1932

Edition établie d'après les documents laissés par le regretté Pierre Broué, résultats de travaux à la Houghton Library, pour les "Oeuvres" de Léon Trotsky en français.

Trotsky

Léon Trotsky

séance de la commission du SI du 23 septembre 1932

23 septembre 1932

Procès-verbal de la séance du 23 septembre 1932

Le camarade Field rapporte sur "Les problèmes de la révolution espagnole et l'Opposition de Gauche internationale".

Camarade Field

Les relations entre l'Opposition de gauche espagnole et l'organisation internationale sont très mauvaises, particulièrement dans la dernière période. Pour apprécier correctement la crise de I'Opposition de Gauche, il faut commencer par l'appréciation de la situation de la part de I'Opposition de Gauche espagnole au cours de la période récente.

Dans une lettre du .... le camarade Lacroix nie l'importance du mouvement étudiant et ne voit pas sa signification symptomatique.

Dans la lettre du 26 janvier, le camarade Nin s'exprime, en fait, contre le boycott, Mais si toutefois les républicains mettent en oeuvre le boycott, les communistes devront faire de même. Il ne s'attendait pas à la révolution d'avril et n'y était pas préparé.

Camarade Trotsky

Il n'a pas été assez tenu compte de la situation de contrainte de la bourgeoisie ?

Camarade Field

Continue son rapport sur le lettre du 7 décembre 1931 du camarade Nin, dans laquelle il ne partage pas I'analyse de la situation faite par Trotsky. Le même point de vue est adopté dans les thèses de la conférence nationale. La situation actuelle est caractérisée comme "dépression" (numéro d'août de "Communisme").

Camarade Trotsky

Mais il faut établir si cette appréciation a été formulée avant ou après la révolte du général Sanjurjo.

Camarade Field

Cette formulation remonte déjà à décembre dernier.

Camarade Trotsky

En janvier, l'Espagne a connu une grève générale. Auparavant, il y avait évidemment un certain essor de la lutte des classes, et après la répression une certaine dépression.

Camarade Field

Début décembre, le camarade Nin a avancé le mot d'ordre de "grèves sporadiques". La question du danger fasciste ou de la contre-révolution n'est même pas posée clairement. Dans les thèses il est dit que le gouvernement actuel fait tout ce que pourrait faire un gouvernement fasciste. Cela correspond à peu près à l'appréciation de la situation allemande par les staliniens.

Camarade Trotsky

C'est encore pire. En Allemagne, les grande propriétaires terriens ne sont pas expropriés.

Camarade Field

Cette position contient plus ou moins inconsciemment la théorie du social-fascisme.

La conférence nationale a avancé 12 mots d'ordre démocratiques sans les mettre en relation avec des mots d'ordre révolutionnaires (liberté totale de la presse, de réunion, droit de grève, etc. Abrogation de la Loi de protection de la République et des internements administratifs. Dissolution de la garde civile. Confiscation des biens d'église et des grandes propriétés terriennes sans dédommagement, et distribution aux paysans. Reconnaissance du droit à l'autodétermination de la Catalogne jusqu'à la séparation. Aide aux chômeurs etc. etc.) Ces mots d'ordre ne sont même pas communistes.

Camarade Trotsky

Pourquoi ?

Camarade Field

Parce qu'on les trouve également dans la plateforme social-démocrate.

Camarade Trotsky

Mais les social-démocrates ne combattent pas pour les obtenir.

Camarade Field

Il faut relier ces revendications à la prise du pouvoir. Dans la question électorale l'Opposition de Gauche espagnole a suivi une politique de zigzag. Elle n'a pas pris clairement position sur la question fondamentale, le problème agraire. Trois mois après la conférence, les thèses n'ont toujours pas été rédigées. L'attitude de l'Opposition de Gauche espagnole, et particulièrement du camarade Nin, à l'égard du groupe Maurin a été très ambigu,

Camarade Trotsky

Ce n'est pas la tentative de travailler au sein du groupe Maurin qui était grave ; le plus grave, c'est que ce faisant il n'a pas été entrepris de propagande autenome, et il n'a pas été créé de groupe indépendant. Ces erreurs n'ont pas été commises par hasard, car si elles n'avaient pas existé la collaboration avec Maurin n'aurait pas été possible une seule seconde. Le camarade Nin a même refusé d'exprimer ses points de vue d'opposition de gauche, et c'est ce que lui a reproché le camarade Lacroix.

Camarade Field

Le camarade Nin a rédigé les thèses du groupe Maurin mais n'était pas au C.C. Bien qu'il ait été en contact avec des milliers de travailleurs du groupe Maurin, il a tout de même été jeté dehors par Maurin sans emmener de travailleurs avec lui. Dans sa lettre il ne parle que de "sympathies".

Camarade Trotsky

On peut dire qu'il s'est agi là d'un exemple de la pire forme de politique de front unique, d'une kuomintangination de la politique de l'Opposition de Gauche. Le camarade Nin a présenté cette question comme étant purement une question de personnes ; il espérait gagner Maurin à l'Opposition de Gauche. A cette occasion, il est important de souligner que souvent les camarades placent les éléments personnels au-dessus des éléments politiques. C'est une attitude petite-bourgeoise au sens le plus concret et le plus néfaste du terme.

Camarade Field

Venons-en à la récente conférence. Les thèses n'ont pas été suffisamment préparées avant la conférence,

Les conditions n'étaient pas réunies pour mener une discussion internationale et probablement pas non plus pour une discussion nationale. La façon dont les différentes thèses furent traitées lors de la conférence elle-même a révélé une situation grave au sein de l'organisation. Les thèses les plus importantes furent retournées aux différents groupes car il était impossible d'obtenir une position unitaire.

Camarade Trotsky

Sur quoi portaient les divergences ? Voilà ce qu'il faudrait établir.

Camarade Field

Par exemple, à propos de la question agraire, il y avait deux points de vues :

1) il faut partager la terre entre les paysans ;

2) le partage de la terre entre les paysans est très préjudiciable à la future collectivisation. Donc pas de partage des terres. La conférence n'a pu adopter aucune résolution sur cette question.

Camarade Trotsky

Le fait qu'il existe ces deux tendances est plus important que la conférence elle-même. Il faut évaluer très soigneusement à l'avance toutes les nuances et les intégrer.

Camarade Field

La vie interne de l'Organisation n'apparaît pas dans la presse. On ne sait absolument pas si même il y a des discussions politiques. il n'y a aucun indice d'existence d'une direction collective. Aujourd'hui il n'existe plus de direction espagnole, officiellement même elle s'est effondrée.

Une des questions, primordiale, l'éducation des cadres, n'est traitée ni dans la correspondance ni dans la presse. Le camarade Nin place de grands espoirs dans les conférences, la correspondance personnelle et individuelle, et les relations diplomatiques avec les directions d'autres organisations.

Sur les relations avec le Parti, on peut dire que l'Opposition de Gauche espagnole conçoit l'unité du parti communiste comme l'unité syndicale, c'est-à-dire sous forme de l'alliance de toutes les tendances. C'est ce qui ressort de la correspondance et des thèses présentées à la conférence.

Camarade Trotsky

Le camarade Nin a écrit par exemple qu'en Espagne il n'existe pas de parti communiste et que c'est en fait le groupe Maurin qui joue ce rôle. Il a également nié le développement du PC dans toute l'Espagne.

Camarade Field

Dans sa lettre du 23 août 1931, le camarade Nin demande s'il faut envoyer les nouveaux éléments recrutés par l'Opposition de gauche vers le Parti ou vers la fédération de Maurin. Dans les thèses, la caractérisation du Parti est très fluctuante. C'est ainsi qu'il est dit par exemple :

"Le plus grand obstacle à la constitution d'un grand parti communiste est le Comintern, et dam notre pays, le Parti communiste."

Camarade Trotsky

Y a-t-il une caractérisation du Parti et du groupe Maurin ?

Camarade Field

Non.

Camarade Trotsky

Y a-t-il une appréciation théorique de la politique du Parti ? C'est la caractéristique d'une position petite-bourgeoise de parler du Parti en termes généraux tels que "imbéciles" par exemple. Est-ce qu'il est indiqué pourquoi nous sommes Opposition de Gauche ?

Camarade Field

Cela fait l'objet de thèses particulières,

Camarade Trotsky

C'est ce qu'il y a de plus important. Il faut étudier ce qu'il est dit sur le Parti. Il faut exiger des camarades qu'ils caractérisent chronologiquement la politique du Parti.

Camarade Field

Ils le font dans des thèses particulières sur le Parti.

Camarade Trotsky

Il faut étudier ces thèses. Il est parfaitement possible que dans de nombreux cas le Parti ait appliqué me politique plus correcte que celle de nos camarades. Si nous soutenons les erreurs de non camarades, nous nous boucherons toute perspective d'avenir.

Camarade Field

La questions fraction "étroite" ou fraction "large" n'a jamais été comprise par le camarade Nin. Il a demandé s'il fallait envoyer les nouveaux militants dans le Parti ou dans le groupe Maurin ; ensuite il a écrit qu'il est juste d'envoyer les nouveaux militants dans le Parti. Il croit qu'il est impossible de recruter directement des militants à l'Opposition de Gauche, car cela signifierait créer les bases d'un second parti. Le 3 décembre 1930, il se prononce lui-même en faveur d'un second parti, pour une "unité communiste" contre le Parti. Les thèses elles-mêmes sont très ambiguës . À la fin figure un rejet formel du second parti. Mais cela même est en contradiction avec la pratique de l'Opposition de gauche espagnole. Dans les thèses le Parti est considéré comme "parti de l'opportunisme".

Camarade Trotsky

Rien sur l'aventurisme?

Camarade Field

Pas dans ce contexte. Il est écrit :

"seule l'Opposition de gauche peut forger l'arme du prolétariat, un grand parti".

Eu province, le désarroi est encore plus grand, Un groupe de Séville a publié sous le titre : "Aux travailleurs" am tract qui se conclut par ces termes : "Vive le front unique sur la base de la CNT, Vive l'Opposition de Gauche Internationale". Cette position révèle la situation de l'Opposition de gauche espagnole : un groupe communiste "de plus", du type du groupe Maurin, tourné contre le Parti communiste. Dans le traitement des questions internationales se fait jour également une faiblesse évidente de la section espagnole.

Camarade Trotsky

Dans l'une des dernières lettres, le camarade Lacroix reconnaît que la politique de la conférence espagnole équivaut à celle d'un deuxième parti, et qu'il y est opposé. Cela explique également pourquoi la section espagnole a pris un autre nom.

C'est justement cette question du deuxième parti qui a mené à de grandes controverses, en Russie avec le groupe Sapronov, en Allemagne avec le Leninbund, en Belgique avec Overstraeten.

Toutes ces explications et ces leçons sent maintenant délibérément ignorées des Espagnols. Le combat autour de la question du deuxième parti a duré de longues années, il a donné lieu à une abondante littérature.

Durant la polémique, le camarade Nin était avec le groupe Sapronov en Russie.

Et malgré tout cela, les camarades espagnols déclarent "nous n'avons pas de divergences de vues avec l'Opposition de gauche Internationale".

Camarade Field

Il n'y a pas d'indices d'une discussion sur les questions internationales dans les rangs de la section espagnole.

Camarade Trotsky

Il faut dire que toutes les accusations lancées actuellement par le camarade Lacroix contre les camarades dirigeants de l'Opposition de Gauche Internationale n'est qu'une resucée de ce qu'ont déjà raconté Rosmer, Landau et Urbahns.

Il est souvent arrivé que le Parti rejette certains éléments qui ne pouvaient s'accommoder d'une discipline révolutionnaire. Certains d'entre eux ont rejoint l'Opposition de Gauche dans l'espoir d'y trouver une arène pour y développer leur indiscipline et y semer toutes sortes d'idées impossibles. Mais lorsque ces éléments remarquèrent que l'O.G. poursuit d'un pas ferme sa ligne révolutionnaire et qu'elle exige une discipline révolutionnaire, ils s'écrièrent que I'O.G. est encore pire que le Parti. C'est ainsi que se révéla leur caractère petit-bourgeois.

Camarade Field

Cela se voit par exemple dans le désir de la section espagnole que soit admise à la conférence internationale la participation de toutes sortes de groupes dissidents.

Question syndicale :

Il n'existe qu'un projet de thèse et les amendements ne sont que des esquisses. Les formulations concernant les relations entre parti et syndicat sont extrêmement mauvaises. Il y est dit que les syndicats ne doivent pas servir les buts d'un parti. Ils réclament l'unité syndicale au sein de la CNT sans dire un mot de l'UGT social-démocrate.

Camarade Trotsky

Quel est le rapport de forces?

Camarade Field

CNT - UGT

Camarade Frankel

Dans une lettre, le camarade Nin a écrit que lors d'une action à Barcelone c'est l'UGT qui avait eu la direction.

Camarade Trotsky

Qu'appelle-t-on donc "unité" ? Avec qui ? Existe-t-il actuellement un syndicat purement communiste ? Un syndicat rouge du type R.G.O. ?

Camarade Frank

Seulement à Séville.

Camarade Field

Les camarades espagnols vont même jusqu'à dire dans les thèses politiques que ce sont les anarchistes qui ont le mieux compris la situation politique. Mais plus tard ils disent que ce sont les anarchistes qui ont le mieux contribué au maintien des illusions démocratiques.

Camarade Trotsky

Il y a donc une centrale syndicale anarcho-syndicaliste et une autre social-démocrate. Il existe en outre de petites organisations locales, celles des communistes. Les anarchistes et les communistes ne veulent pas d'unité, et les communistes veulent l'unité sous leur propre bannière. L'Opposition de gauche veut faire de la C.N.T. la base de l'unité.

Y a-t-il des rapports sur l'activité de l'OG dans les syndicats ?

Camarade Field

Il n'y a pas trace d'un véritable travail de masse. Dans la rubrique sur la vie interne de l'organisation, "El Soviet" ne dit rien sur le travail syndical. Dans le projet de thèses syndicales se trouve le mot d'ordre d'assemblée nationale prolétarienne comme opposé du parlement bourgeois. C'est une idée anarcho-syndicaliste.

Camarade Trotsky

Pourquoi ?

Camarade Field

Parce que cette assemblée a été proposée que comme assemblée syndicale.

Camarade Frankel

En son temps, Maurin a réclamé que les syndicats prennent le pouvoir.

Camarade Trotsky

Cela correspond aux traditions catalanes : pas besoin de soviets, nous avons les syndicats.

Le mot d'ordre de la section espagnole est une tentative visant à mener une action politique sur le terrain syndical. Pourquoi n'essayerait-on pas d'opposer aux Cortes d'autres organes ? Pourquoi ne proposerait-on pas que le prolétariat espagnol affirme sa position comme classe, par exemple sur la question agraire ? Au Congrès lui-même, les différentes tendances s'opposeraient à propos de la solution à la question agraire ?

Je conçois un tel congrès comme congrès de la classe ouvrière. A à une époque révolutionnaire, cela peut avoir de bons résultats. Ce congrès servirait naturellement aussi l'unité syndicale.

Camarade Field

Les camarades exigent des centrales syndicales la tenue d'un tel congrès.

Camarade Trotsky

Il faudrait proposer d'élargir ce congrès, mais même sur une base syndicale, ce n'est pas une erreur.

Camarade Frankel

C'est un appareil compliqué en vue de constituer I'unité syndicale et le congrès ne doit servir qu'à cela.

Camarade Trotsky

Il est tout à fait possible que domine chez les anarcho-syndicalistes espagnols l'idée selon laquelle il est absolument impossible de s'unifier avec les syndicats social-démocrates, puisqu'ils sont au service d'un parti. Peut-être les camarades allemands [lapsus ?] cherchent-ils, pour cette raison, les voies et moyens permettant de réaliser l'unité.

Camarade Field

Les camarades espagnols ne craignent nullement le danger anarcho-syndicaliste. Ils disent que les anarcho-syndicalistes seraient nos alliés et non nos adversaires.

Camarade Trotsky

Il faut savoir si cette formulation est d'ordre général ou si elle s'applique à des situations particulières. En Russie aussi, les anarcho-syndicalistes ont participé à la révolution d'octobre. Mais en Espagne, le rapport des forces est inverse, ce qui rend plus aigu le danger anarcho-syndicaliste. Mais si les camarades espagnols pensent qu'on peut mener les batailles côte à côte avec les anarcho-syndicalistes, ce ne signifie pas qu'il faille en tirer des conséquences excessives.

Camarade Field

Cite un passage où il est question du fait que de nombreux éléments anarcho-syndicalistes se rapprochent de l'idéologie marxiste.

Camarade Trotsky

C'est un processus inévitable. Les anarcho-syndicalistes repoussant les anarchistes sont nécessairement amenés à se rapprocher du marxisme.

Camarade Field

Il faut demander aux camarades espagnols de préciser leur position.

Quelques propositions :

une nouvelle conférence espagnole, préparée à fond et tenue avec la participation de l'Opposition de Gauche internationale.

A l'ordre du jour devrait notamment figurer les questions suivantes : la situation politique ; les relations avec le Parti ; le travail syndical ; les questions d'organisation au sein de l'opposition de gauche espagnole.

Il faut que la direction élabore un plan de travail précis à l'avance, pour une période déterminée, en prenant en compte la constitution de fractions au sein du Parti, le travail syndical et la presse. La section espagnole doit publier le "Bulletin international" en espagnol.

Aperçu statistique sur 11 numéros d'"El Soviet" à propos des questions internationales :

Dans les deux derniers numéros, absolument rien sur les affaires internationales. Sur les 20 colonnes de texte de chaque numéro, 18 sont consacrées aux affaires purement espagnoles. Les questions internationales occupent en moyenne 1 colonne et demi par numéro, soit 7,5 %. Dans "Communismo", sur 350 pages, 49 traitent des questions internationales, soit 14 %.

Camarade Trotsky

A la prochaine séance, il nous faudra traiter en détail la question : fraction ou nouveau parti.

Camarade Field

La commission établira une sorte de bibliographie sur les différentes questions.

Camarade Trotsky

Pour traiter cette question, il serait bon de prendre :

1) La résolution de la conférence ;

2) La reconnaissance par le camarade Lacroix du fait que cette résolution n'a pas d'autre sens que la tendance vers un second parti. Il faut relier brièvement cette question à l'historique de l'Opposition de gauche internationale. C'est une question historico-politique, une question de circonstances et de moment. De cette question dépend la vie ou la mort de l'Opposition.

Il est tout aussi dangereux de présenter ses propres listes aux élections, dans une situation où l'on n'est même pas en état, par exemple, de publier un hebdomadaire.

Il est en outre très important de caractériser la façon psychologique-individuelle des camarades espagnols dans le traitement de toutes les questions.

Il faut dire aux camarades espagnols que, nous en avons la certitude, 99 % de la section espagnole sont avec l'Opposition de gauche internationale et non avec Urbahns, Landau et les autres. Mais nous accusons la direction espagnole de n'avoir présenté aucune des questions de façon claire, mais de les avoir toujours présenté comme des questions purement personnelles. La direction espagnole souhaite la participation de Rosmer à la conférence internationale, mais elle ne s'est jamais exprimée sur le comportement de Rosmer, Il faut opposer à la problématique psychologique personnelle une façon politique de poser les problèmes.

Camarade Frankel

Il faut souligner le manque d'orientation vers la révolution prolétarienne.

Camarade Trotsky

Si l'on peut prouver qu'ils ont une conception pessimiste, il faut dire aux camarades espagnols : le pire, pour une organisation révolutionnaire c'est de n'être pas à la hauteur d'une époque révolutionnaire, d'une situation révolutionnaires, de l'aborder d'un point de vue minimaliste, de faire preuve de méfiance et de scepticisme devant une perspective révolutionnaire. Loin de nous l'idée de vouloir prêter aux camarades espagnols une telle attitude, mais il y a tout de même une série d'éléments qui nous paraissent préoccupants, comme par exemple l'orientation vers un second parti. Nous sommes sûrs que, dans cette question également, la majorité des camarades espagnols est avec nous, mais ces questions n'ont pas été clairement posées dans la section espagnole, pas plus qu'elles n'ont été traitées à la lumière des expériences internationales de l'Opposition de Gauche.

Il faut aussi faire référence aux ambiguïtés dans la question syndicale, dans l'attitude envers Sorel, etc.

En conclusion, il faut leur dire nos conclusions sont optimistes. Nous sommes sûrs que la discussion politique et théorique nous amènera à un point de vue unifié et que ces questions seront débattues à fond par les camarades espagnols lors d'une nouvelle conférence nationale qu'il faudrait préparer convenablement.

A la prochaine séance, la commission Espagne présentera un projet de lettre aux membres de la section espagnole.