1930

A l'heure du combat contre le cours gauchiste de la bureaucratie stalinienne.


La "troisième période" d'erreurs
de l'Internationale Communiste

Léon Trotsky

 

8 janvier 1930


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IV

 

Molotov "entre en plein, des deux pieds"

Le plenum du C.E. de l'I.C. siégeant un an après le VIe Congrès (juillet 1929) et ne pouvant se borner à répéter ce qu'avait formulé ce dernier, dut hausser son diapason. De sorte qu'à la veille même du plenum on pouvait lire dans l'organe doctrinaire du P.C. de l'U.R.S.S. :

Une vague de grèves déferle à travers le monde capitaliste tout entier. Cette vague sévit aussi bien dans les pays capitalistes hautement évolués que dans les colonies, s'entremêlant parfois à des éléments locaux de lutte révolutionnaire obstinée ou de guerre civile ; nous voyons les masses non organisées entrer activement dans la lutte... Une recrudescence de mécontentement et de radicalisation des masses en son sein des millions d'ouvriers agricoles et de paysans opprimés. (Le Bolchevik, n°12, juin, page 9).

Ainsi donc plus aucun doute possible : si vraiment une vague de grèves déferle sur le monde entier entraînant à sa suite "des milliers d'ouvriers agricoles et de paysans opprimés" s'entremêlant de "lutte révolutionnaire et de guerre civile", c'est qu'il est clair que la situation est révolutionnaire et que la question de la prise du pouvoir vient à l'ordre du jour.

Au Xe plenum, le maestro Molotov tient la baguette. Dans son discours-programme, qu'il adressait aux dirigeants de l'Internationale communiste, Molotov disait :

En considérant l'aspect que revêt actuellement l'agitation ouvrière à travers le monde, seul un opportuniste bouché ou un pauvre petit libéral ne verrait pas que nous voici désormais entrés des deux pieds en plein dans une ère de grands événements révolutionnaires d'une importance mondiale. (Pravda, n°177).

"Des deux pieds", quelle puissance d'argumentation !

Et pour se mettre au diapason de Molotov, le Bolchevik organe de doctrine du P.C. écrivait en août 1929 :

C'est en se basant sur l'analyse des luttes de la classe ouvrière dans les principaux pays capitalistes que le Xe plenum a pu enregistrer le développement en étendue et en profondeur du processus de radicalisation des masses sans cesse plus révolutionnaires, mouvement qui, à l'heure actuelle se transforme déjà en un début de recrudescence révolutionnaire (du moins dans les pays tels que l'Allemagne, la France, la Pologne.) (N°15, page 14.)

Donc plus de doute possible : sinon avec sa tête du moins avec ses deux pieds, Molotov a définitivement diagnostiqué le caractère révolutionnaire de la période actuelle. Et comme personne n'aurait envie de se laisser taxer d'"opportuniste bouché" ou de "pauvre petit libéral", l'argumentation de Molotov se trouve prémunie contre toute critique de la part du "plenum". Sans se donner la peine d'aucun travail d'analyse politique ou économique, pour des raisons, il est vrai, fort excusables chez lui, Molotov se borne à cataloguer quelques grèves dans différents pays (Ruhr, Lods, Nord de la France, Bombay, etc.) comme preuve suffisante de ce que nous voici entrés "dans une ère de grands événements révolutionnaires". Et voilà comment on fabrique des périodes historiques !

Dès lors, les comités centraux et organes officiels des différents sections n'avaient de plus pressant souci que de voir leurs pieds — distançant autant que possible leur tête — s'engager au plus vite dans "les événements révolutionnaires de la plus grande importance". Comment la situation était-elle devenue révolutionnaire simultanément dans le monde entier, métropoles et colonies, infirmant cette fois la "loi du développement inégal" — loi fondamentale cependant et dont Staline, je pense a dû au moins entendre parler ?

Mais en fait, il n'y aucune trace de simultanéité. Comme nous l'avons vu, au lieu d'une analyse de la situation mondiale, on s'est borné à totaliser les conflits les plus disparates, aux causes les plus dissemblables, dans les pays les plus divers. Et alors que toutes les nations européennes, l'Autriche seule, peut-être, avait traversé durant cette dernière année une crise qui, s'il s'y était trouvé un parti communiste assez puissant, aurait pu prendre un réel développement révolutionnaire, — l'Autriche seule n'était même pas nommée. Mais il y avait la France, l'Allemagne, la Pologne "pays, — selon Molotov — placés actuellement à l'avant-garde d'une recrudescence révolutionnaire.

Dans une série d'articles précédents, nous avons étudiés la courbe des grèves en France pour en déterminer l'importance dans le développement du prolétariat et du pays. Nous comptons très prochainement nous livrer à la même analyse détaillée des enseignements qui découlent de la lutte au sein de la classe ouvrière allemande. Mais dès à présent les conclusions auxquelles nous sommes arrivé en examinant le problème du point de vue de la France, citée par le Xe plenum comme faisant partie des trois pays les plus révolutionnaires de l'Europe actuelle, prouvent que l'analyse de Molotov n'est faite que de trois éléments : d'ignorance doctrinale, d'irresponsabilité politique et d'aventurisme bureaucratique. Ce sont là des éléments qui constituent non point tant la "troisième période" que la bureaucratie centriste à toutes les périodes.

 

Les grèves économiques sont-elles l'effet d'un phénomène de crise ou de recrudescence ?

"En quoi consiste donc la base de cette recrudescence révolutionnaire ?" se demande Molotov dans un essai de réflexion, et immédiatement il nous livre le fruit de ses méditations : "A la base d'une telle recrudescence il faut bien qu'il se trouve la maturation d'une crise générale du capitalisme et l'aggravation des contradictions internes qui lui sont inhérentes." Qui n'est pas de cet avis n'est qu'un "pauvre petit libéral". Mais qui donc à décrété qu'à la base des grèves "il faut bien qu'il se trouve" une crise ? Au lieu de se livrer à un examen de la situation économique réelle et d'en déduire une analyse du mouvement gréviste présent, Molotov procède par la méthode du contraire : ayant fait le compte d'une demi-douzaine de grèves il conclut à la "maturation" d'une crise capitaliste...

La recrudescence du mouvement de grèves dans toute une série de pays résulte, comme nous le savons, de l'amélioration de la conjoncture économique au cours des deux dernières années écoulées.

En premier lieu, cela est vrai en ce qui concerne la France. Toutefois cette reprise industrielle, loin d'être commune à toute l'Europe, fut assez modérée en France même et sans garantie de lendemain. Mais pour l'existence du prolétariat, le moindre changement de la conjoncture dans l'un ou l'autre sens ne laisse pas de faire sentir son effet, car lorsqu'à l'usine on licencie chaque semaine des hommes, les travailleurs ont un tout autre état d'esprit que lorsque, au contraire, on continue à en embaucher.

Ces variations de la conjoncture n'ont pas moins d'influence sur les classes dirigeantes. Dans une période d'activité industrielle et commerciale, les capitalistes, escomptant un développement de cette activité, sont enclins à arrondir les angles des antagonismes internationaux de manière à favoriser le développement ultérieur de cette prospérité. C'est en quoi consiste proprement "l'esprit de Locarno et de Genève".

Il n'y a pas si longtemps, nous eûmes une éclatante illustration de la façon dont les facteurs de base et les facteurs de circonstance peuvent réagir les uns sur les autres. La période 1896-1913 fut marquée par une puissante activité commerciale et industrielle, période à laquelle succèda une dépression qui, pour toute personne avertie, inaugurait l'ère d'une crise qui allait devoir être longue et profonde. Cette menace d'un brusque renversement de la conjoncture après une période unique de prospérité engendra au sein des classes dirigeantes un état de grande nervosité qui poussa à la guerre.

Il est toujours bien entendu que la guerre résulte des antagonismes fonciers du capitalisme, et ce lieu commun n'est pas ignoré de Molotov lui-même. Mais sur les voies d'acheminement à la guerre, il y eut toute une série d'étapes au cours desquelles ces contradictions internes allaient tantôt en s'aggravant, tantôt en s'atténuant. Il en est de même dans la lutte de la classe ouvrière.

Dans les périodes d'avant-guerre, les facteurs tant de base que de circonstance, se faisaient sentir d'une façon beaucoup plus homogène et régulière qu'à l'époque actuelle, époque de tournants brusques et de changements brutaux, où nous voyons les fluctuations économiques les plus ordinaires déterminer en politique les bonds les plus considérables. Mais tout cela n'autorise pas plus une ignorance de la marche réelle des événements que les affirmations gratuites : "les contradictions s'aggravent", "les masses ouvrières se radicalisent", "la guerre approche", chaque jour, chaque jour...

Si d'une part, notre ligne stratégique est déterminée par l'inélutable croissance en dernières analyse des contradictions internes du régime capitaliste et de la radicalisation révolutionnaire des masses, il n'en est pas moins vrai qu'en ce qui concerne la tactique dont nous étayons cette stratégie, nous devons nous conformer à l'appréciation réaliste de chaque période, de chaque étape, de chaque moment au cours desquels il arrivera également que les contradictions s'apaisent, les masses refluent à droite, le rapport des forces se retourne au profit de la bourgeoisie, etc. Car si les masses se radicalisaient d'une façon continue, le premier imbécile venu pourrait les diriger. Malheureusement — ou heureusement — l'état réel des choses est infiniment plus complexe, surtout dans la période instable, chancelante et "capricieuse" que nous traversons. Ce qu'on appelle vulgairement "la ligne générale" n'est qu'une phrase si l'on n'en fait à tout instant le raccord au moindre changement des conditions nationales et mondiales.

Or comment voyons-nous se comporter l'Internationale communiste dans la façon dont elle élabore ses directives ? Au lieu d'évaluer d'une façon concrète la situation du moment dans son ensemble, elle vient régulièrement se casser le nez à chaque tournant d'une nouvelle étape, pour expier ensuite devant les masses en exécutant les uns après les autres les comités centraux des sections nationales. Aussi conseillons-nous généreusement à tous les Cachin, Monmousseau, Thaelmann et Remmele de la terre d'être prêts à jouer les boucs émissaires des théories et pratiques de la "troisième période". Ce sera pour l'heure où Staline se mettra à corriger les erreurs de Molotov — rétrospectivement, cela va sans dire.

 

La croissance de l'U.R.S.S. en tant que facteur de la "troisième période"

Comme première cause de la "recrudescence révolutionnaire", Molotov pose la crise économique qu'il a découverte chemin faisant et par voie de déduction. La seconde cause réside à son avis dans les progrès économiques de l'U.R.S.S., à tel point qu'il va jusqu'à accuser le C.E. de l'I.C. d'avoir sous évalué les effets révolutionnaires du "plan quinquennal". Que les progrès économiques de la République des Soviets aient une importance énorme pour le mouvement ouvrier mondial, personne ne songe à le nier. Mais il ne s'ensuit pas du tout que ce "plan" peut déterminer a priori une recrudescence révolutionnaire en Europe et dans le monde entier.

Les grandes masses ouvrières ne vivent pas des belles perspectives statistiques des "plans" soviétiques. Mais en laissant même de côté le "plan quinquennal" et ne tenant compte que des progrès réels de l'industrialisation, peut-on y voir, par exemple, la cause des grèves de dockers en France ou du textile aux Indes ? Des millions d'ouvriers ne se sont jamais conformés dans leur façon d'agir qu'aux circonstances qui les entouraient directement ; sans parler que la majorité écrasante de la classe ouvrière n'est informée des succès ou des revers de l'économie soviétique que parce qu'en veut bien raconter la presse bourgeoise ou social-démocrate. Enfin, et ceci est bien plus important que tout le reste, ce n'est pas à l'abstraction des chiffres statistiques que la grandes masse ouvrière dans le monde peut se montrer sensible, mais à l'amélioration réelle de la situation de la classe ouvrière en U.R.S.S. Il est clair que les cruelles conditions d'approvisionnement de Moscou et de Leningrad ne sont pas précisément faites pour inoculer l'élan révolutionnaire à des dizaines de millions d'ouvriers du monde capitaliste.

Malheureusement, c'est un fait avéré qu'à la séance solenelle du compte rendu de la dernière délégation française à son retour de l'U.R.S.S. il ne s'est présenté qu'une centaine d'ouvriers. Une centaine — pour tout Paris ! Symptomatique avertissement, mais dont les bureaucrates bavards et vaniteux ne se sont guère émus.

 

Le mot d'ordre de la grève générale

Mais entré en si bel appareil dans "l'ère des événements révolutionnaires de la plus grande importance", Molotov, cinq minutes plus loin, revient à la question des grèves pour déclarer d'une façon inattendue :

Toutefois ces manifestations contre le capitalisme et contre le réformisme qui est à ses gages ont encore un certain aspect de dispersement fragmentaire.

Il semble que les grèves, surgissant en des pays différents et pour des causes dissemblables et n'ayant pour unique origine commune que cette conjoncture d'une certaine prospérité mondiale, ne peuvent augurer en aucune façon "des événements révolutionnaires de la plus grande importance" puisque précisément ces grèves ne sont que dispersées et fragmentaires. Qu'à cela ne tienne, Molotov va vous les unifier. Louable intention assurément. Mais intention seulement et non étape franchie. Les grèves disséminées — enseigne Molotov — ne peuvent être unifiées qu'au moyen de grèves politiques généralisées. Certes, lorsque les conditions s'y prêtent,l'on peut unifier la classe ouvrière par le canal d'une grève générale révolutionnaire. Le problème de la grève généralisée constitue précisément d'après Molotov, "cet élément nouveau, fondamental et caractéristique, placé au centre même des problèmes tactiques du parti à l'heure actuelle". "Ce qui signifie — continue notre distingué stratège — que cette fois nous ne faisons qu'aborder une forme nouvelle et supérieure de la lutte des classes".

Et pour convertir définitivement le Xe plenum à la religion de la "troisième période", Molotov ajoute : "Nous ne pourrions lancer le mot d'ordre d'une grève politique généralisée si nous ne nous trouvions d'ores et déjà dans une période de recrudescence révolutionnaire".

Cette suite des les idées est réellement inouïe !

D'une part, nous voyons les deux pieds stratégiques déjà en plein dans l'ère d'événements révolutionnaires de la plus grande importance ; et d'autre part, la tête "théorique" ne fait encore qu'envisager le mot d'ordre de la grève générale. D'où, par la méthode du contraire, cette conclusion que "nous abordons une forme nouvelle et supérieure de la lutte des classes".

Car, — comprenez donc, — si nous ne l'avions pas encore abordée, comment Molotov pourrait-il proclamer le mot d'ordre de la grève générale ? De sorte que tout l'édifice repose sur la parole que nous en donne notre nouveau stratège. Et les délégués plénipotentiaires des partis nationaux, écoutant en rond cette suffisance d'ignare de répondre sagement : "Présent!" à l'appel nominal.

Nous voici en tout cas prévenus que toutes les nations de l'Angleterre à la Chine — avec l'Allemagne, la France et la Pologne en tête — sont désormais mûres pour le mot d'ordre de la grève générale. Il ne reste plus trace de la loi du développement inégal. Passe encore, si l'on nous expliquait au nom de quels buts politiques le mot d'ordre de la grève générale sera proclamé dans chaque pays respectif. Car l'on ne peut tout de même pas oublier que nulle part les ouvriers ne sont disposés à faire la grève générale pour l'amour de la grève générale. C'est pour n'avoir pas compris cela que les anarcho-syndicalistes se sont cassé le cou. Certes, il arrive qu'une grève générale revête le caractère d'une manifestation protestataire. Cette sorte de grève générale ne se produit d'habitude que lorsque un événement exceptionnel et inattendu vient frapper l'imagination des masses et provoque en elle le besoin spontané de donner la riposte. Mais une telle grève de protestation ne constitute pas encore une véritable politique révolutionnaire et ne peut lui être utile que comme une sorte de répétition. Quant à la grève politique révolutionnaire proprement dite, elle doit constituer, somme toute, l'avant-dernier acte de la lutte pour la conquête du pouvoir. Paralysant tous les rouages de l'État capitaliste, la grève générale pose en fait et brutalement : "Qui est maître ici ?" Et le problème ainsi posé ne peut désormais se résoudre que par la force armée. De sorte qu'une grève révolutionnaire qui ne mène pas à un soulèvement armé se termine coûte que coûte par la défaite du prolétariat.

Voilà pourquoi les paroles de Molotov concernant la grève générale politique et révolutionnaire et les "formes supérieures de combat" ne peuvent signifier — si elles signifient quelque chose — que ceci : simultanément et dans le monde entier, la situation révolutionnaire est à tel point mûre qu'elle place tous les partis communistes, au Nord et au Sud, à l'Est et à l'Ouest, devant la tâche d'une grève générale en tant que prologue d'une soulèvement armé également général.

Il suffit de formuler ainsi avec précision la stratégie de la "troisième période" à la Molotov pour en saisir toute l'absurdité.

 

La conquête de la rue

En même temps que la question de la grève générale vient se poser celle de "la conquête de la rue". Et il n'y va pas seulement — du moins en paroles ! — du droit "démocratique" foulé aux pieds par la bourgeoisie et la social-démocratie, mais du "droit" du prolétariat à édifier des barricades. C'est la conception de "la conquête de la rue" telle qu'elle apparaît dans la presse communiste officielle immédiatement après le plenum de juillet.

Ce n'est pas nous qui dénierons au prolétariat le droit de "conquérir la rue" au moyen de barricades. Mais encore faut-il s'entendre sur ce que cela veut dire. Et d'abord sachons clairement que le prolétariat n'ira pas aux barricades pour l'amour des barricades, pas plus qu'il ne ferait grève générale pour l'amour de la grève générale. Il faut des buts politiques clairs unifiant dans une seule pensée des millions d'individus et constituant la base inébranlable de départ pour l'avant-garde prolétarienne. Tel est l'aspect du problème quand ce sont de vrais révolutionnaires qui le posent. Mais ces opportunistes devenus fous l'entendent tout autrement.

Pour la conquête révolutionnaire de la rue — espèce d'art pour l'art — ils fixent désormais des jours précis. Comme dernière invention de ce genre, nous eûmes la journée du Premier Août. "Pourquoi le Premier Août, dont augurait déjà bien la faillite du Premier Mai ? — se demandaient les simples mortels.

"Comment pourquoi ? — répondaient indignés, les stratèges officiels — mais pour la conquête de la rue !" Du trottoir ou du milieu du pavé ? Nous avions toujours cru jusqu'à ce jour que le problème révolutionnaire du Parti consistait en la conquête des masses, et que la politique qui savait le mieux mobiliser les masses était aussi celle qui réussissait le mieux à se frayer passage à travers la rue quelle que soit l'importance des forces policières qui tentaient de la boucher. La conquête de la rue ne peut être un but en soi, indépendant de la lutte politique des classes et soumis au simple agrément bureaucratique de Molotov. Et puis, enfin et surtout, on ne peut pas tricher avec l'histoire. Il ne s'agit pas de paraître plus fort, mais de le devenir réellement. Aucune mascarade ne peut y suppléer.

Quand il n'existe point de "troisième période", on peut évidemment l'inventer. On peut fabriquer des dizaines de "résolutions". Mais l'on ne peut pas transposer la "troisième période" dans la rue, à date fixe. Sur cette voie-là les partis communistes ne rencontreront que défaites tantôt tragiques, plus souvent stupides et humiliantes.


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