1908

Traduit de l'allemand par Gérard Billy, 2015, d'après la réédition en fac-similé publiée par ELV-Verlag en 2013

Karl Kautsky

Karl Kautsky

Les origines du christianisme

IVème partie. Les débuts du christianisme.
1. La communauté chrétienne primitive

d. Objections à la thèse communiste

1908

Les objections avancées par ceux qui contestent le communisme de la communauté primitive sont rien moins que convaincantes. On les trouvera rassemblées par un critique qui s'oppose au tableau que j'ai fait du christianisme des origines dans mon opuscule sur les précurseurs du socialisme.

A. K., docteur en théologie, a publié ses objections dans un article de la « Neue Zeit » sur le « prétendu communisme du christianisme primitif » (XXVI, 2, p. 482).

Le premier argument est : « le sermon du Nazaréen n'avait pas pour horizon un bouleversement économique ». Ah bon, comment A. K. le sait-il ? Il estime que les Actes des Apôtres sont une source peu fiable pour se faire un idée d'organisations dont on situe l'origine dans la période qui a suivi la prétendue mort du Christ. En revanche, les évangiles, qui sont pour partie plus récents que les Actes des Apôtres, donneraient une image sûre du caractère des paroles du Christ lui-même !

En réalité, ce qui vaut pour les Actes des Apôtres, vaut aussi pour les évangiles. Ce qu'ils nous donnent à voir, c'est le caractère de ceux qui les ont écrits. Ils peuvent également reproduire des souvenirs. Or, le souvenir qu'on garde d'une organisation se perpétue plus longtemps que le souvenir des paroles prononcées et ne se laisse pas aussi facilement déformer.

En outre, comme nous venons de le voir, on peut très bien déduire des propos transmis sur le Christ une caractérisation correspondant au communisme de la communauté primitive.

Contre le communisme, les enseignements particuliers de Jésus, sur lesquels nous ne savons rien avec certitude, ne prouvent donc rien.

Ensuite, A. K. veut à toute force nous faire croire que le communisme pratique des esséniens que les prolétaires de Jérusalem avaient sous les yeux, n'aurait eu aucun impact sur eux. En revanche, les théories communistes des philosophes et poètes grecs auraient profondément influencé les prolétaires incultes des communautés chrétiennes en-dehors de Jérusalem et les auraient imprégnés de ces idéaux communistes, idéaux dont ils auraient ensuite, suivant les habitudes de l'époque, fantasmé la réalisation dans le passé, donc à l'époque de la communauté primitive de Jérusalem.

Donc, les hommes de culture auraient plus tard enseigné aux prolétaires le communisme dont l'exemple pratique les aurait laissés auparavant indifférents. Il faudrait des preuves en béton pour rendre cette thèse plausible. Or les preuves dont nous disposons parlent un langage opposé. Plus les gens instruits prennent d'influence sur le christianisme, plus il s'éloigne du communisme, Mathieu montre cela déjà clairement, et nous verrons la même chose en examinant l'évolution de la communauté.

A. K. a une image totalement fausse des esséniens. Voici ce qu'il écrit au sujet de la communauté chrétienne communiste de Jérusalem :

« On ne peut qu'être méfiant quand on nous dit que cette expérience communiste unique aurait été le fait d'une association composée exclusivement de Juifs. Jamais des Juifs ne se sont lancés avant le début de notre ère dans des tentatives sociales de ce genre. Il n'y a jamais eu jusque là de communisme juif. En revanche, le communisme théorique et pratique n'était rien de neuf dans le monde hellénique. »

Notre critique ne nous révèle pas où il décèle le communisme pratique des Hellènes à l'époque du Christ. Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'il repère moins de communisme chez les Juifs que chez les Hellènes, alors que le communisme des premiers, par sa mise en pratique, s'élève bien au-dessus des rêveries communistes des seconds. Et A.K. ignore manifestement que les esséniens sont mentionnés un siècle et demi déjà avant le Christ. Il semble croire qu'ils seraient apparus seulement à l'époque du Christ !

Mais les mêmes esséniens qui sont censés n'avoir aucunement influencé la pratique de la communauté de Jérusalem, seraient, paraît-il, à l'origine de la légende communiste apparaissant au deuxième siècle après J-C dans les Actes des Apôtres. Les esséniens, qui disparaissent de notre horizon avec la destruction de Jérusalem, probablement parce qu'ils ont été emportés par la ruine de l’État juif, auraient, après cet événement, et à une époque où l'antagonisme entre judaïsme et christianisme était déjà incandescent, apporté aux prolétaires helléniques des légendes sur l'origine de la communauté chrétienne et leur auraient suggéré un passé communiste, alors qu'auparavant, quand les prolétaires juifs de Jérusalem avaient fondé une organisation qui avait nécessairement de nombreux points de contact personnels et matériels avec l'essénisme, cela n'aurait eu aucun effet sur eux !

Il est tout à fait possible que dans la littérature chrétienne des débuts se soient entremêlées des légendes et des conceptions esséniennes. Mais il est encore plus probable qu'aux premières heures de la communauté chrétienne, quand elle ne produisait pas encore d'écrits, son organisation ait été influencée par des modèles esséniens. Et cette influence ne pouvait aller que dans le sens d'une mise en pratique d'un véritable communisme, pas dans celui d'un passé communiste mythologique auquel rien ne correspondait dans la réalité.

Toute cette construction artificielle mise au point par des théologiens modernes et acceptée par A.K., une construction qui nie l'influence de l'essénisme pour l'époque où il existait, mais lui attribue un rôle décisif pour celle il avait cessé d'exister, prouve une seule chose : l'inventivité fertile de bien des cerveaux de théologiens là où il s'agit de dissiper, autour de l’Église des premiers jours, les remugles infâmes du communisme.

Mais tout cela, ce ne sont pas les arguments que A. K. juge décisifs. Lui connaît un « argument massue » qui « n'a encore jamais été pris en compte : les adversaires des chrétiens leur ont reproché toutes sortes de choses, mais pas leur communisme. Et pourtant, s'il avait été fondé, ils ne se seraient pas privés de ce chef d'accusation. » J'ai bien peur que le monde continue comme devant à ne pas tenir compte de cet « argument massue ». A. K. ne peut nier que le caractère communiste du christianisme soit puissamment mis en relief par toute une série de propos tant dans les Actes des Apôtres que dans les évangiles. Ce qu'il affirme seulement, c'est qu'ils sont de nature purement légendaire. Mais dans tous les cas, ils étaient là et correspondaient à des tendances réelles. Si les adversaires ne les ont cependant pas soulignés, la raison ne peut en être qu'ils n'y aient pas trouvé de points d'attaque. N'a-t-on pas reproché aux chrétiens des choses auxquelles la littérature chrétienne ne donne pas la moindre prise, infanticide, inceste, etc. ? Et ils auraient négligé de s'en prendre à des thèmes présents dans les écrits chrétiens depuis le début, depuis qu'il existait une littérature chrétienne !

Il faut en chercher la cause ailleurs que dans l'absence de communisme dans le christianisme primitif.

Et cette cause, c'est qu'on avait à l'époque une tout autre opinion du communisme qu'aujourd'hui.

Aujourd'hui, le communisme au sens où le christianisme primitif l'entendait, autrement dit le partage, est devenu incompatible avec la poursuite de la production, avec l'existence de la société. Aujourd'hui, les besoins économiques exigent absolument le contraire du partage, la concentration de la richesse en quelques points, que ce soit chez des individus privés, comme c'est le cas actuellement, ou entre les mains de la société, de l’État, des communes, et aussi peut-être, de coopératives, comme c'est le cas dans l'organisation socialiste.

Les choses se présentaient différemment à l'époque du christianisme. A part l'extraction minière, l'industrie était presque exclusivement une industrie de toutes petites entreprises. Dans l'agriculture, il y avait bien un nombre élevé de grandes exploitations, mais, reposant sur l'esclavage, elles n'étaient pas techniquement supérieures aux petites exploitations, et ne s'imposaient que là elles pouvaient pressurer sans frein aucun la force de travail de troupeaux d'esclaves bon marché. La grande exploitation n'était pas devenue ce qu'elle est aujourd'hui, la base du mode de production dans son ensemble.

Pour cette raison, la concentration de la richesse dans un petit nombre de mains n'était en aucune façon un stimulant de la productivité du travail, et encore moins le fondement du processus de production et donc de l'existence de la société.

La concentration de la richesse dans un petit nombre de mains ne signifiait pas le développement des forces productives, mais seulement l'accumulation d'une telle quantité de produits de consommation que l'individu n'était pas en mesure de les absorber à lui tout seul, et qu'il n'avait pas d'autre solution que de les partager avec d'autres.

Et c'est ce que les riches faisaient sur une grande échelle. En partie volontairement. Sous l'empire romain, la munificence avait la réputation d'être une des vertus cardinales. Elle était un moyen de se faire des partisans et des amis, donc d'accroître sa propre puissance.

« L'affranchissement (des esclaves) s'accompagnait sans doute très souvent de présents et cadeaux de valeur plus ou moins élevée. Martial cite un don fait probablement à cette occasion et qui se serait monté à 10 millions de sesterces. Les grands personnages de Rome faisaient bénéficier de leurs libéralités et de leur protection également les familles de leurs partisans et de leurs clients. C'est ainsi que dans une inscription funéraire découverte sur la via appia, un affranchi de Cotta Messalinus, un ami de l'empereur Tibère, chante les louanges de son protecteur qui lui aurait fait plusieurs fois cadeau de sommes allant jusqu'au cens de la dignité de chevalier (400 000 sesterces, soit 80 000 marks), aurait pris en charge l'éducation de ses enfants, aurait doté ses fils comme un père, aurait promu au tribunal militaire son fils qui servait dans l'armée, et lui aurait fait dresser à lui-même ce monument funéraire. » 125

Les cas de ce genre étaient extrêmement fréquents. Mais à ces prodigalités partageuses volontaires venaient s'ajouter les largesses contraintes là où régnait la démocratie. Celui qui postulait pour une charge publique devait l'acheter en procédant à de généreuses distributions au peuple. Là où il avait le pouvoir, le peuple imposait aussi de lourdes contributions aux riches pour pouvoir vivre de leur rapport, les citoyens étant payés sur les revenus de l’État pour leur participation aux assemblées populaires et même aux spectacles publics, ou bien les finances publiques prenant en charge des repas collectifs ou des distributions de vivres.

Que les riches soient là pour partager, cette idée n'avait rien de choquant pour la masse des gens, elle n'était pas en contradiction avec les façons de voir les plus répandues, bien au contraire, elle s'y intégrait parfaitement.

Bien loin de rebuter, elle séduisait. Les adversaires des chrétiens auraient été bien mal inspirés de s'en prendre à elle. On n'a qu'à lire des écrivains aussi conservateurs que Flavius Josèphe ou Philon pour se rendre du compte du respect avec lequel ils parlaient du communisme des esséniens. Ils n'y voient rien de contre-nature ni rien de ridicule, mais bien plutôt une grande hauteur de vues.

L'argument « massue » avancé par A .K. pour contester le communisme du christianisme primitif, à savoir que ses adversaires n'ont jamais joué cette carte contre lui, prouve donc seulement qu'il regarde le passé, non avec les yeux des contemporains, mais avec ceux de la société capitaliste moderne.

Outre ces objections qui sont de simples « constructions » de l'esprit et ne s'appuient pas sur des documents, A. K. formule des critiques qui se réfèrent à des faits racontés par les Actes des Apôtres eux-mêmes. Curieusement, lui que les descriptions d'états de choses s'étalant sur de longues périodes laissent tellement sceptique, prend pour argent comptant la moindre indication d'un incident isolé. C'est comme s'il traitait de pures affabulations tout ce qui, dans l'Odyssée, expose les conditions sociales de l'âge héroïque, mais considérait Polyphème et Circé comme des personnages historiques qui auraient réellement fait ce qu'on raconte à leur sujet.

Mais ces faits isolés eux-mêmes ne prouvent rien contre le communisme de la communauté primitive.

Premièrement, il allègue que la communauté de Jérusalem aurait compté 5000 personnes. Comment une multitude aussi importante aurait-elle pu, avec femmes et enfants, ne faire qu'une seule famille ?

Bien sûr, mais qui prétend qu'ils aient formé une seule famille, qu'ils aient été tous assis à la même table ? Et qui pourrait jurer que cette communauté comptait bien 5000 personnes comme il est dit dans les Actes des Apôtres (4, 4) ? La statistique n'était pas le fort de la littérature antique, et surtout pas de celle de l'orient, et l'on aimait beaucoup exagérer pour impressionner.

Cinq mille était précisément le nombre que l'on aimait donner pour désigner un grand rassemblement. Les évangiles, par exemple, disent que Jésus donna à manger à cinq mille hommes « sans compter femmes et enfants » (Mathieu 14, 21) en multipliant cinq pains. Est-ce que mon critique soutiendra que, dans ce cas aussi, ce nombre est rigoureusement exact ?

Nous avons par contre de bonnes raisons de penser que ce nombre de cinq mille membres, en ce qui concerne la communauté, est une forfanterie.

Peu de temps après la mort de Jésus, nous disent les Actes des Apôtres, Pierre prononce une harangue enflammée, et aussitôt, trois mille se font baptiser (2, 41). La campagne d'agitation continue, beaucoup « devinrent croyants », et à présent, ils sont cinq mille (4, 4). Bien, combien étaient-ils à la date de la mort de Jésus ? Immédiatement après, ils tiennent une réunion, « et ils étaient environ 120 » (1, 15).

D'après ces indications, donc, la communauté était au départ très petite, malgré le travail d'agitation intense de Jésus et de ses apôtres. Et maintenant, après sa mort, quelques discours l'auraient fait tout d'un coup passer d'un peu plus de cent à cinq mille ? A supposer que nous voulions postuler un nombre déterminé, quel qu'il soit, il sera sûrement beaucoup plus proche du premier que du dernier.

Cinq mille camarades et compagnons organisés – cela ne serait assurément pas passé inaperçu à Jérusalem, et Flavius Josèphe aurait sûrement noté la présence d'un groupe aussi fort. En réalité, la communauté était à coup sûr parfaitement insignifiante, et aucun contemporain n'en mentionne l'existence.

Autre objection d'A. K. : Dans le récit qui porte sur le communisme de la communauté, après la description de celle-ci, il est dit :

« Mais Joseph, que les apôtres appelaient Barnabas, ce qui signifie : l'homme qui encourage, un lévite originaire de Chypre, vendit un champ qui lui appartenait, apporta l'argent et le déposa aux pieds des apôtres. Mais un homme appelé Ananias, avec sa femme Saphira, vendit un domaine, garda pour lui une partie de l'argent, en ayant mis sa femme au courant, et apporta le reste et le déposa aux pieds des apôtres. »

Ce passage témoigne contre le communisme, dit A. K., car on n'aurait pas particulièrement parlé de Barnabas si tous les membres de la communauté avaient vendu leurs biens et apporté l'argent aux apôtres.

A. K. oublie que Barnabas est ici posé comme le modèle de la façon dont il convient d'agir, par opposition à Ananias. C'est précisément un passage qui fait ressortir clairement l'exigence communiste. Est-ce que les Actes des Apôtres auraient dû citer tous ceux qui avaient vendu leurs biens ? Nous ignorons pourquoi une place particulière est donnée à Barnabas. Mais voir dans cette mise en valeur l'intention de citer le seul qui aurait mis en œuvre le communisme, c'est sous-estimer grandement l'intelligence des rédacteurs. L'exemple de Barnabas suit immédiatement le récit qui rapporte que tous ceux qui possédaient quelque chose l'avaient vendu. Si Barnabas est cité à part, c'est peut-être qu'il était particulièrement apprécié des rédacteurs, qui ensuite l'évoqueront encore souvent. Mais peut-être aussi était-ce parce que la tradition citait seulement son nom en lien avec celui d'Ananias. Finalement, l'un et l'autre étaient les seuls membres de la communauté d'origine qui avaient quelque chose à vendre, tous les autres étaient des prolétaires !

Troisième objection : Actes des Apôtres (6, 1) :

« En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien. »

« Cela peut-il s'imaginer dans un communisme pleinement réalisé » ?  demande A. K. d'un ton indigné.

Mais qui va prétendre que le communisme n'aurait pas rencontré de difficultés dans sa mise en pratique, ou même qu'il ne pourrait pas en rencontrer ? Dans la suite du récit, le communisme n'est pas abandonné, on a au contraire amélioré son organisation en introduisant un partage du travail. Les apôtres ne furent plus chargés que de la propagande, et pour les fonctions économiques de la communauté, on procéda à l'élection d'un comité de sept membres.

Toute cette description s'accorde parfaitement avec l'hypothèse du communisme, mais devient absurde à partir du moment où l'on admet le point de vue de notre critique, point de vue qu'il emprunte à Holtzmann, et selon lequel les premiers chrétiens se distinguaient de leurs concitoyens juifs, non pas par leur organisation sociale, mais uniquement par leur croyance au « Nazaréen qui venait d'être exécuté ».

Pourquoi ces récriminations sur les modalités du partage, s'il n'y avait pas de partage ?

Continuons : « Au chapitre 12 (des Actes des Apôtres), il est dit, en opposition absolue avec le récit sur le communisme, qu'une certaine Marie, membre de l'association, habitait une maison à elle. »

C'est exact, mais comment A. K. sait-il qu'elle avait le droit de vendre la maison ? Peut-être que son époux, qui n'avait pas adhéré à la communauté, vivait encore ? Du reste, même si elle avait eu le droit de vendre sa maison, la communauté n'avait nullement l'obligation d'exiger cela d'elle. Cette maison était le lieu où se réunissaient les camarades. Marie l'avait mise à la disposition de la communauté. La communauté l'utilisait, même si, juridiquement, elle appartenait à Marie. Le fait que la communauté avait besoin de lieux de réunion, qu'elle n'était pas une personne morale habilitée à en acheter une, que certains membres, pour cette raison, en avaient la propriété formelle, rien de tout cela ne parle contre le communisme. Pourquoi vouloir une telle absurdité, que le communisme des premiers chrétiens applique mécaniquement ses principes, et que la communauté mette en vente, alors qu'elle avait l'intention de les utiliser pour elle-même, les maisons de ses adhérents pour redistribuer ensuite le produit de la transaction ?

Enfin, dernière objection : une mise en pratique du communisme n'est rapportée que dans la communauté de Jérusalem. Il n'en serait question dans aucun autre groupe. Nous reviendrons sur ce point en étudiant l'évolution ultérieure de la communauté chrétienne. Nous verrons si les tentatives de réaliser le communisme ont réussi, dans quelle mesure, et pour combien de temps. Tout cela est une question en soi. Il a déjà été signalé qu'il y a dans une grande ville des difficultés qui n'existaient pas à la campagne, par exemple pour les esséniens.

Pour le moment, nous traitons seulement des tendances communistes primitives du christianisme. Et il n'y a pas le moindre motif de les mettre en doute. Les documents du Nouveau Testament, le caractère prolétaire de la communauté, la force du courant communiste dans la fraction prolétarienne du judaïsme des deux siècles précédant la destruction de Jérusalem, celui qui s'exprima de façon aussi nette dans l'essénisme, tout cela témoigne en faveur de cette thèse.

Les arguments avancés pour soutenir le contraire reposent sur des contre-sens, des distorsions et des échafaudages ne reposant sur rien de réel.

 

Note de K. Kautsky

125 Friedländer, Histoire des mœurs romaines, I, p. 111.

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