1988

" Pendant 43 ans, de ma vie consciente, je suis resté un révolutionnaire; pendant 42 de ces années, j'ai lutté sous la bannière du marxisme. Si j'avais à recommencer tout, j'essaierai certes d'éviter telle ou telle erreur, mais le cours général de ma vie resterait inchangé " - L. Trotsky.

P. Broué

Trotsky

LIX - La IVe Internationale et la guerre1

Dès 1933, dans les semaines qui avaient suivi la Déclaration des Quatre et le début du combat pour la IVe Internationale, Trotsky avait rédigé une contribution à la discussion programmatique intitulée « La Guerre et la IVe Internationale2 ».

Il commençait par affirmer qu'à cette époque, définie par Lénine comme celle des « guerres et des révolutions », les mêmes processus étaient à l'œuvre qui avaient produit déjà la Première Guerre mondiale, « déclenchant la croissance des armements à un niveau technique supérieur et conduisant ainsi à une nouvelle guerre impérialiste dont le fascisme est l'artificier et l'organisateur le plus consistant3 ».

La guerre qui vient sera, il en est convaincu, plus destructrice encore que la première et infiniment plus cruelle. Cette question est, à ses yeux, « la question clé pour la politique prolétarienne4 ». Bien entendu, comme lors de la Première Guerre mondiale, les organisations ouvrières ne doivent pas se laisser prendre au piège de la « défense nationale » ou de la « guerre pour la démocratie ». Il faut affirmer avec force qu'une guerre opposant deux grandes puissances ne peut être en aucune façon une lutte entre « la démocratie et le fascisme », mais seulement une lutte entre deux impérialismes rivaux. La défense de l'Etat national est devenue, au sens le plus plein du terme, une tâche réactionnaire. Le devoir du prolétariat est de défendre l'U.R.S.S. contre l'agression impérialiste qui, en détruisant les conquêtes d'Octobre, rejetterait l'humanité en arrière. Il est aussi de combattre le fascisme et de défendre la démocratie par ses propres méthodes de classe, et en toute indépendance de sa propre bourgeoisie et de son gouvernement.

Ces conditions nouvelles exigent des positions nouvelles, et les camarades de Trotsky se plaignent qu'il ne place plus, du fait de la « défense de l'U.R.S.S. », le « défaitisme révolutionnaire » au centre de la stratégie prolétarienne devant la guerre. Il considère en effet comme probable qu'au cours du prochain conflit l'Union soviétique sera alliée à un Etat ou à un bloc impérialiste contre un autre : une telle alliance ne diminue pas la nécessité, pour le prolétariat, de défendre l'U.R.S.S. mais rend, en ce cas, plus impérative encore sa propre indépendance vis-à-vis de la bureaucratie soviétique. Il ajoute :

« Le soutien inconditionnel de l'U.R.S.S. contre les armées impérialistes doit aller de pair avec la critique marxiste révolutionnaire de la guerre et de la politique diplomatique du gouvernement soviétique et avec la formation, à l'intérieur de l'U.R.S.S., d'un parti révolutionnaire authentique des bolcheviks-léninistes5. »

Il est évidemment impossible, précise-t-il, de savoir si la guerre éclatera avant que la IVe Internationale soit devenue une force réelle, mais ce qui est évident c'est que la seule façon de lutter contre la guerre, quel que soit le moment où elle éclate, c'est de commencer à lutter tout de suite pour construire la IVe Internationale. C'est une nécessité absolue pour donner à la guerre une suite révolutionnaire. en permettant à la révolution née de la volonté des masses de s'imposer plus vite et de vaincre plus sûrement.

* * *

Nous touchons ici un point névralgique de l'historiographie de Trotsky. Peu d'auteurs comprennent l'importance attachée par lui à la IVe Internationale : ils la minimisent ou la passent sous silence. Une édition de ses écrits sur la Seconde Guerre mondiale a même été - sans intention malveillante, semble-t-il - expurgée de tous les passages portant sur la IVe Internationale, comme s'il s'agissait d'affirmations rituelles sans rapport avec le reste de l'analyse ou des arguments*! Or, qu'il ait eu raison ou tort, c'est cette tâche que Trotsky plaçait au centre : la construction de la IVe Internationale était, pour lui, la clé des perspectives révolutionnaires.

Le 25 mars 1935, après des remarques concernant Rakovsky qui était son dernier lien avec l'ancienne génération révolutionnaire, il abordait cette question en assurant dans son Journal d'Exil  :

« Je crois que le travail que je fais en ce moment - malgré tout ce qu'il a d'extrêmement insuffisant et fragmentaire - est le travail le plus important de ma vie, plus important que 1917, plus important que l'époque de la guerre civile, etc.6 . »

Après avoir examiné son rôle, qu'il ne minimise pas, pendant la période d'Octobre et la guerre civile, il répète, insiste et argumente :

« Je ne peux pas dire que mon travail ait été irremplaçable, même en ce qui concerne la période 1917-1921. Tandis que ce que je fais maintenant est dans le plein sens du terme " irremplaçable ". Il n'y a pas dans cette affirmation la moindre vanité. L'effondrement de deux Internationales a posé un problème qu'aucun des chefs de ces Internationales n'est le moins du monde apte à traiter. Les particularités de mon destin personnel m'ont placé face à ce problème, armé de pied en cap d'une sérieuse expérience. Munir d'une méthode révolutionnaire la nouvelle génération, par-dessus la tête des chefs de la IIe et de la IIIe Internationale, c'est une tâche qui n'a pas, hormis moi, d'homme capable de la remplir. Et je suis pleinement d'accord avec Lénine (ou plutôt avec Tourguéniev) que le plus grand vice est d'avoir plus de cinquante-cinq ans. Il me faut encore au moins quelque cinq ans de travail ininterrompu pour assurer la transmission de l'héritage7. »

Nous avons déjà vu les premiers efforts déployés par Trotsky dans la voie de la IVe Internationale, Déclaration des Quatre, Lettre ouverte... Pour lui, l'approche de la guerre en rend plus impérieuse encore la construction : en aucun cas les révolutionnaires, pense-il, ne doivent renouveler l'erreur qu'ils ont tous commise avant 1914, ce refus de la scission qui les jeta dans la Première Guerre mondiale sans organisation, sans moyens et même sans drapeau. De ce point de vue, on ne peut qu'être frappé de l'indifférence avec laquelle il aborde, dans une lettre à Victor Serge en juin 1936, les aspects formels de cette construction :

« J'avoue ne pas comprendre ce que signifie " fonder " la IVe Internationale. Il existe dans différents pays des organisations qui luttent sous ce drapeau. Elles essaient de déterminer ensemble leur position sur tous les événements mondiaux. Elles sont en train de préparer un programme commun fondé sur des concepts pratiques et théoriques qui plongent leurs racines dans l'histoire. Peut-être un futur Riazanov pourra-t-il résoudre à loisir la question de savoir exactement quand la IVe Internationale a été fondée. En ce qui nous concerne, nous devons seulement développer notre travail8. »

A cette date, Trotsky a déjà mis en place l'organisation d'une conférence internationale dont l'objectif est de constituer les éléments d'une direction et d'adopter les bases pour l'élaboration d'un programme : ce sera la « conférence de Genève », tenue à Paris, salle Pleyel les 29, 30 et 31 juillet 1936. Nous avons, à son propos, souligné ailleurs que les récentes découvertes dans les papiers de Harvard mettent un terme définitif à la légende - mise en circulation par Pierre Frank et reprise par d'autres - selon laquelle cette conférence se serait opposée à une proposition de Trotsky de proclamer la IVe Internationale9. La réponse d'ailleurs se trouvait déjà dans des thèses rédigées par Trotsky pour cette conférence :

« Il est aussi futile qu'absurde de discuter si le moment est venu de la " fonder . Une Internationale ne se fonde pas comme une coopérative elle se crée dans la lutte. Les journées de juin [en France] donnent une réponse aux pédants qui discutent pour savoir si " c’est bien le moment ". La discussion est close10. »

La conférence internationale « de Genève » avait prévu la tenue dans les sept mois d'une nouvelle conférence, destinée à faire le point et à prendre des mesures d'organisation et de consolidation. Mais les conférences proposent et les développements historiques disposent : les procès de Moscou, l'internement en Norvège, le départ au Mexique, l'activité meurtrière renouvelée du G.P.U., avaient obligé à attendre beaucoup plus. Ce n'est finalement qu'avec la constitution aux Etats-Unis, au début de 1938, du Socialist Workers Party et l'achèvement de la rédaction par Trotsky du Programme de Transition - programme non de la IVe Internationale, comme on le dit souvent, mais de la IVe Internationale pour le passage à la révolution prolétarienne à partir de la crise de la société capitaliste - que les conditions sont jugées suffisantes par Trotsky pour convoquer une nouvelle conférence.

C'est son point de vue sur cette question qui s'exprime sans aucune ambiguïté dans la circulaire de convocation signée par le secrétariat international :

« Ce sera en fait probablement notre dernière conférence internationale avant l'éclatement de la guerre mondiale et les événements révolutionnaires qu'elle engendrera inévitablement. Il nous faut faire un bilan de notre expérience, vérifier, confirmer, préciser notre programme et notre politique, consolider les bases idéologiques et organisationnelles de la IVe Internationale afin de pouvoir effectivement jouer le rôle que l'Histoire nous a confié. S'agira-t-il de poser la question de la " fondation " de la IVe Internationale ? C'est une bien mauvaise façon de poser la question. Le processus de la formation de la IVe Internationale a commencé il y a bien longtemps et il ne se terminera pas dans un avenir proche. Il est en tout cas nécessaire que ceux qui, dans le monde entier, combattent pour le programme bolchevique de la IVe Internationale, construisent, consolident, élargissent leur organisation internationale, appliquent à l'échelle internationale le centralisme démocratique. Puisse la seconde conférence internationale constituer un nouveau pas en avant dans cette direction11 ! »

C'est le point de vue même exprimé a l'époque dans le Programme de Transition: « Naturellement, nous sommes une Internationale faible, mais nous sommes une Internationale. »

Trotsky a-t-il abandonné à ce moment l'idée selon laquelle les bolcheviks-léninistes ne sont qu'une fraction de l'Internationale qui se construit avec d'autres courants ? Certainement pas. L'approche de la guerre contribue certes à leur isolement et au fait qu'ils soient, au terme de la première étape, les seuls à former les rangs de l'Internationale ; il continue à penser que la phase supérieure qui suivra dans la période d'édification sera celle où les bolcheviks-léninistes constitueront une fraction - indispensable, mais une fraction seulement - de la IVe Internationale en construction.

Peut-être est-ce la position des délégués polonais Sztokfisz et Lamed, en accord à cette époque avec Deutscher qui a conduit les délégués de la « conférence de Lausanne » (tenue à Périgny le 3 septembre 1938) à adopter une position formelle sur la « fondation » de la IVe Internationale. Ces derniers estiment en effet qu'il ne saurait être question de dire qu'il « existe » une IVe Internationale ni que celle-ci soit « fondée » ou « proclamée », tant qu'elle ne compte pas dans ses rangs plusieurs « partis de masse »…

La majorité des délégués estime, pour leur part, nécessaire d'inclure dans les statuts qu'ils adoptent la décision de la « fonder », à la suite d'un bref débat et d'un vote formel, par 19 voix contre 1. Cela implique-t-il que Trotsky ait personnellement changé d'avis sur ce point ? Il semble hasardeux de l'affirmer. On peut tout au plus supposer, avec George Breitman, que la lettre adressée par Trotsky à l'ancien dirigeant du P.C. tchécoslovaque Josef Guttmann et à ses amis par l'intermédiaire du Jiří Kopp, intitulée « Pour la IVe Internationale ? Non. La IVe Internationale » a été comprise par ses camarades comme un encouragement à décider cette fondation formelle12.

Sur cette question comme sur d'autres apparaît en tout cas avec une particulière clarté l'écart qui existait, du vivant de Trotsky, entre sa pensée politique et la traduction qu'en donnaient ses camarades, même les plus proches.

* * *

Les nouveaux grands textes de Trotsky sur la guerre sont précédés d'escarmouches à l'intérieur de la IVe Internationale révélant l'ampleur de certains désaccords dont l'existence était déjà apparue lors de l'élaboration des thèses sur « La Guerre et la IV° Internationale », où, finalement, il n'avait pas pu faire passer intégralement sa propre position et avait dû se contenter d'une formulation de compromis.

Nous avons déjà mentionné les textes dans lesquels Trotsky manifeste son hostilité résolue aux arguments des ultra-gauchistes américains qui préconisent en Espagne une politique « défaitiste » renvoyant dos à dos les armées de Franco et celles de Negrín. C'est à peu près au même moment qu'il intervient dans la discussion sur le conflit sino-japonais en se solidarisant avec Chen Duxiu :

« S'il existe au monde une guerre juste, c'est bien la guerre du peuple chinois contre ses oppresseurs. [...] Les organisations ouvrières du Japon n'ont pas le droit d'être patriotes, mais celles de Chine l'ont13. »

Sur ce point, il est extrêmement net : la distinction doit être opérée entre pays oppresseurs et peuples opprimés. Dans la guerre d'agression lancée en 1935 par l'Italie de Mussolini contre l'Ethiopie du Négus Hailé Sélassié, les révolutionnaires doivent défendre le régime médiéval d'Ethiopie contre l'Italie impérialiste, tout en condamnant les « sanctions » prises par les autres impérialismes. Elle devrait, de même, se situer au côté d'un Brésil, même « fascisant », contre une Grande-Bretagne, impérialisme « démocratique ».

La discussion la plus vive est provoquée par une réponse de Trotsky, lors de son interrogatoire par la commission Dewey, à Stolberg, qui lui demande l'attitude qu'il préconiserait dans le cas d'une guerre où l'U.R.S.S. serait alliée à la France contre l'Allemagne. Il répond qu'il n'est pas question d'appliquer le « défaitisme révolutionnaire » : en France, il préconise l'agitation politique en vue de la révolution prolétarienne, tandis qu'en Allemagne il propose l'action de « sabotage de la machine militaire et de l'effort de guerre14 ». Il est immédiatement vivement critiqué par le Belge Vereeken qui l'accuse de préconiser en France, pays allié à l'U.R.S.S., une politique d'union sacrée.

Le premier grand texte consacré à la prochaine Seconde guerre mondiale porte le titre « Une Leçon toute fraîche. Sur le caractère de la guerre prochaine ». Il s'agit des accords de Munich. Sa premiere réaction, du 22 septembre, a porté presque exclusivement sur la signification de ces accords pour l'U.R.S.S. : Hitler, avec l'effondrement de la Tchécoslovaquie, a gagné une base contre l'U.R.S.S. ; cet effondrement est aussi celui de cinq années de politique extérieure de Staline fondée sur « l'alliance des démocraties » ; on peut être certain que Staline va maintenant chercher un accord avec Hitler15.

Revenant sur la question le 10 octobre, Trotsky développe à nouveau le thème que la guerre qui se prépare a pour objectif un nouveau partage du monde. Il s'élève contre la conception diffusée dans la presse occidentale, selon laquelle il s'agirait d’une guerre « des démocraties contre le fascisme ». De ce point de vue, écrit-il, Munich a apporté un éclairage nouveau puisque l'alliance des quatre signataires de Munich - Allemagne et Italie, Grande-Bretagne et France - s'est, au fond, substituée au « front des démocraties ». C'est, en outre, avec la bénédiction des dites démocraties que le régime démocratique de la Tchécoslovaquie a été balayé au profit de la dictature militaire fascisante et pro-allemande du général Syrový16.

Soulignant la faillite de la politique extérieure de l'U.R.S.S. stalinienne et le complet discrédit de l'Internationale communiste, Trotsky montre l'importance particulière revêtue par cette politique dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, invités jusqu'à présent à souvenir une guerre des « démocraties » qui sont aussi les puissances coloniales qui les oppriment. Il signale aussi l'existence au sein des partis communistes de ce qu'il appelle le « com-chauvinisme », résultat, explique-t-il, de la corruption de ces partis par des années de liaison étroite avec leurs bourgeoisies nationales dans le cadre de la politique des Fronts populaires, dans lequel il voit un facteur de l'éclatement à venir de ces partis dans la Seconde Guerre mondiale17.

* * *

Aucun des événements qui secouèrent le monde en 1939 ne surprit Trotsky. Il avait prévu à bref délai le début de la Seconde Guerre mondiale, qu'il savait inévitable depuis que les révolutions française et espagnole n'avaient pas réussi à inverser le courant. Il savait depuis Munich que l'U.R.S.S. était condamnée par la faillite de sa politique d'alliance avec les « démocraties », à rechercher désormais désespérément celle de l'Allemagne hitlérienne, et il avait tout au long de l'année relevé calmement et méthodiquement les indices qui s'accumulaient d'une prochaine conclusion d'un « pacte » germano-soviétique. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que c'est seulement le 4 septembre 1939 qu'il rédigea son premier commentaire public de ce pacte, conclu le 23 août précédent :

« Pour attaquer la Pologne et pour faire la guerre à la Grande-Bretagne et à la France, Hitler avait besoin de la neutralité " amicale " de l'U.R.S.S., plus des matières premières soviétiques. Les pactes politique et commercial lui ont assuré les deux18. »

L'unique « mérite » qu'il voie dans le pacte est qu'il arrache le masque de la politique de Staline et de l'Internationale communiste, en les montrant engagés maintenant à la suite de l'entreprise hitlérienne de conquête.

Or les choses ne sont pas perçues de la même façon à ce moment par une fraction de la direction du S.W.P. des Etats-Unis, à qui le « pacte » apparaît comme une sorte de « révélateur » de la « nature de l'U.R.S.S. », un élément nouveau qui rendrait, par conséquent, nécessaire une profonde révision théorique sur ce point. Dès le 3 septembre, James Burnham a revendiqué la convocation d'un comité national pour « réexaminer la question russe ». Le 3 septembre, il a remis, en vue de la discussion, un texte dans lequel il explique que l'U.R.S.S. ne peut désormais plus être considérée comme « un Etat ouvrier en quelque sens que ce soit ». Le 18, il assure, dans une résolution présentée au comité national, que « par son invasion de la Pologne, l'Armée rouge participe intégralement à une guerre de conquête impérialiste » et que « cette évaluation de la guerre doit gouverner les éditoriaux et articles d'information de notre presse19 ». Malgré l'indignation de Cannon, qui ne croit pas que le parti « puisse s'offrir le luxe d'une nouvelle discussion20 », Trotsky s'engage dans le débat ainsi ouvert qui s'étalera sur six mois et laissera exsangue la plus vivace et la plus active des sections de l'Internationale.

Pendant cette période, il se trouve totalement engagé dans la bataille interne du S.W.P. Outre d'innombrables lettres, il écrit plusieurs contributions personnelles à la discussion, à paraître dans les bulletins intérieurs, un total de 200 pages environ dont l'essentiel a été publié en plusieurs langues, et en français sous le titre Défense du Marxisme. Partie de l'analyse de classe de l'État soviétique, l'opposition - que rejoint bientôt, a la douloureuse surprise de Trotsky, Max Shachtman, qu'il ne parvient pas à convaincre de venir discuter avec lui à Coyoacán - élargit bientôt le front de sa critique en attaquant ce qu'elle appelle le « régime » Cannon du S.W.P. De plus, elle opère, sous couleur de critique des « méthodes », ce que Trotsky considère comme une remise en cause des principes, à commencer par la dialectique.

C'est la première crise sérieuse de la IVe Internationale qui explose ainsi. Avec Shachtman et Abern à la tête de l'Opposition, elle est le signe du déchirement de la vieille garde et du noyau dirigeant aux Etats-Unis. Non moins grave est le fait qu'ils réussissent à grouper derrière eux le gros de la jeune génération gagnée au cours des dernières années et notamment dans la période de l'« entrisme » à travers l'activité des Jeunesses socialistes, l'Y.P.S.L. (Young People's Socialist League) organisation de jeunes conquise, précisément, sur le parti socialiste et à travers le « travail entriste ». C'est pour cette dernière que Trotsky a accepté et voulu la discussion, et qu'il s'oppose à tout ce qui pourrait l'interrompre prématurément. Il veut convaincre les jeunes, il veut regagner les anciens et manifestera par mille concessions qu'il est prêt à aller très loin pour empêcher une scission et préserver une unité qui lui permet d’argumenter et de convaincre. On décèle sans peine les divergences sur ce dernier point avec Cannon, pressé d'en finir avec les palabres d'intellectuels et qui invoque l'impatience des « ouvriers » pour clore un débat dont il ne veut pas. Trotsky a certes l'initiative politique et mène la discussion comme il l'entend, mais il n'a pas de possibilité d'intervention pratique ni le contrôle quotidien de ce combat fractionnel.

Son premier article sur l'U.R.S.S., « L'U.R.S.S. dans la guerre », daté du 25 septembre21, reprend, à la lumière du pacte, le problème de la « nature sociale » de l’Union soviétique. Il s'étonne que des propositions de « révision » soient justifiées par « le pacte » qui n'apporte aucun élément nouveau sauf pour qui se situe sur les positions « antifascistes » de la veille de l'Internationale communiste.

Il souligne qu'à son avis ses critiques ne discutent finalement ni son analyse de la bureaucratie ni celle de ses rapports avec la société soviétique ou les travailleurs du monde : ils lui reprochent seulement la terminologie de ses conclusions : refusant de parler d'« Etat ouvrier dégénéré », ils exigent qu'on qualifie la bureaucratie de « classe dirigeante ».

Or il ne conteste pas que la bureaucratie soit « une nouvelle formation sociale extrêmement puissante ». Pour lui cependant, s'il fallait, comme Burnham, la caractériser comme une classe, ce ne pourrait en aucun cas être une classe comme les autres. Expliquant l'emploi du terme de « caste » - qui permet de souligner son « caractère fermé », son « despotisme » et sa « morgue » -, il dit que le seul problème est le suivant :

« La bureaucratie constitue-t-elle une excroissance sur l'organisme social ou bien cette excroissance s'est-elle transformée en un organe historiquement nécessaire22 ? »

Pour lui, la question ne sera tranchée que par le développement historique :

« Si cette guerre provoque, comme nous le croyons, la révolution prolétarienne, elle entraînera inévitablement le renversement de la bureaucratie en U.R.S.S. et la résurrection de la démocratie soviétique sur des bases économiques et culturelles infiniment plus élevées qu'en 1918. Dans ce cas, la question de savoir si la bureaucratie stalinienne est une " classe " ou une excroissance [...] se résoudra d'elle-même. Il sera clair alors que, dans le processus du développement de la révolution internationale, la bureaucratie soviétique ne représentait qu'une rechute épisodique.
« Si l'on considère au contraire que la guerre actuelle va provoquer non la révolution mais le déclin du prolétariat, il n'existe plus qu'une issue à l'alternative. [...] L'incapacité du prolétariat à prendre en main la direction de la société pourrait effectivement dans ces conditions mener au développement d'une nouvelle classe exploiteuse issue de la bureaucratie bonapartiste et fasciste. Ce serait, selon toute vraisemblance, un régime de décadence qui signifierait le crépuscule de la civilisation23. »

Trotsky est cependant convaincu qu'il n'existe aucune donnée objective suffisamment convaincante pour contraindre à renoncer aux perspectives de révolution socialiste. C'est pourquoi il pronostique, dans les territoires polonais incorporés à l'U.R.S.S., une expropriation des grands propriétaires et une étatisation des moyens de production, dans la mesure où la bureaucratie ne veut ni ne peut partager pouvoir et privilèges avec les anciennes classes dirigeantes. Ce serait seulement si la bureaucratie s'accommodait, dans les territoires annexés, de l'existence de la propriété privée des moyens de production qu'il y aurait lieu de réviser l'appréciation sur l'U.R.S.S. et sa nature. Il en profite pour souligner que « l'expropriation des expropriateurs » dans les territoires occupés se fait sous une forme militaro-bureaucratique qui ne laisse aucun doute sur la détermination du régime « conquérant » de réprimer tout mouvement autonome des masses : de ce point de vue décisif, la politique de Moscou conserve son caractère réactionnaire. Il répète :

« Pour que la propriété nationalisée - dans les territoires occupés comme en U.R.S.S. - devienne une base de développement progressiste, c'est-à-dire socialiste, il faut renverser la bureaucratie de Moscou24. »

Sa conclusion est qu'il n'existe aucune raison de modifier la position de l'organisation à l'égard de l'U.R.S.S. : il importe seulement de préciser les tâches à la lumière de ce qui se passe à l'Est. Il est net :

« Nous devons formuler nos mots d'ordre de manière que les travailleurs voient clairement ce que nous défendons précisément en U.R.S.S. - la propriété d'Etat et l'économie planifiée - et contre quoi nous luttons sans merci - la bureaucratie parasitaire et son Internationale communiste.
« [...] La question du renversement de la bureaucratie soviétique est pour nous subordonnée à la question de la préservation de la propriété étatique des moyens de production en U.R.S.S. et que la préservation de la propriété étatique des moyens de production en U.R.S.S. est subordonnée pour nous à la révolution prolétarienne internationale25. »

Moins d'un mois plus tard, il revient sur les conceptions défendues par l'Italien Bruno Rizzi, dont il devine qu'il inspire les chefs de la minorité, et polémique contre la notion de « collectivisme bureaucratique ». Il n’accepte pas non plus que la politique extérieure de l'U.R.S.S. soit qualifiée d'impérialiste :

« Dans la littérature contemporaine, au moins dans la littérature marxiste, on entend par " impérialisme " la politique d'expansion du Capital financier, qui a un contenu économique bien défini. Employer pour la politique du Kremlin le terme d'impérialisme, sans expliquer ce qu'on entend précisément par là, revient tout simplement à identifier la politique de la bureaucratie bonapartiste à celle du capitalisme monopoliste, sur la base du fait que l'un comme l'autre utilisent la force militaire à des fins d'expansion26. »

Dans la deuxième partie de la discussion, il s'efforce de déplacer l'accent vers la question du « matérialisme dialectique », que Burnham ne « reconnaît pas », et engage le débat sur cette question.

Invité par la commission parlementaire américaine, présidée par Martin Dies, sur les « activités non américaines », il lui donner son témoignage, Trotsky, soucieux d'utiliser, malgré l'anticommunisme de ses animateurs, une tribune qui porte loin et peut atteindre un très large public américain, accepte, tout en exigeant que l'audience ait lieu aux Etats-Unis, ce qui lui donnerait les moyens de la préparer sérieusement. Sa réponse a provoqué les déchaînements de fureur des staliniens - bien que les dirigeants du P.C. américain aient accepté de comparaître et de témoigner -, mais aussi une sévère censure de la part de James Burnham. Cet incident, le cours pris ensuite par le débat dans le S.W.P., le persuadent vite que c'est la pression de l'opinion publique américaine - très hostile au « pacte » - qui a poussé les minoritaires du S.W.P. à remettre en cause, au-delà de la « nature » de l'U.R.S.S., les principes de la IVe Internationale en même temps - il en est persuadé - que la perspective même de la révolution mondiale, au moins pour la majorité d'entre eux.

Malgré tous ses efforts, il n'arrive pourtant pas à susciter dans les rangs de la minorité le clivage qu'il souhaite. Burnham, qui n'a fait que répéter les théories de Rizzi, renonce bien vite à les défendre, rompt avec le marxisme et s'engage dans la voie qui le conduira, dans les années soixante, à l'extrême droite de la vie politique américaine, avec les « faucons » du républicain Goldwater. Les autres minoritaires resserrent leurs rangs autour de Shachtman, beaucoup se retirant tout simplement de l'activité politique.

La polémique menée contre Rizzi d'abord, contre Burnham et Shachtman ensuite ne manque pourtant pas d'intérêt. A propos de la partie orientale de la Pologne et des régions de Finlande occupées après l'attaque soviétique, il a constaté que l'occupation entraîne des transformations sociales et, au premier chef, le renversement de la propriété : demain, il faudra défendre contre Hitler ces changements et ces pays, tels qu'ils sont devenus, quand bien même, comme il le pense, l'« Etat ouvrier contre-révolutionnaire » doive frapper les ouvriers finlandais et polonais. Le processus tourne court en Finlande où l'armée russe est contenue militairement. L'analyse de Trotsky apporte néanmoins une vive lumière sur les transformations contradictoires que connaîtront à la fin de la guerre les pays occupés par l'U.R.S.S., ces « pays du glacis » appelés à devenir les « démocraties populaires ».

On retiendra aussi comme le produit d'une bonne plume que nous connaissons bien l'analyse de l'origine sociale du scepticisme en matière théorique et de l'éclectisme en matière philosophique, fréquents chez les chefs de l'opposition du S.W.P., le poids aussi de l'empirisme, système de pensée propre à la société américaine, dans la façon. de penser des militants américains qui se réclament pourtant du marxisme.

* * *

Ce n'est qu'au printemps de 1940, après la consommation de la scission du S.W.P. et la clôture de la discussion, que Trotsky peut se consacrer à d'autres thèmes que la défense des principes ou de la méthode dialectique, c'est-à-dire à l'exploration de la réalité de la guerre commencée depuis presque dix mois. Il n'aura pas le temps de mener jusqu'au bout sa réflexion, et c'est bien entendu ce qui rend incertaines les conclusions que l'on peut tirer de ces textes inachevés.

Naturellement, Trotsky est tout à fait convaincu - il l'a assez souvent écrit auparavant - que la guerre menace l'existence même de la civilisation humaine. Mais il souligne qu'il est désormais vain d'espérer y échapper. Cette guerre, aucune révolution ne peut plus désormais l'empêcher. Elle est devenue le creuset géant où, au prix d'indicibles souffrances pour des millions d'êtres humains, va naître la nouvelle vague de la révolution mondiale. Là s'arrête la ressemblance avec la guerre de 1914-1918, qu'elle va laisser loin en arrière du point de vue de l'horreur :

« La guerre actuelle, nous l'avons dit plus d'une fois, n'est que la continuation de la dernière guerre. Mais continuation n'est pas répétition. En règle générale, une continuation signifie un développement, un approfondissement, une accentuation. Notre politique, la politique du prolétariat révolutionnaire à l'égard de la deuxième guerre impérialiste, est une continuation de la politique élaborée pendant la première guerre impérialiste, avant tout sous la direction de Lénine. Mais continuation ne signifie pas répétition. Dans ce cas aussi, une continuation est un développement, un approfondissement, une accentuation27. »

Pour lui, la différence est importante entre la politique des révolutionnaires dans le cours de ces deux guerres. Dans la première, non seulement le prolétariat mais son avant-garde ont été surpris, démunis de toute politique révolutionnaire, qu'il a fallu élaborer dans les pires conditions de dictature militaire de période de guerre. Mais les éléments révolutionnaires ne se sentaient pas eux-mêmes comme des candidats au pouvoir et l'ensemble de leur lutte dans cette période porte donc l'empreinte de son caractère avant tout défensif.

Et Trotsky fait une remarque probablement décisive pour sa pensée sur la guerre en relevant que l'attitude de refus de la défense nationale, parfaitement juste, répondait aux besoins de la propagande et de la formation de cadres, mais qu'elle était incapable de gagner les masses qui « ne voulaient pas d'un conquérant étranger28 ». Et ce ne sont pas les mots d'ordre contre la guerre, contre le militarisme, qui ont finalement gagné les masses russes, mais des réponses positives à leurs aspirations.

Pour lui, la différence essentielle entre la Première et la Seconde Guerre mondiale se trouve dans la situation objective, des contradictions aggravées et aussi dans l'expérience mondiale de la classe ouvrière qui sait maintenant que la révolution est nécessaire pour mettre un terme aux souffrances que lui inflige la guerre. Il écrit :

« C'est cette perspective qui doit être à la base de notre agitation. Il ne s'agit pas simplement d'avoir une position sur le militarisme capitaliste et le refus de défendre l'Etat bourgeois, mais de la préparation directe pour la prise du pouvoir et la défense de la patrie socialiste29. »

Dans le Manifeste de la conférence dite d'« alarme » réunie en mai 194030, entièrement rédigé par Trotsky, se trouvent rappelés toutes les analyses sur les causes et le caractère impérialiste de la guerre, les arguments des uns et des autres sur « la défense nationale », la « lutte pour la démocratie », la « défense de la race », l'« espace vital » ou « l'ordre nouveau », le danger qui menace l'U.R.S.S. et la nécessité de sa défense et du « renversement révolutionnaire de la clique bonapartiste stalinienne ». Trotsky étudie ensuite la place dans la guerre des « peuples colonisés », celle de l'Inde, de la Chine, de l'Amérique latine. Il analyse la politique des grandes organisations ouvrières, IIe Internationale, IIIe Internationale, dans les métropoles comme dans les colonies, et débouche sur la perspective de la révolution mondiale et de la IVe Internationale, la seule, dit-il, dont la politique de temps de guerre renforce et continue celle du temps de paix. Il y affirme avec force :

« Cette guerre n'est pas notre guerre. [...] La IVe Internationale édifie sa politique non sur la fortune des armes des Etats capitalistes, mais sur la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, une guerre des ouvriers contre les capitalistes, sur le renversement des classes dominantes dans tous les pays, sur la révolution socialiste mondiale31. »

Trotsky, au moment où il fut assassiné, venait juste d'avoir la possibilité d'entrevoir ce qu'allait être l'« Europe brune ». Aux rodomontades des nazis qui annonçaient leur règne pour mille ans, il répondait avec assurance qu'ils n'en avaient tout au plus que pour dix ans. En même temps, il avait clairement vu ce qu'allait signifier leur règne, pour les millions de travailleurs européens sous la botte. L'aspect positif sur lequel les révolutionnaires doivent prendre appui, c'était la haine des masses ouvrières contre Hitler, « une haine sentimentale mêlée à des sentiments de classe confus32 », une haine de classe contre les bandits victorieux.

Il propose à ses camarades américains de s'appuyer sur ce même sentiment, qui prévaut aussi chez les travailleurs des Etats-Unis. Ils sont pourtant visiblement interloqués quand il les invite à revendiquer pour les syndicats la formation et l'instruction d'officiers ouvriers, la préparation militaire des travailleurs sous contrôle syndical. En fait, il les appelle à envisager toutes les formes nouvelles de la « société militarisée » dans lesquelles ils vont se trouver maintenant insérés. Ces revendications de militarisation et de contrôle en même temps, vont, selon lui, de pair avec le mot d'ordre agitatif autour duquel ils doivent regrouper les plus grandes masses: « Nous voulons lutter contre le fascisme, mais pas à la façon de Pétain33. »

Il faut placer sur le même plan le souci, presque obsessionnel, manifesté par Trotsky, que les révolutionnaires, devenus « militaristes » - il précise « militaristes socialistes révolutionnaires prolétariens » - ne puissent en aucun cas être confondus avec les « pacifistes ». Le sort de l'humanité va se régler les armes à la main, et les révolutionnaires doivent être capables de les manier et d'organiser leur propre lutte « militarisée ».

Après la chute de la France - qu'il ne considère pas comme un simple épisode, mais comme la première phase d'une catastrophe européenne menaçant effectivement la civilisation -, il écrit, le 30 juin 1940, un article dans lequel il esquisse pour l'Europe une perspective de développement qui passe par le soulèvement des masses contre l'occupant et la lutte armée :

« Dans les pays vaincus, la position des masses va être immédiatement aggravée. A l'oppression sociale s'ajoute l'oppression nationale, dont le fardeau principal est supporté par les ouvriers. De toutes les formes de dictature, la dictature totalitaire d'un conquérant étranger est la plus intolérable34. »

Comprenant que les nazis vont tout de suite chercher à exploiter l'appareil industriel et les ressources naturelles des pays occupés, il entrevoit la paupérisation qui sera le corollaire de cette surexploitation, la résistance ouvrière et paysanne à laquelle elle ne pourra pas ne pas se heurter :

« Il est impossible de placer un soldat armé d'un fusil auprès de chaque ouvrier et paysan polonais, norvégien, danois, néerlandais, français35. »

C'est de ces conflits que va naître selon lui la révolution européenne :

« On peut s'attendre avec certitude à la transformation rapide de tous les pays conquis en des poudrières. Le danger est plutôt que les explosions ne se produisent trop tôt sans préparation suffisante et risquent de conduire à des défaites isolées. Il est en général impossible pourtant de parler de révolution européenne et mondiale sans prendre en compte des défaites partielles36. »

Ce qui menace Hitler, c'est donc « la révolution prolétarienne dans toutes les régions de l'Europe37 ». Trotsky voit se dessiner « l'appauvrissement et le désespoir des masses laborieuses [...], leurs tentatives de résistance et de protestation, tout d'abord voilées, puis de plus en plus ouvertes et hardies », la répression des troupes d'occupation et du rôle de « pacificateurs »-oppresseurs qui provoquera, dans un premier temps, leur démoralisation et à terme leur décomposition inéluctable.

Plutôt que sa vision des luttes de masses en Europe occupée, contre la double oppression nationale et sociale, ceux qui tiennent Trotsky pour un prophète retiendront ses analyses qui concernent la durée de la guerre et de la domination des nazis, le caractère inévitable de l'attaque allemande contre l'U.R.S.S. et de l'intervention des Etats-Unis, sonnant le glas de l'Europe allemande. Contentons-nous de relever que ni l'une ni les autres n'ont laissé de trace importante dans la littérature historique qui porte sur la Seconde Guerre mondiale.

Note

* Il s'agit de l'édition de son livre Sur la Deuxième Guerre mondiale, Seuil, 1974, Dans l'édition des mêmes textes dans les Œuvres (volumes 14 et 24) j'ai rétabli les passages supprimés.

Références

1 Sur cette question, nous l'avons dit, D. Guérin a édité, malheureusement avec de fâcheuses coupures, les principaux textes sous le titre Sur la Deuxième Guerre mondiale, Paris, 1974. Les textes du débat de 1939-1940 sont édités dans Défense du Marxisme, Paris 1972. Voir également, Jean J. Joubert, « Le défaitisme révolutionnaire », Cahiers Léon Trotsky, n° 23, septembre 1985, pp. 6-22 et P. Broué « Trotsky et les trotskystes face à la Deuxième Guerre mondiale », Ibidem, pp. 35-60.

2 Trotsky, « La guerre et la IV e Internationale », Œuvres, 4, pp. 48-85.

3 Ibidem, p. 49.

4 Ibidem, p. 53.

5 Ibidem, p. 69.

6 Ibidem, p. 74.

7 Ibidem, p. 75.

8 Trotsky à V. Serge, 3 juin 1936, A.H., 10271, Œuvres 10, p. 36.

9 P. Broué, « Trockij et la IV° Internationale », Il Pensiero, op. cit., pp. 517-518.

10 Trotsky « La nouvelle montée et les tâches de la IV° Internationale », 3 juillet 1936 ; A.H., T 3932 ; Œuvres, 10, pp. 150-159, ici p. 157.

11 Circulaire de convocation, Cahiers Léon Trotsky, n° 1, janvier 1979, p. 9.

12 G. Breitman, The Rocky Road of the Fourth International, New York, 1973, p.22.

13 Trotsky/Li Furen, « Discussion sur la question chinoise », 11 août 1937, Œuvres, 14, 271 et 276.

14 The Case, p. 190.

15 Post-scriptum sur les accords de Munich, A.H., T 4424 ; Œuvres, 18, p. 313-314, 16.

16 Trotsky, « Une leçon toute fraîche, sur le caractère de la guerre prochaine », (10 octobre 1938), A.H., T4436 ; Œuvres, 19, pp. 53-83.

17 Ibidem, pp. 71-75.

18 Trotsky, « Le pacte germano-soviétique », 4 septembre 1939, A.H., T 4614 ; Œuvres, 21, pp. 380-392, ici, p. 391.

19 Trotsky, Œuvres, 22, n. 1, p. 27.

20 Ibidem.

21 Trotsky « L'U.R.S.S. dans la guerre », 25 septembre 1939, A.H., T 4633 ; Œuvres, 22, pp. 40-62.

22 Ibidem, pp. 44-45.

23 Ibidem, pp. 47-48.

24 Ibidem, p. 60.

25 Ibidem, p. 62.

26 « Encore une fois sur la nature de l'U.R.S.S. » , 18 octobre 1939, A.H., 4642 ; Œuvres, 22, p. 102.

27 « Bonapartisme, Fascisme et Guerre », fragments d'un texte inachevé, août 1940, Œuvres, 24, pp. 366-376, ici p. 369.

28 Ibidem, p. 370.

29 Ibidem, pp. 371-372.

30 Manifeste sur la Guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale (mai 1940) A.H., 7842-7846, Œuvres, 24, pp. 27-75.

31 Ibidem, p. 75.

32 « Bonapartisme ... » , Œuvres, 24, p. 371.

33 P. Broué « Trotsky et les trotskystes » Cahiers Léon Trotsky, n° 23, p. 38.

34 Trotsky « Notre cap ne change pas », 30 juin 1940, A.H., T 4904; Œuvres, 24, p.186.

35 Ibidem.

36 Ibidem.

37 Ibidem.

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