1925

« Cette brochure est écrite sur un ton violent, car Kautsky ne mérite pas de ménagements. Néanmoins, elle met en lumière tous les arguments fondamentaux, et même la plupart des arguments secondaires de Kautsky. Elle est destinée en premier lieu aux prolétaires étrangers qui ne sont pas encore décidés à rompre avec des chefs comme Kautsky. Mais, comme elle touche et éclaire théoriquement les questions essentielles de notre vie courante, elle peut être utile également aux masses ouvrières de notre Union. Elle leur montrera toute la déchéance du théoricien de la IIe Internationale.. »

N.I. Boukharine

La bourgeoisie internationale et son apôtre Kautsky

Le soi-disant « krach du communisme » et le capital privé dans l’industrie

Dans ce qui précède, nous avons montré toute l’ignorance du « savant » Karl Kautsky, lorsqu’il se met à raisonner sur les faits élémentaires de notre vie économique.

Mais cette circonstance ne l’accable aucunement. Avec l’aisance d’un « écrivain » qui travaille pour de bons clients, M. Kautsky résume d’une façon décisive et énergique :

Le bolchévisme ne fut pas en état de donner quoique ce soit de ce qu’il promit. Toutes les promesses dont il était si peu avare et par lesquelles il sut entraîner un grand nombre de disciples illusionnés, le bolchevisme fut obligé de les déclarer l’une après l’autre comme étant des illusions ci des erreurs... Naturellement, il ne reconnaît pas jusqu’à présent la vérité complète, c’est-à-dire que son régime ne mène pas au socialisme, mais s’en éloigne. Il n’est plus en état de produire autre chose que des cascades d’injures à l’adresse de ses critiques (pp. 13 et 14).

Pourtant, il appert que les bolchéviks sont clans l’obligation de relever l’économie, car « tout gouvernement tend à la puissance et à la richesse de l’État qu’il gouverne » (p. 22).

Et Kautsky continue :

Par conséquent, les bolchéviks sont obligés d’essayer de remettre sur pied l’industrie et les transports qu’ils ont paralysés. Ils le font, d’une part, au moyen du partage du monopole de l’exploitation du peuple russe à quoi tend tout leur « communisme », avec des capitalistes particuliers, particulièrement avec des capitalistes étrangers qui payent largement pour cela et qui savent mener les affaires d'une façon plus rationnelle que les bolchéviks ; d'autre part, au moyen de la destruction du mur chinois qu’ils ont élevé autour de la Russie soviétique, à l’exemple des gouvernements capitalistes (p. 22).

Et ensuite :

Les emprunts et les concessions capitalistes voilà la panacée qui permettra au communisme gravement malade de se remettre sur pied (p. 32).

Voilà tout ce que M. Kautsky a pu présenter comme preuves de notre dégénérescence économique.

En somme, que voyons-nous ?

Le bolchévisme a promis le paradis communiste ou tout au moins un acheminement vers ce paradis. Il n’a pas tenu ses promesses. Il a reconnu que c’étaient des illusions et des erreurs. Il a établi un régime d’exploitation du peuple russe. Il est gravement malade. Il se sauve avec l’aide du capitalisme étranger, sans lequel il risque de mourir. Il éloigne de plus en plus la société du socialisme.

Ces accusations sans fondement se complètent par quelques remarques dites en passant, à tout hasard, sur le blocus de la Russie soviétique, auquel les interventionnistes auraient travaillé de même que ceux contre lesquels cette intervention était dirigée.

Nous laisserons cette dernière remarque sans réponse, car à une sottise visible on ne répond pas. Rappelons que Kautsky lui-même reconnut que l’intervention était la guerre de la réaction contre la révolution. Maintenant, passons à l’examen des questions contenues dans l’acte d’accusation de Kautsky.

Il faut avant tout poser les questions d’une façon claire et précise et ne pas parler à demi-mot. Que signifient les « reproches » de Kautsky, prétendant que le bolchévisme a reconnu que ses promesses étaient des erreurs et des illusions ?

Ceci est une accusation qu’il faut formuler ainsi : le bolchévisme a promis de réaliser le socialisme et a tenté de le faire ; mais il a rapidement cédé ses positions, il a capitulé en instaurant la soi-disant « nouvelle politique économique ». Mais comment peut-on déchiffrer les discours prophétiques de Kautsky ?

L’acheminement vers le capitalisme, ce sont les concessions et les emprunts. On est donc en présence d’une dégénérescence capitaliste de l’État et du pouvoir soviétistes et du Parti communiste, véritable trahison envers le prolétariat. Les illusions se sont dispersées au vent, la prose de la vie est restée, et cette prose, c’est l’exploitation capitaliste. Le stade historique du bolchévisme, toute son évolution s’expriment non seulement par une croissance de la misère, mais par un passage toujours grandissant à des positions capitalistes.

Nous voyons que c’est ainsi qu’il faut interpréter les paroles de Kautsky par les commentaires de sa gouvernante, qui se promène avec ce vieillard dans les jardins de la « réalité soviétique ». Il s’agit de M. Dan.

Le citoyen Dan n’est pas aussi vieux, n’est pas aussi bête et n’est pas aussi éloigné de la vie que l’est M. Kautsky. M. Dan ne nie pas notre relèvement économique. Il se console seulement de ce que ce relèvement aurait lieu malgré tous les efforts de notre Parti.

Ce progrès, écrit M. Dan, s’est obtenu par la lutte contre la dictature bolchévique, qui se retirait pas à pas sous la pression de l’économie.
Mais cette croissance donne aux classes qui participent à la production de tout autres moyens de lutte contre l'oppression bolchévique : moyens de pression sur le gouvernement bolchévik, à la place d’un soulèvement de désespoir qui était leur seule arme dans les années de déclin économique.

(Remarquons ici que M. Dan justifie postérieurement le soulèvement demandé, tandis que d’après Kautsky c’est la guerre de la réaction contre la révolution qui se produirait.)

Nous assistons justement maintenant à une pression de la paysannerie, qui oblige ainsi les bolchéviks à faire les plus grandes concessions économiques non seulement dans le domaine de l’économie paysanne, mais encore dans le domaine du commerce et de l’industrie qui desservent la paysannerie : la liberté économique des « koulaks », la faculté de prendre des terres à bail et d’employer de la main-d’œuvre salariée dans les campagnes, la réduction des impôts, l’encouragement de l’artisanat, les avantages (comparés à quoi ?) aux commerçants et aux industriels privés, qui préparent en fait la dénationalisation, etc.

Nous ferons remarquer tout d’abord toute l’hypocrisie, tout le manque de liaison et la contradiction des raisonnements menchéviks. D’après Kautsky, la nouvelle politique économique serait d’une part une avance que nous faisons au capital privé et signifierait que nous reconnaissons notre communisme comme étant une erreur, etc. Il affirme cela afin d’éloigner les ouvriers de nous. Mais, d’autre part, d’après ce même Kautsky, les bolchéviks ne pensent pas à partager leurs droits d’exploiteurs avec les capitalistes. Ils se tiennent au-dessus des ouvriers et des capitalistes. Ceci est nécessaire afin d’effrayer les commerçants étrangers. En un mot, c’est une assurance sur les deux fronts. Le critérium pratique de la vérité dégénère chez Kautsky en une simple idéologie obséquieuse et contre-révolutionnaire.

M. Dan et toute sa compagnie raisonnent pourtant avec plus de logique. Mais on remarque encore mieux chez eux leur rôle de Judas. Leur mot d’ordre est le retour au capitalisme sain. Kautsky nous accuse en passant d’éloigner la société du socialisme ; il remarque de même qu’en « Russie bolchévique » il n’existe aucun précédent pour l’établissement du socialisme. Mais il a peur de dire ouvertement : « Vive le capitalisme sain ! » Les menchéviks le disent. Tout développement des rapports capitalistes est salué par eux, car ils le considèrent comme un progrès. Et vraiment, comment ne pas le considérer comme un progrès, si tout l’idéal marxiste est contenu chez eux dans l’idée de « capitalisme sain » ? Ils haïssent le pouvoir soviétique, parce qu’il ne donne pas l’espace nécessaire au développement des rapports capitalistes. Ils espèrent que les couches aisées des paysans, c’est-à-dire les koulaks en premier lieu, ainsi que les marchands qui les desservent, comme s’exprime M. Dan, effectueront une pression suffisante sur ce pouvoir pour le pousser vers la République démocratique, qui est une superstructure politique assez commode pour le développement libre des rapports de production capitaliste. En s’adressant aux marchands, aux koulaks, aux nepmans, à une partie des intellectuels, ils nous attaquent pour les obstacles que nous mettons au capitalisme. Et en s’adressant aux ouvriers, ces chevaliers du « capitalisme sain » font semblant en même temps de protester contre de trop grandes concessions au capitalisme. Ils ont même l’aplomb de parler d’une « grande dénationalisation » dont ils rêvent en cachette, mais qu’ils ne peuvent voir que dans les doux songes menchéviks.

La question du « krach du communisme » se résout assez facilement, si l’on a soin toutefois de regarder simplement la chose, sans mettre auparavant des lunettes menchéviques.

Le système du communisme de guerre était, comme nous l’avons souligné dans le chapitre précédent, le système de l’économie de consommation unifié. Pourtant, dans un complexus économique pareil, où toute la production de blé, de bétail, etc., se répartit entre 22 millions de fermes, le trafic ne peut pas exister sans passer par le marché. Durant la période de guerre, le point central était dans la consommation rationnelle. Dans la période de paix, il se trouve dans la production maximum. Si la période de guerre provoquait des illusions, puisque l’on pensait pouvoir organiser l’économie paysanne en forçant le trafic, l’expérience ultérieure montra que cela ne peut et ne doit être fait que par l’intermédiaire du trafic des marchandises. En même temps que se développe l’économie populaire générale et que le trafic devient de plus en plus actif, l’économie de l’Etat augmente d’importance ; le trafic paysan s’organise en sociétés coopératives, lesquelles s’incorporent au système économique général de l’État prolétarien, en assurant l’hégémonie économique aux banques prolétariennes, à l’industrie, aux transports. En vérité, quel terrible krach du communisme !

Tout homme honnête remarquera immédiatement l’énorme fausseté de tous ces reproches, de toutes ces attaques ignorantes, de toutes ces « critiques », de toutes ces pathétiques paroles de révolte de la social-démocratie hargneuse. Lancez-lui à bout portant cette question : Aurait-il fallu peut-être conserver le système du communisme de guerre ? - et vous verrez comme toute sa révolte factice se dispersera en poussière.

Il est inexact que nous nous soyons éloignés et que nous nous éloignons encore du socialisme. C’est justement le contraire qui est exact.

En effet, lors du communisme de guerre, presque tout était juridiquement entre les mains de l’Etat. En fait, il existait un marché clandestin, à commencer par la Bourse illégale et en terminant par le « colportage des produits ». Pendant ce temps, les entreprises de l’État (fabriques, usines, mines, transports) étaient dans un état désastreux ; elles ne pouvaient fonctionner, ne recevant ni charbon, ni matières premières, ni blé ; la petite production était devenue plus avantageuse que la grosse ; le petit marchand clandestin avait la préférence sur le grand magasin d’État. Mais en même temps, le système du communisme de guerre assurait en fait l’alimentation de l’armée et des ouvriers. Avec l’établissement de la nouvelle politique économique, les forces productives se mirent rapidement à croître. Le commerce régulier s’est légalisé, juridiquement, l’Etat posséda entre ses mains beaucoup moins qu’à l’époque du communisme de guerre. En fait, l’État posséda plus, parce que le développement de la grosse industrie fut assuré.

Le schéma peut être présenté de la façon suivante :

Système du communisme de guerre
(trafic fermé)

Système de la NEP (trafic développé)


A l’État

Aux capitalistes et marchands privés

A l’État

Aux capitalistes et marchands privés

1re année

100 a

a

100 a

5 a

2e année

100 a-n

a-b

150 a

5 a

3e année

100 a-xn

a-xb

200 a

7 a


etc.

etc.

etc.

etc.

L’importance de « l’oasis socialiste » dans notre économie augmente au fur et à mesure que le trafic devient plus actif et que les forces productrices se développent. C’est ce qu’on appelle « le krach du communisme » !

C’est par l’intermédiaire du marché que nous nous approchons de la victoire de la production socialiste et par conséquent de la suprématie sur le marché ; telle est la loi de notre développement.

Le principal dans le processus de relèvement de ces trois dernières années consiste justement dans l’utilisation grandissante des capitaux du pays existants, mais cachés. Cette utilisation n’est devenue possible que grâce au rétablissement du trafic, grâce au système monétaire, aux impôts et au crédit1.

On peut voir jusqu’à quel point M. Kautsky et les menchéviks ont raison en affirmant le krach du communisme, par le témoignage de l’« Economist » déjà cité. Ce dernier écrivait vers la fin de 1924 :

Après la mort de Lénine, dans le courant de janvier, un nouveau changement de la situation se produisit. Les éléments les plus extrêmes du Parti communiste prirent le dessus et les entreprises privées tombèrent de nouveau en disgrâce... L’industrie et le commerce de gros sont presque en entier de nouveau entre les mains de l’Etat.

Il ne s’agit pas des éléments extrêmes, mais de la pression sur le commerce privé, qui a lieu lorsque nous développons notre réseau commercial coopérant et de l’État. Il est vrai que nous avons ensuite desserré l’étau. Mais ce témoignage est suffisant pour comprendre l’importance relative du capital privé et du capital d’État. D’ailleurs, nous ne voulons laisser aucun doute dans l’esprit de nos lecteurs. C’est pourquoi nous allons analyser certaines données de statistique, bien que les arguments scientifiques de M. Kautsky évitent tout contact avec la statistique.

Tout d’abord, il est curieux de se rendre compte de l’importance de l’industrie d’Etat socialisée et de l’industrie privée ; on comprend ici les entreprises louées, les concessions et toute la « propriété privée industrielle ». Nous prendrons avant tout le nombre d’ouvriers salariés2 et leur répartition par groupes d’entreprises.


Mouvement des ouvriers syndiqués


Etat Coopération Privés
1er

1 846 744 (90,7 %)

74 122 (3,6 %)

116 247 (5,7 %)

1er octo. 1924

2 024 796 (89,8 %)

96 940 (4,8 %)

130 068 (5.8 %)

1er janv. 1925

2 044 928 (89,5 %)

115 582 (5,1 %)

124 044 (5,4 %)

Quelle désillusion avons-nous lorsque nous voyons de tels chiffres ! Plus de 5 % de salariés sont employés dans le capital industriel privé ! Est-ce là le krach de l’industrie d’Etat, de l’expérience bolchévique, etc. ? Est-ce là la confirmation de la science de Kautsky ?

Tel est le rapport qui existe entre les entreprises industrielles capitalistes privées et celles de l’Etat, c’est-à-dire entre les entreprises qui emploient de la main-d’œuvre. On peut pourtant poser la question pour toute l’industrie privée, y compris celle qui n’est pas d’un caractère capitaliste, c’est-à-dire en comprenant dans l’analyse les artisans des villes et des campagnes, etc.

Malheureusement, nous ne possédons pas en ce moment les données sur la production totale des différentes branches d’industrie. Nous ne pouvons juger de la situation que d’après le chiffre d’affaires des entreprises industrielles en liaison avec le prélèvement des impôts3.

Tableau comparatif du nombre et de l’importance des différentes entreprises


1922-23

Chiffre d’affaires (en milliers de roubles-or)

%

Entreprises d’État

3 630

783 293

64,4

Entreprises coopérâtives

2 315

29 317

2,4

Entreprises privées

97 812

403 848

33,2

Total

104 357

1 216 458

100 %






Premier semestre 1923-24



Entreprises d’État

8 868

976 406

67,3

Entreprises coopérâtives

5 380

29 853

2.1

Entreprises privées

271921

444 143

30,6

Total

286 169

1 450 402

100 %






Deuxième semestre 1923-24



Entreprises d’État

5 834

1 280 806

71,3

Entreprises coopérâtives

3 819

36 634

2,1

Entreprises privées

246 797

476 819

26.6

Total

256 450

1 794 259

100 %

Il faut naturellement avoir en vue que ces chiffres sont insuffisamment exacts. Mais il n’y a aucun doute qu’ils reflètent le tableau général.

Il faut noter en outre que les chiffres qui concernent l’industrie d’État sont inférieurs à la réalité. Ainsi, selon ces données, le chiffre d’affaires de l’industrie d’État pour l’exercice 1923-24 est évalué à 2 milliards 1/4, tandis qu’en réalité la seule industrie dépendance du Conseil suprême de l’Economie populaire avait un chiffre d’affaires supérieur à 3 milliards.

Par conséquent, pour la période de 1922 à 1924 inclus, le chiffre d’affaires des entreprises d’État s’est élevé de 64,4 % à 71,3%, tandis que, pour la même période, ce chiffre d’affaires pour les entreprises privées est tombé de 33,2 à 26,6 %.

Vraiment les affaires vont si mal chez nous que notre fin est« absolument inévitable » !...

Nous devons tenir compte que les chiffres donnés se rapportent à l’industrie entière : tant à l’industrie des artisans qu’à la petite et moyenne, ainsi qu’à la grosse industrie. Les chiffres suivants du Commissariat des Finances montrent la part de l’industrie privée dans ce chiffre d’affaires pour le deuxième semestre de 1923-24 :


Chiffre d'affaires absolu (en milliers de roubles) Rapport avec le chiffre d’affaires des entreprises privées

catégorie (artisans des villes et des campagnes)

201 245

42.2%

catégories (petite industrie)

187 057

39,2%

5 à 12 catégorie (moyenne et grosse industrie)

88 516

18,6%

Total :

476 819

100%

Si nous considérons l’importance de ces groupes dans le chiffre d’affaires de toute l’industrie, nous obtenons : artisans des villes et des campagnes, 11,8 % ; petite industrie, 10,4 % ; moyenne et grosse industrie, 4,4 % (au total, 26,6 %), chiffre qui correspond à peu près au chiffre des ouvriers occupés dans cette industrie. N’est-ce pas que cela ressemble à ce que dit Dan ? Nous allons directement à une vaste dénationalisation !

L'Economist exprime l’espoir, dans l’article déjà, cité, que tout déclinera de nouveau chez nous, du moment que la participation de l’initiative privée ira en diminuant. On obtient pourtant en réalité un tout autre tableau.

Nous n’avons pas de données sur le chiffre d’affaires de l’industrie d’État pour l’exercice 1924-25. Nous n’avons que les chiffres pour le premier semestre de cet exercice sur 150 trusts et sur un groupe d’entreprises coopératives et privées. La réalisation pour 150 trusts est représentée par 453 567 000 roubles-or pour le deuxième semestre 1923-24 et par 642 millions 152 000 roubles-or pour le premier semestre de 1924-25 (augmentation de 41,5 96). Le chiffre d’affaires pour les entreprises privées pour le premier semestre de 1924-25 (renseignements incomplets) est en croissance de 5,4 % par rapport au deuxième semestre de l’année précédente et la coopération réalise une augmentation de 61,6 %. Si nous prenons ces chiffres comme moyenne pour toutes les autres entreprises dans les groupes correspondants, nous obtiendrons le tableau suivant pour la première moitié de 1924-25 :


Chiffres d'affaires (en millions de roubles-or)

Proportion

Entreprises d'Etat

1 793

76,2 %

Entreprises coopératives

58

2,4 %

Entreprises privées

502

21.4 %

Total :

2 353

100 %

En liant ces chiffres à ceux qui ont été donnés plus haut, nous constatons que, pour la période de 1922 à la première moitié de 1924-25 inclus, le mouvement des rapports entre l’industrie d’État et l'industrie privée s’exprime comme suit :


Entreprises d’État

Entreprises privées

1922-23

64,4

33,2

1re moitié 1923-24

67,3

30,6

2e moitié 1923-24

71,3

26,6

1re moitié 1924-25

76,2

21,4

L’économie de l’État recule-t-elle devant l’économie privée ? De quelle perspicacité, de quelle sagacité, et en même temps de quelle conscience et de quelle prétention font preuve ces écrivains social-démocrates !...

Nous voyons donc qu’en ce qui concerne l’industrie, le coup monté par Kautsky est vraiment manqué. Comme toujours, il n’a pas de chance, dès qu’il est question de faits et de chiffres. Il n’a pas eu de chance dans l’industrie, peut-être en aura-t-il plus dans le commerce ?

C’est ce que nous allons voir.

Notes

1 Professeur Kafenhaus : La Grosse Industrie en 1923-24.

2 Le terme « ouvriers salariés » n’est pas applicable aux ouvriers de l’industrie d’État. Nous l’employons faute d’autre terme./p>

3 Les données que nous citons, empruntées au Commissariat des Finances, ont trait à l’impôt progressif, dont environ 80 % des entreprises sont frappées.

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