1932

Edition établie d'après les documents laissés par le regretté Pierre Broué, résultats de travaux à la Houghton Library, pour les "Oeuvres" de Léon Trotsky en français.

Trotsky

Léon Trotsky

Lettre à Stein

20 octobre 1932

20 octobre 1932

Cher camarade Stein,

1) Je n'ai absolument pas la possibilité de rédiger une deuxième préface. Même si j'en avais le temps ce qui n'est hélas pas le cas, je me trouverais tout de même dans l'incapacité de traiter des questions en discussion en Pologne (question syndicale, etc ... ), en raison de ma connaissance insuffisante des faits. Et pour ce qui concerne l'Allemagne ou la France par exemple, je me suis largement exprimé sur ces questions ces dernières années, et il serait absurde de répéter tout cela pour une préface polonaise.

La question du congrès d'Amsterdam me parait extrêmement importante. Il y a là un gros abcès en formation, et c'est un 4 août communiste qui se prépare sous nos yeux. C'est pourquoi j'ai considéré qu'il était nécessaire de traiter de cette question également dans la préface. Cependant vous avez toute liberté d'utiliser la préface du mieux qu'il vous plaira. Mais ne comptez pas sur une autre préface.

2) J'ai moi-même déjà envisagé un procès contre le journal de Cracovie et contre l'éditeur, mais après mure réflexion j'ai écarté cette idée. Un tel procès durerait au moins 3 ans, engloutirait beaucoup d'argent, et avec les tribunaux polonais le résultat est fort aléatoire. J'ai eu un procès en Allemagne, les meilleurs avocats se sont mis gratuitement et de leur propre initiative à ma disposition, et l'affaire a tout de même duré environ 2 ans. Dans un procès où je serais partie prenante, les tribunaux polonais seront encore pire que les tribunaux français. J'ai mené en France un procès contre un éditeur, et bien que le droit ait été absolument de mon côté, j'ai lamentablement perdu. Et même si l'on gagne, avec deux ans de retard l'intérêt politique de l'affaire s'est estompé depuis longtemps.

3) En ce qui concerne les droits d'auteur, il faut concentrer cette affaire dans les mains du Secrétariat International, afin d'éviter dans ce domaine également l'arbitraire personnel, et d'instaurer des règles systématiques.