1904

Traduit de : «L. Trotsky : Œuvre», volume quatre, Moscou-Leningrad, 1926. Publié pour la première fois dans «Iskra», no. 56, 1er janvier 1904. Traduction MIA

Trotsky

Léon Trotsky

Décomposition du sionisme,
ses successeurs possibles

1er janvier 1904

La récente tentative d'assassinat de Max Nordau par un étudiant sioniste russe a de nouveau rappelé les querelles entre sionistes qui ont éclaté au Congrès de Bâle à l'automne dernier.

Le dernier congrès sioniste [1] était une démonstration d'impuissance. Des gens du monde entier sont venus proclamer haut et fort : "Nous n'avons pas avancé d'un pouce. Nous nous sommes épuisés. Nous avons perdu toute confiance en nos méthodes de travail. Et nous ne voyons rien venir. Le sultan a caressé M. Herzl dans le sens du poil [2] (mais qui l'a remarqué ?), peut-être le caressera-t-il encore - et alors ? "

Oui, quoi alors ? Quelle est la prochaine étape ? Il fallait trouver une réponse. La méthode de pensée excluait une vraie réponse, la psychologie du désespoir suscita une fiction - une fiction pitoyable et vide. G. Herzl a proposé de frapper à la porte de l'Afrique. Bien sûr, il prendra sur lui la question des relations avec Chamberlain ou Edouard VI [3] - ce qui est en jeu, ce sont les possessions britanniques. Ce n'est pas la première fois qu'il lui incombe d'intercéder auprès des princes du monde au nom de «son» peuple. Cet aventurier éhonté a encore récolté des applaudissements frénétiques au Congrès de Bâle. Au congrès des représentants du «peuple juif», pas une seule main n'a été trouvée pour porter le fléau d'indignation au-dessus de cette figure répugnante... Seuls les sanglots hystériques des romantiques de Sion résonnèrent quelques instants dans la salle de réunion : Herzl a promis la Palestine - mais ne l'a pas donnée.

Cependant, le «leader» n’a pas renoncé à la Palestine. Son voyage en Afrique n'était qu'une diversion militaire (ou, plus exactement, commerciale). Voici le type d '«imagerie» utilisé par Herzl pour défendre ses projets politiques contre les attaques des pauvres chevaliers du sionisme «pur». «Supposons», écrit-il dans «Die Welt» [4] après le congrès, «que je veuille acquérir une maison pour moi-même, la maison-même de mes pères passée en d’autres mains, - je ne me rendrais pas simplement à la merci du propriétaire actuel. peut-être lui ferais-je une offre directe (M. Herzl s'adresse au sultan.) Mais s'il n'accepte pas cela, s'il reste intraitable (et le sultan s'est avéré, on le sait, hospitalier, mais «intraitable»), alors peut-être même, à un moment donné, je déclarerais que j'abandonne l'affaire. Je choisirais une maison à proximité ou même dans une rue reculée (une allusion à l'Afrique) et ménerais des négociations sérieuses à ce sujet... Et ainsi de suite», ajoute le "chef", avant de se taire.

Vous comprenez à quel point il s'agit d'un plan diaboliquement rusé ? «Vous faites semblant d'acheter votre patrie dans une rue reculée, vous endormez la vigilance du sultan avec de pseudo - «négociations sérieuses», puis… puis vous lui arrachez la Palestine et la présentez au peuple juif.» Une seule chose dans tout cela nous dérange : et si l'article de M. Herzl devait être traduit en turc et présenté au sultan? Après tout, lui aussi peut deviner quel piège infernal se cache derrière les mots «et ainsi de suite». Comme vous pouvez le voir, il est impossible d'aller plus loin que cela dans un vol "diplomatique" à visage découvert. Mais il est également impossible de maintenir le sionisme en vie plus longtemps à travers des paraboles aussi grossières.

Le sionisme a épuisé sa misérable substance, et le Congrès de Bâle a été, nous le répétons, une démonstration de sa décomposition et de son impuissance. Herzl peut encore s'enquérir du prix de telle ou telle «patrie» pendant un certain temps encore ; des dizaines d'intrigants et des centaines de naïfs peuvent encore soutenir ses aventures, mais le sionisme, en tant que mouvement, est déjà condamné à la perte de tous ses droits pour l'avenir. C'est aussi clair que le jour.

L'auteur de la brochure “Le sixième congrès sioniste de Bâle”, publiée par le Bund, est parvenue à cette même conclusion. "L'élimination du sionisme a commencé." C’est indiscutable. Mais qui captera sa clientèle ? En d'autres termes : dans quelles directions les éléments sociaux qui s’en sont nourris se disperseront-ils ?

"Derrière lui (le sionisme)", dit l'auteur, "il y a des intérêts bien réels de certaines couches, et tant que ces intérêts existent, le mouvement ne disparaîtra pas sans laisser un successeur... Il y aura de nouveaux ennemis, il y aura une nouvelle lutte". Qui sera ce successeur ? Naturellement, la décomposition du sionisme se produira en même temps qu’un démembrement politique du conglomérat de couches sociales qui constitue ce «parti».

Dans ce cas, ce qui nous intéresse, c'est le sort futur de la gauche sioniste, composée de représentants intellectuels et semi-intellectuels de la démocratie bourgeoise.

Déçue par le sionisme et ayant ainsi perdu la foi en un nouvel exode d'Egypte des Juifs qui réussiraient, grâce à la «politique», à fuir leur sombre refuge de la Zone de Résidence [*] ; poussée dans l'opposition par la botte de la répression autocratique et policière ; contrainte à des méthodes illégales d’autodéfense par l’attitude du gouvernement dans les événements de Kishinev et de Gomel, l'ancienne aile gauche du sionisme entrera inévitablement dans les rangs révolutionnaires.

La position nationale actuelle du Bund, qui s'est détaché de notre parti, facilitera ce processus. L'armée du Bund sera revitalisée par ceux que notre auteur vient de citer, et dans lesquels, pour une raison ou pour une autre, il veut certainement voir de «futurs ennemis».

Mais pourquoi ? Ils peuvent aussi devenir de bons amis. Et, d'une manière générale, rien n'est plus souhaitable que de changer un ennemi en ami. Il ne reste plus qu'à se poser la question : le Bund est-il capable d'assimiler sans douleur l'aile démocratique des sionistes désillusionnés ? Et nous craignons qu'il soit impossible de donner une réponse positive à cette question fondamentale.

On a souligné à plusieurs reprises que les tendances nationalistes ont pénétré le Bund à partir des sphères bourgeoises du sionisme. Mais une telle affirmation peut sembler absurde. N'est-ce pas les publicistes du Bund qui ont dénoncé le caractère réactionnaire du sionisme? Le Bund ne mène-t-il pas une lutte acharnée contre ce courant ?

Le nom du Bund ne rend-il pas furieux notre bon sioniste ? Tout cela est parfaitement vrai. Mais le fait est que c'est précisément la logique interne de cette lutte même contre le sionisme qui a insufflé un contenu nationaliste dans l'agitation politique du Bund.

La lutte politique est le plus souvent en même temps une compétition politique, dans laquelle on apprend beaucoup de l'ennemi. Se trouvant dans une atmosphère de sentiments nationaux exacerbés, ayant l'autocratie devant lui et le sionisme derrière lui, le Bund a dû insister sur le fait que c'était lui qui représentait les véritables intérêts nationaux des masses juives.

Ayant pris cette position, il n'a pas pu établir le rapport correct entre les aspirations nationales et celles de classe.

Ici, le sort tragique de notre parti après 1898 a pesé sur le sort particulier du Bund. L'isolement organisationnel du Bund a conduit l'énergie révolutionnaire de ses travailleurs dans des canaux étroits et a impitoyablement limité - apparemment pour longtemps - l'horizon politique de ses dirigeants.

"Plus le nombre d'individus participant à un mouvement social est petit, moins ce mouvement est un mouvement de masse, alors moins l’universel et le naturel y émerge, plus l'aléatoire et le personnel y prévalent" (Kautsky, La Révolution sociale).

Le parti prolétarien ne peut se définir que dans un cadre politique, c'est-à-dire étatique. Ce n'est que dans ce cas que l’"universel et naturel", c'est-à-dire les principes de la social-démocratie formeront la base du mouvement.

Mais la sphère d'activité du Bund n'est pas caractérisée par une identification étatique, mais par une identification nationale. «Le Bund est l’organisation du prolétariat juif» - au moment du premier congrès, cette disposition n'avait pas un sens politique, mais technique (au sens large du terme). Le Bund était une organisation du parti adaptée pour travailler dans les endroits où la majorité de la population parle la langue juive. Avec la «connivence» du parti, qui, du fait de sa fragmentation, jouait trop souvent le rôle d'une fiction cérémonielle, «l'accidentel» ou le «particulier» en vint à prendre le pas sur le «général» et le «naturel». Le fait organisationnel et technique a été élevé au niveau d’=une «théorie» politique nationale.

Le Cinquième Congrès du Bund [5], qui a précédé le Deuxième Congrès du Parti, a proposé, comme on le sait, une nouvelle thèse : "Le Bund est l’organisation social-démocrate du prolétariat juif, sans restriction dans ses activités par aucune frontières, et rejoint le Parti comme son unique représentant." C'est ainsi que se régla le différend entre le particulier et le général au sein du Bund. Si, du moins dans l'intention, le Bund était auparavant le représentant du parti social-démocrate dans le prolétariat juif, il est maintenant en train se transformer en un représentant des intérêts du prolétariat juif auprès du Parti social-démocrate.

Et plus encore. "Parler au nom de l'ensemble du prolétariat d'un certain territoire, dans lequel, outre les autres organisations appartenant au parti, opère le Bund, n'est permis qu'avec la participation de ce dernier." Tout a basculé : le point de vue de classe est subordonné au point de vue national, le parti est placé sous le contrôle du Bund, le général est soumis au particulier.

Le départ du Bund du parti est la dernière étape et le résultat de cette évolution sur cinq ans. Et, à son tour, le fait de la séparation «officielle» complète du Bund servira inévitablement de point de départ pour le développement ultérieur du Bund dans le sens du nationalisme. Nous disons : c'est inévitable, car la mauvaise volonté de leur position politique nationale pèse sur la bonne volonté des dirigeants du Bund. Le fait que le départ du Bund du parti ait coïncidé avec le moment de la crise fatale du sionisme est, pour ainsi dire, un «signe » historique. S'émancipant du contrôle du «général» et du «naturellement déterminé», le Bund a ouvert grand ses portes au «particulier». Évalué objectivement, il constitue désormais un appareil organisé qui ne saurait être mieux adapté pour détourner le prolétariat juif de la voie de la social-démocratie révolutionnaire vers la voie du nationalisme démocratique révolutionnaire.

Bien sûr, dans la conscience subjective des dirigeants du Bund, il existe encore assez de «sentiments» sociaux-démocrates pour lutter contre une telle séduction. Mais la logique des faits est plus forte que l'inertie de la pensée. Les conclusions que les dirigeants du Bund d'aujourd'hui n’osent tirer seront tirées demain par ceux qui les remplaceront. En construisant sa position actuelle sur la base d’un point de vue national, le Bund a facilité la transition dans ses rangs pour des éléments dont la pensée n'est pas gênée par les traditions sociales-démocrates. Ils viendront - ils viennent déjà - et éloigneront puissamment ceux qui leur semblent «doctrinaires».

Bien sûr, le Bund conservera longtemps la phraséologie socialiste - comme P.P.S. l'a préservée jusqu'à nos jours. [6] Cela ne l'empêchera pas du tout - au contraire, cela l’aidera - à remplir la fonction politique que même le même P.P.S. remplit avec tant de succès, à savoir l'absorption des intérêts de classe du prolétariat par les intérêts nationalistes de la démocratie révolutionnaire.

Oui, le publiciste du Bund a raison : le sionisme "ne disparaîtra pas sans laisser un successeur". Mais ce successeur pourrait s'avérer être l'Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie [le Bund].

Notes de l'édition russe des Œuvres

[1] Le sionisme est un mouvement nationaliste de la bourgeoisie juive visant à créer un État juif indépendant en Palestine. Le premier congrès des sionistes, qui unifie tous les groupes palestinophiles précédemment dispersés, a été ouvert le 29 août 1897 à Bâle. Lors de ce congrès, le programme sioniste a été développé pour la première fois. Ses tâches de base ont été définies comme suit :

«Le sionisme s'efforce de créer pour le peuple juif un havre légal en Palestine. Pour atteindre cet objectif, le Congrès recommande :
1) Un encouragement approprié de la colonisation de la Palestine par les juifs - agriculteurs, artisans et ouvriers.
2) le regroupement et le ralliement de tous les juifs à travers d’institutions générales et locales établies par la loi.
3) Le renforcement des sentiments nationaux juifs et de la conscience de soi populaire.
4) Les mesures préliminaires pour obtenir le consentement des gouvernements sur la réalisation des tâches du sionisme.»

Le deuxième congrès de Bâle eut lieu en août 1898. Il adopta une résolution sur l'organisation d'une banque coloniale juive, censée financer la réinstallation massive des juifs en Palestine. Le troisième congrès de Bâle, qui eut lieu en août 1899, souleva la question de l'obtention du droit de coloniser la Palestine. Le droit de coloniser devait être obtenu du sultan turc, la Palestine faisant partie de l'empire turc. Les quatrième et cinquième congrès proclament la nécessité de développer et de renforcer le sentiment national parmi les masses du peuple juif et de placer le travail culturel parmi les juifs de tous les États au centre de l'activité sioniste. Jusqu'au quatrième congrès, tout travail parmi les juifs de la diaspora était considéré comme indigne d'un sioniste. Tout devait être subordonné à à la seule pensée de Sion. Au sixième Congrès de Bâle (1903), le leader du sionisme, Herzl, désespérant de la possibilité de coloniser la Palestine, a proposé de remplacer la Palestine par l'Ouganda (en Afrique de l'Est). Cette proposition a rencontré une forte opposition de la part des partisans du territoire palestinien et a divisé le Congrès en deux camps.

La question de l'Ouganda a été renvoyée à une commission spécialement élue qui, au septième congrès (1905), s'est prononcée contre le projet de colonisation de l'Ouganda. Le Congrès, après une longue lutte, a adopté une résolution sur la nécessité d'adhérer strictement au premier programme de Bâle, qui reconnaît la Palestine comme le seul territoire propice à la création d'un État juif. La désintégration interne du sionisme, si vivement manifestée au sixième Congrès, ne s'est pas arrêtée depuis lors.

Le sionisme était autrefois très répandu parmi les masses juives de Russie, en particulier parmi la petite bourgeoisie, les marchands, les artisans, etc. La Révolution d'octobre, qui résolut d'un seul coup la question nationale, priva le sionisme de toute influence en Russie.

Une partie de la bourgeoisie juive qui s'est installée en Palestine y forme un «État indépendant» sous les auspices de l'Angleterre.

[2] Herzl, Theodore (1860 - 1904) - le leader reconnu du sionisme. Dans sa jeunesse, il était engagé dans une activité littéraire. L'affaire Dreyfus et le mouvement antisémite croissant attirent son attention sur la question juive. En 1896, il publie le livre "L'État juif", dans lequel il affirme que la création d'un État juif indépendant en Palestine est le seul moyen de restaurer des conditions de vie normales pour les masses juives. Peu de temps après la publication de ce livre, Herzl a noué des relations avec des groupes d'étudiants palestinophiles préexistants et en 1898 a convoqué le premier congrès à Bâle, qui a constitué les débuts du sionisme.

À partir de ce moment-là, Herzl a lancé une vigoureuse campagne pour ses idées sionistes. Il rend visite aux dirigeants des principaux gouvernements européens et négocie avec eux la réinstallation des Juifs en Palestine. À plusieurs reprises, Herzl se rendit chez le sultan turc, cherchant une concession pour la colonisation de la Palestine. Ayant échoué dans ces négociations, il abandonne l'idée d'un territoire palestinien et tente de remplacer la Palestine par l'Ouganda (en Afrique de l'Est). Le projet de colonisation de l'Ouganda a cependant suscité une vive opposition de la part des Palestinophiles au sixième congrès sioniste. Vers la fin de sa vie, Herzl a commencé à prendre conscience de la nature utopique de l'idée de la réinstallation massive des Juifs et de la création artificielle d'un État juif. Sous sa direction, le sionisme déplace le centre de gravité de son travail vers le développement et le renforcement de sentiments nationaux étroits chez le peuple juif.

[3] Chamberlain, Joseph (1836 - 1914) - l'une des figures les plus importantes de l'impérialisme britannique. Membre du Parti radical et l'un de ses dirigeants jusqu'en 1885. De 1880 à 1885 - Ministre du commerce au ministère libéral de Gladstone. Avec la scission des libéraux entre partisans de la politique impérialiste et du protectionnisme et partisans du libre-échange, Chamberlain passe du côté des premiers. En 1885, en raison de désaccords avec Gladstone sur la question du "Home Rule", (c'est-à-dire sur l'octroi à l'Irlande de son propre parlement et d'un large degré d'autonomie locale), il quitte le ministère et le parti radical. Peu de temps après, il est devenu l'un des dirigeants du Parti unioniste libéral (le parti nationaliste des grandes entreprises), qui est le porte-parole de la politique de l'impérialisme britannique. À la fin des années 1890, Chamberlain fut nommé ministre des colonies et le resta jusqu'en 1905. Cette nomination marqua l'entrée de l'Angleterre sur la voie de l'impérialisme actif. Fervent partisan de l'expansion impérialiste et premier ministre des Colonies d'Angleterre après son entrée définitive sur la voie de la politique impérialiste, Chamberlain a reçu le surnom bien mérité du père de l'impérialisme britannique.

Édouard VII - Roi d'Angleterre, est monté sur le trône en 1901, est mort en 1910.

[4] "Die Welt" - l'organe central des sionistes, publié en allemand à Berlin.

[*] - Zone de Résidence, en russe chertá osédlosti, en anglais Pale of Settlement, une région occidentale de la Russie impériale aux frontières variables, qui existait de 1791 à 1917, dans laquelle la résidence permanente des Juifs était autorisée et au-delà de laquelle leur résidence était en grande partie interdite. (note MIA)

[5] Cinquième Congrès du Bund - tenu en juin 1903. Ayant résolument mis fin aux vestiges les plus évidents de l'économisme et des déviations terroristes-socialistes-révolutionnaires dans les rangs du Bund, le cinquième Congrès a connu des discussions particulièrement animées des questions de caractère national. Les revendications d'autonomie totale du Bund, en tant que seul représentant du prolétariat juif, ont prévalu au congrès. Le congrès a pris une décision que, compte tenu du grand intérêt qu'elle a suscité, nous reproduisons intégralement :

"§ 1. La position du Bund dans le parti est déterminée par les points suivants :
§ 2. Le Bund est une organisation social-démocrate du prolétariat juif, sans restriction dans son activité par aucun cadre régional, et est membre du parti en tant que son seul représentant.
§ 3. Le Bund élit ses représentants au Comité central, au Comité des affaires étrangères et aux congrès du Parti. Le mode de représentation doit être basé sur les mêmes principes pour toutes les sections du parti.
Remarque. Les organisations locales et régionales ne sont pas reconnues à cet égard comme des parties distinctes du parti.
§ 4. Le programme du Bund doit être considéré comme s’appliquant dans toutes les organisations du parti.
§ 5. Le Bund a ses propres congrès pour résoudre toutes les questions concernant notamment le prolétariat juif, son propre Comité central et le Comité à l'étranger.
§ 6. Le Bund a le libre contrôle des affaires de son organisation.
§ 7. Le Bund a le droit à la publication sans entrave, sauf pour la littérature en hébreu et la littérature dans d'autres langues.
§ 8. Le Congrès du Parti a le droit d'annuler toutes les décisions des Congrès du Bund.
§ 9. En cas de nécessité, le Comité central du Parti a le droit d'entrer en relations avec les différentes parties du Bund, mais uniquement avec la participation du Comité central du Bund.
§ 10. Tous les points ci-dessus sont considérés comme fondamentaux et ne peuvent être modifiés, complétés et annulés qu'avec le consentement mutuel des sections du parti.
Remarque. Les organisations locales et régionales ne sont pas reconnues à cet égard comme des parties distinctes du parti. "

Les demandes du Bund ont été accueillies négativement par le deuxième congrès du RSDLP. Le Bund a alors quitté le parti et a continué d'exister en dehors du RSDLP.

[6] Parti socialiste polonais (PPS) - né en 1892. Il réunissait principalement des groupes intellectuels et petits-bourgeois, bien qu'un mouvement ouvrier de masse existait déjà en Pologne à cette époque. Le but principal et le pivot principal du programme PPS était la lutte pour l'indépendance nationale de la Pologne. Le parti a déclaré la réalisation de cette indépendance comme l'objectif immédiat du mouvement ouvrier polonais. Rosa Luxemburg s'est prononcée de la manière la plus décisive contre ce slogan social-patriotique, arguant que l'indépendance du territoire n'est pas pratiquement une condition nécessaire au succès de la lutte révolutionnaire. En 1906, l'aile gauche, la «Levitsa», se sépare du PPS. En 1918, après avoir fusionné avec le Parti social-démocrate de Pologne, elle participe à la formation du Parti communiste polonais. Après la scission, le noyau principal du PPS dégénère progressivement en un parti petit-bourgeois chauvin. Actuellement, le PPS est le principal pilier de la dictature bourgeoise en Pologne et mène une lutte acharnée contre le mouvement communiste du prolétariat polonais.