette période.  Maurin et ses partisans n'avaient pas rompu avec le Komintern sur ces questions, mais sur d'autres problèmes – la question nationale catalane, etc. – lorsqu'en 1929 le Komintern avait opté pour les théories du double syndicalisme [3], et du social-fascisme, etc.  D'autre part la fusion des maurinistes avec l'ex-Gauche communiste (trotskyste), dirigée par Andres Nin et Juan Andrare (dont l'incapacité antérieure à se démarquer nettement de l'idéologie mauriste avait fourni le thème d'années de controverses avec l'opposition de Gauche internationale) n'était qu'un amalgame sans principes, dans lequel les éléments communistes de gauche avaient adopté un " programme commun " qui ne faisait que reprendre les vieilles conceptions de Maurin, dont Trotsky avait déjà déclaré en juin 1931 :

"Tout ce que j'ai écrit dans mon dernier travail, " la révolution espagnole en danger ", contre la politique officielle du Komintern dans la question espagnole s'applique entièrement à la Fédération catalane (Bloc ouvrier et paysan) [... ] elle représente le plus pur style  " Kuomintang " transféré sur le sol espagnol.  Les idées et les méthodes que 1"opposition de Gauche combattit implacablement lorsqu'il fut question de la politique chinoise du Kuomintang trouvent leur expression la plus désastreuse dans le programme de Maurin. [ ... ] Pendant une révolution, un point de départ erroné se traduit inévitablement dans le cours des événements par le langage de la défaite."

(The Mililant, 1" août 1931.)

Les premiers résultats de la fusion n'avaient guère été encourageants.  Après des mois de campagne contre la coalition avec la bourgeoisie, le P.O.U.M. était entré du jour au lendemain dans la coalition électorale de février 1936.  Bien qu'il l'abandonna après les élections, il appela, juste avant la guerre civile (la Batalla, du 17 juillet), à constituer " un authentique gouvernement de Front populaire, avec la participation directe (ministérielle) des partis socialiste et communiste comme un moyen de " compléter l'expérience démocratique des masses " et de hâter la révolution.  Mot d'ordre absolument faux, qui n'avait rien à voir avec la manière bolchevique de démontrer la nécessité de l'Etat ouvrier et l'impossibilité de réformer l'Etat bourgeois, en contraignant les réformistes à assumer le pouvoir gouvernemental sans les ministres bourgeois.

Toutefois, beaucoup espéraient du P.O.U.M. qu'il prenne l'initiative d'organiser les soviets.  Nin était maintenant à la tête du parti.  Il avait été en Russie, pendant les premières années de la révolution, un dirigeant de l'Internationale syndicale rouge.  N'était-il pas homme à résister au provincialisme des cadres maurinistes ? Les travailleurs du P.O.U.M., mieux formés politiquement que les anarchistes, jouèrent un grand rôle, parfaitement disproportionné à leurs forces, en s'emparant de la terre et des usines dans les premières semaines de la révolution.  Comptant près de 8 000 membres à la veille de la guerre civile, le P.O.U.M. s'accrut rapidement, tout en demeurant principalement une organisation catalane.  Dans les premiers mois, il quadrupla le nombre de ses membres.  Son influence augmenta plus vite encore, comme en témoigne à l'évidence le recrutement de plus de 10 000 miliciens sous son drapeau.

Pourtant, le flot montant de l'esprit de coalition engloutit le P.O.Ù.M. Les conditions théoriques de cet engloutissement se trouvaient déjà dans l'idéologie mauriste, à laquelle Nin avait donné son aval en fusionnant.  La direction du P.O.U.M. s'accrocha à la C.N.T. Au lieu de disputer audacieusement aux anarcho-réformistes la direction des masses, Nin rechercha une force illusoire en s'identifiant à eux.  Le P.O.U.M. envoya ses militants dans l'U.G.T. catalane, plus petite et hétérogène, au lieu de lutter pour la direction des millions de membres de la C.N.T. Il organisa ses propres colonnes dans la milice, circonscrivant ainsi son influence, au lieu d'envoyer ses forces dans les énormes colonnes de la C.N.T., qui rassemblait déjà les sections décisives du prolétariat.  La Batalla enregistra la tendance des syndicats C.N.T. à considérer la propriété collectivisée comme leur appartenant.  Elle n'attaqua jamais les théories anarcho-syndicalistes qui fondaient cette vision des choses.  L'année suivante elle ne lança pas une seule attaque de principe contre la direction anarcho-réformiste, même quand les anarchistes acceptèrent l'expulsion du P.O.U.M. de la Generalidad.  Loin de conduire à l'unité d'action avec la C.N.T., ce cours erroné permit à la direction de la C.N.T.-F.A.I. de tourner le dos au P.O.U.M. sans dommage.

Plus d'une fois, du temps de Marx et d'Engels et dans les premières années du Komintern, une direction nationale faible s'était vue corrigée par ses collaborateurs internationaux.  Mais les liens internationaux du P.O.U.M. se situaient à droite du parti espagnol.  Le " Comité international de l'unité révolutionnaire socialiste ", principalement l'I.L.P. en Angleterre et le S.A.P. en Allemagne, publia le 17 août 1936 un manifeste au prolétariat espagnol qui ne contenait pas un seul mot de critique envers le Front populaire.  Le S.A.P. devait bientôt se tourner lui-même vers le Front populaire, tandis que l'I.L.P. acceptait une campagne unitaire avec le Parti communiste.  Tels étaient les confrères idéologiques pour lesquels Nin et Andrade avaient abandonné le " trotskysme ", le mouvement pour la IVe Internationale.  Il est vrai que les partisans de la IV- Internationale constituaient de petites organisations, à côté des partis réformistes d'Europe.  Mais ils offraient au P.O.U.M. la forme d'aide la plus précieuse et la plus rare : une analyse marxiste conséquente des événements espagnols et un programme révolutionnaire pour vaincre le fascisme.  Nin était plus -" pratique ", et laissa ainsi passer l'occasion de diriger la révolution espagnole.

 


Notes

[1] H. N. Brailsford, socialiste britannique et partisan du Front populaire, dit : le Parti communiste "n'est désormais plus essentiellement un parti de travailleurs industriels, ni niéme un parti marxiste", et "ce processus sera permanent.  Je fonde cette prédiction sur la composition sociale du P.C. en Catalogne comme en Espagne" (New Republic, 9 juin 1937).

[2] Un incident extraordinaire mérite d'être rapporté . le 27 novembre 1936, la Batalla était en mesure de démontrer que la C.N.T., l'U.G.T., le P.S., la Gauche républicaine étaient tous favorables à une représentation du P.O.U.M. dans la junte de défense de Madrid.  Pourtant, il ne fut pas représenté.  Comment fut-il- possible à la seule opposition stalinienne d'empêcher le P.O.U.M., avec ses colonnes de miliciens sur tous les fronts, d'être représenté ? Les staliniens seuls pouvaient-ils exercer un droit de veto ? La réponse, c'est l'intervention de l'ambassade soviétique. "Il est intolérable que, en échange de l'aide qu'ils nous fournissent, ils puissent tenter de nous imposer des normes politiques définies, des vetos définis, intervenir dans notre politique et même la diriger", se plaignait la Batalla.  L'incident du Conseil de défense de Madrid, le discours d'Ovséenko en novembre, les discours de Rosenberg furent les incidents publics qui réveillèrent le P.O.U.M. Par l'intermédiaire de son poste au cabinet de la Generalidad, il avait connaissance de nombre d'incidents plus sérieux auxquels il ne pouvait faire référence, tant qu'il appartenait au gouvernement.
La note de réponse au P.O.U.M. que le consul général Ovséenko adressa à la presse n'a sans doute pas d'équivalent dans toute l'histoire antérieure de la diplomatie.  Elle parut en éditorial dans Mundo obrero, dénonçant les "manœuvres fascistes du P.O.U.M., [ ... ] ennemi de l'Union soviétique". Mais avant la fin de l'année, Ovséenko alla plus loin.  Le 7 décembre, le P.O.U.M. fit appel à la Generalidad pour donner asile à Léon Trotsky.  Avant même que la Generàlidad ait pu répondre, le consul général soviétique déclara à la presse (comme la Prensa le rapporta ici) que si l'on autorisait Trotsky à entrer en Catalogne, le gouvernement soviétique cesserait toute aide à l'Espagne.  Véritablement, le despotisme bureaucratique ne pouvait aller plus loin.

[3] En anglais dual unionism.


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