1952

« De même que la propriété par un groupe d'actionnaires d'une entreprise capitaliste s'accompagne du droit de voter au sujet de son administration et de décider la nomination ou le renvoi de ses directeurs, la propriété sociale de la richesse d'un pays doit s'exprimer par le pouvoir donné à la société de décider de son administration ainsi que de la nomination ou du renvoi de ses dirigeants. Les « démocraties populaires » sont basées sur des conceptions différentes. Une dictature policière et bureaucratique s'est établie au-dessus du peuple et demeure indépendante de la volonté de celui-ci, tout en prétendant gouverner au nom de ses intérêts. »

Tony Cliff

Les satellites européens de Staline

DEUXIÈME PARTIE — LA VIE POLITIQUE DANS LES SATELLITES RUSSES
Chapitre X — Les « démocraties populaires » sont des dictatures sur le peuple.

1952

Toutes les « démocraties populaires » possèdent de très belles constitutions. L'article 2 de la « Constitution du peuple de la République de Bulgarie » (approuvée par la Grande Assemblée nationale le 4 décembre 1947) déclare :

Dans la République populaire de Bulgarie, tous les pouvoirs émanent du peuple et lui appartiennent.
Ces pouvoirs sont exercés par des organes représentatifs librement élus et par des plébiscites.
Tous les organes représentatifs de l'État sont élus par les citoyens au scrutin universel, direct et secret.

On lit à l'article 88 :

Les libertés de la presse, de parole, d'association, de réunion et de manifestation sont garanties aux citoyens de la République populaire.

Toutes les constitutions des « démocraties populaires » contiennent des dispositions semblables1.

Mais comment ces belles institutions fonctionnent-elles dans la pratique ? Quelle interprétation donne-t-on aux expressions « élections libres », « libertés de la presse, de parole, d'association, de réunion et de manifestation » ?

« Élections libres »

Officiellement, tous les gouvernements d'Europe orientale sont responsables devant des parlements constitués par des représentants du peuple élus démocratiquement. A chaque élection, il est déclaré que l'immense majorité du corps électoral a voté et que les représentants ont été élus également à une écrasante majorité. Lors des élections générales roumaines du 28 mars 1948, 91 % du corps électoral y participa, et les candidats appuyés par le gouvernement obtinrent 90,8 % des suffrages. Aux élections générales tchécoslovaques du 30 mai 1948, les chiffres furent respectivement 90 % et 89,2 % ; aux élections hongroises du 15 mai 1949, 94,6 % et 95,6 % ; en Bulgarie (18 décembre 1949), 98,89 % et 97,66 % ; enfin, en Yougoslavie (26 mars 1950), 92,23 % et 94,2 %2.

Cependant, l'impression que les gouvernements sont ainsi puissamment soutenus est très affaiblie par le fait qu'au cours de toutes ces élections il n'y eut qu'une seule liste de candidats.

Les dirigeants communistes ont essayé de masquer leur intention d'établir un tel système d'élections, qui est une négation manifeste de la procédure démocratique. Le maréchal Tito, qui fut le premier à employer ce système, déclara, par exemple, à un correspondant du Times, le 13 novembre 1945 : « J'aimerais voir notre opposition entrer dans une vie politique active. Je m'attends de façon certaine à ce que cette opposition se cristallise parmi les nombreux partis qui constituent le Front national au Parlement, car nous aurons à régler bien des questions prêtant à controverse. » Tito insista alors sur le droit de présenter plusieurs listes de candidats. Les dirigeants communistes du dernier pays à adopter ce système — la Tchécoslovaquie — démentirent aussi avec véhémence leurs intentions. C'est ainsi que le Daily Worker du 24 mars 1948 — deux mois avant les élections à liste unique — écrivit : « Il a été confirmé hier que les communistes iront aux urnes en tant que parti indépendant. Il y aura des listes de candidats présentées par les quatre partis tchèques et les trois partis slovaques. »

Mais comme la seule existence d'une liste unique ne pouvait garantir de manière suffisante la victoire électorale désirée, d'autres précautions furent prises. Le vote à bulletin secret fut aboli dans certains pays. En Tchécoslovaquie, par exemple, où ce mode de scrutin fonctionnait auparavant, il fut annoncé, avant les élections de mai 1948, qu'aucun électeur ne serait obligé d'observer le secret en déposant son bulletin. Nosek, ministre communiste de l'Intérieur, déclara quelques jours avant le scrutin : « Il n'y a aucune raison de s'opposer à ce qu'un électeur renonce volontairement au secret et vote ouvertement. » Le parti communiste fit chorus en proclamant que seuls les réactionnaires observeraient le secret parce qu'ils avaient honte de leur vote. Dans les bureaux électoraux, chaque votant dut exhiber ses papiers d'identité et déclarer s'il voulait déposer son bulletin dans les urnes publiques ou bien dans des urnes spéciales réservées aux bulletins secrets. S'il était assez hardi pour choisir cette deuxième solution, il n'était pas au bout de ses peines. On lui remettait deux, bulletins, l'un au nom de la liste officielle, imprimé des deux côtés, l'autre en blanc, et, après avoir déposé celui qu'il voulait dans l'urne secrète, il devait jeter l'autre dans une corbeille à papiers plus ou moins placée sous la vue directe du bureau électoral.

Si l'électeur désirait exprimer sa désapprobation à l'égard du gouvernement non pas en votant contre lui — procédure bien trop dangereuse, — mais simplement en s'abstenant, il ne pouvait le faire qu'en acceptant la pénalité fixée par la loi pour les abstentionnistes : un mois de prison et une amende de 10 000 couronnes (50 000 francs).

Même si l'électeur avait l'audace de voter contre le gouvernement, quelle assurance pouvait-il avoir que son bulletin serait bien décompté, les scrutateurs étant uniquement des partisans de la liste officielle ? Quand il existe une liste unique, que le vote est ouvert et le compte des bulletins secret, au lieu que ce soit l'inverse, il est impossible que cette liste soit battue. En fait, au cours des élections générales qui ont lieu depuis 1948 dans les « démocraties populaires », il n'existe pas un seul cas de candidat officiel non élu.

Le fait suivant apporte un témoignage indirect de ce que ces élections ont d'artificiel. Toutes les constitutions des « démocraties populaires » proclament le droit pour un petit groupe d'électeurs de présenter une liste de candidats, ou même un seul candidat, s'ils le désirent. En Bulgarie, ce droit est reconnu à tout groupe de dix citoyens ; en Yougoslavie, à tout groupe de cent, et ainsi de suite. Mais, en dépit de l'existence de cette admirable loi électorale et des affirmations que des milliers d'électeurs votèrent contre le gouvernement (aux élections bulgares de décembre 1949, il y eut 109 983 bulletins blancs ou nuls et, aux élections yougoslaves de mars 1950, 613 125 votes hostiles au gouvernement), on ne signale pas un seul exemple de candidat présenté par un groupe de dix ou de cent citoyens contre le candidat officiel.

Libertés de la presse, de parole, d'association, de réunion et de manifestation

De même que les « élections libres », ces droits n'existent que sur le papier. C'est prouvé par l'examen des journaux publiés dans les diverses « démocraties populaires », par les discours prononcés, etc. L'étendue de ces « libertés » devient évidente chaque fois qu'il survient un changement brutal dans la politique. Par exemple, jusqu'à l'arrestation de Rajk, tous les journaux hongrois rivalisaient pour chanter ses louanges ; aux réunions, son nom était placé sur le même rang que celui de Rákosi ; aux manifestations — à la dernière, celle du 1er mai 1949, — son portrait occupait une place proéminente et, selon la presse, les acclamations qu'il recueillit de la foule ne le cédèrent par l'importance qu'à celles saluant le portrait de Rákosi. Mais lorsqu'il fut annoncé, le 15 juin 1949, que Rajk avait été arrêté comme « fasciste titiste », tous les journaux, sans exception, l'attaquèrent de la manière la plus abominable. En moins d'une semaine, ils se remplirent de télégrammes envoyés par des réunions, tenues dans tout le pays, réclamant « un châtiment impitoyable » ; les ouvriers demandèrent « une corde pour les traîtres comme Rajk » avant même que la date de son procès eût été annoncée. Aucun des milliers d'électeurs qui avaient voté pour lui, un mois auparavant, quand il était en tête de la liste des candidats aux élections parlementaires, ne fit usage de la « liberté de la presse et de parole » (art. 55 de la Constitution) pour proposer d'attendre le procès avant de porter un jugement sur lui, et encore moins pour le défendre. Qui plus est, les gens savaient exactement, plusieurs mois avant ce procès, la peine qui serait prononcée. Ils réclamaient la corde avec insistance et Rajk fut effectivement pendu. Les démonstrations de masse qui eurent lieu avant le passage du cardinal Mindszenty devant le tribunal n'exigèrent jamais la peine de mort, mais une punition sévère : Mindszenty fut condamné à une longue peine d'emprisonnement. La liberté de la presse, de parole, d'association, de réunion et de manifestation, c'est la « liberté » de dire exactement ce que le gouvernement désire qu'on dise.

Pour renforcer la « liberté » de la presse, un décret a interdit la vente des livres datant d'avant l'avènement de la « démocratie populaire ». Le gouvernement tchécoslovaque a défendu, le 10 janvier 1950, la vente de tous ceux qui avaient été publiés en Tchécoslovaquie avant le 5 mai 1945, à l'exception de certains livres de classe et de certaines publications scientifiques ; il ordonna aux libraires d'en débarrasser leurs rayons dans un délai de six jours, de les renvoyer au ministère de l'Enseignement et de les conserver jusque-là dans un endroit « inaccessible au public ». Antérieurement (le 22 novembre 1949), ces mêmes libraires avaient reçu l'ordre de dresser une liste de tous les livres d'occasion qu'ils avaient en stock et de ne pas les vendre sans une autorisation du ministère de l'Enseignement.

La correspondance privée n'échappe pas elle-même aux investigations gouvernementales. Le gouvernement tchécoslovaque décréta qu'à partir du 1er février 1950 toutes les personnes adressant des lettres à l'étranger devraient les déposer personnellement au bureau de poste, présenter une carte d'identité en les remettant et écrire leur nom et leur adresse sur l'enveloppe.

The World Today, organe mensuel du Royal Institute of International Affairs, a bien dépeint la « liberté de manifestation » en Yougoslavie (novembre 1946) :

A la veille du jour fixé pour la manifestation, des instructions sont données aux ouvriers, aux fonctionnaires, aux syndicats, aux organisations antifascistes, de se préparer à l'action. Ils reçoivent l'ordre de se rendre à un point de rassemblement fixé à un moment déterminé. Des listes des slogans à présenter leur sont remises et des personnes de confiance désignées pour conduire les colonnes... L'itinéraire et l'horaire du cortège sont soigneusement réglés, les enfants des écoles sont enrôlés pour peindre les bannières avec les mots convenables et pour couvrir les portraits géants de Staline et de Tito avec des fleurs et des guirlandes de feuillages.

La démocratie est la seule voie conduisant au socialisme.

Les dirigeants des partis communistes déclarent que les «démocraties populaires » constituent une étape sur la route conduisant au socialisme. Pour voir si cette allégation est exacte ou non, il est nécessaire de bien établir le rapport entre la suprématie économique de la classe ouvrière, son régime politique et la démocratie.

Dans l'Histoire, la lutte des classes atteint son apogée dans une bataille pour le pouvoir politique, considéré comme l'arme décisive pour défendre les intérêts économiques des classes dirigeantes. Tel fut le cas dans les révolutions bourgeoises de Hollande, d'Angleterre et de France, dans la guerre d'Indépendance des États-Unis. La bourgeoisie, qui renversa jadis la noblesse, se trouve aujourd'hui en face de la classe ouvrière, dont le but est également de s'emparer du pouvoir politique. Il n'existe pas de différence, à cet égard, entre le caractère de la lutte ancienne de la bourgeoisie et celui de la lutte actuelle du prolétariat. Mais il y en a une, capitale, dans le rapport entre l'influence politique et la part des richesses sociales possédées par chaque classe dans chacun de ces mouvements. La bourgeoisie possédait une grande partie des moyens de production avant sa révolution. Les capitalistes français avaient en main, par exemple, des usines, des manufactures, des terres, des navires, des boutiques, avant la Révolution de 1789. A l'intérieur de l'économie et de la société féodales, il exista pendant des siècles un développement étranger — l'économie capitaliste — et, plus sa richesse était grande, plus ceux qui en étaient les maîtres avaient d'assurance en eux-mêmes. Pour eux la révolution, c'était l'adaptation du pouvoir politique aux besoins de la classe déjà dominante. Par contre, il ne naît pas de cellules autonomes de socialisme à l'intérieur de l'économie capitaliste, et la classe ouvrière demeure sans biens tant qu'elle n'a pas conquis le pouvoir politique et transféré la richesse de la bourgeoisie à la société. Alors que la bourgeoisie put être la classe dirigeante économiquement, mais non politiquement, il ne peut en être de même pour la classe ouvrière. Sa suprématie et sa liberté économiques dépendent de sa suprématie politique.

Il en découle un corollaire très important. Le capitaliste peut conserver sa propriété même sous un régime politique hostile, tel que le règne de la noblesse, bien que, par suite de l'élévation des impôts, du despotisme royal et féodal, il ne puisse en retirer tout le bénéfice possible. Il a pu la conserver sous des gouvernements très différents, sous Louis XVI, sous Robespierre, sous Napoléon, sous la République, sous des gouvernements libéraux ou conservateurs, fascistes ou travaillistes. C'est possible parce que ces changements de gouvernement n'affectent pas le lien entre le capitaliste et sa richesse : la propriété privée. Aussi longtemps que le gouvernement ne l'exproprie pas économiquement, même s'il le fait politiquement — sous le fascisme, par exemple, où le capitaliste est frappé de coups très durs par le dictateur au profit de sa garde prétorienne —, le capitaliste continue d'être le détenteur de la richesse. Contrairement aux capitalistes, aux seigneurs féodaux, aux propriétaires d'esclaves, les ouvriers ne peuvent devenir les maîtres des moyens de production en tant qu'individus, mais seulement collectivement. Il est vrai qu'un certain nombre d'ouvriers parviennent, dans la société capitaliste, à s'élever dans l'échelle sociale et à posséder individuellement une certaine richesse. Mais c'est l'exception qui confirme la règle : les ouvriers qui « réussissent » ainsi sortent, par le fait même, de leur classe. Les ouvriers, en tant qu'entité collective, ne peuvent établir leur suprématie économique qu'après avoir conquis le pouvoir politique, et cette suprématie peut seulement prendre la forme de la propriété collective de la richesse sociale : les ouvriers disposent de l'Etat, l'État dispose des richesses, donc les ouvriers disposent des richesses.

La propriété collective implique que la volonté de la société est déterminante dans la politique générale de production et de distribution. Mais qu'est-ce que la volonté collective ? Certains voient dans la « volonté de la nation » ou dans la « volonté de classe » quelque chose de différent et d'indépendant des désirs des individus constituant la nation ou la classe. Mais cette conception est indéfendable à partir du moment où l'on considère qu'il n'existe pas de volonté ni de pensée sans un cerveau pour l'élaborer.

En personnifiant la collectivité, on accepte la « voix de la nation » ou de « la classe ouvrière », quelle que soit l'interprétation qu'on donne à ces mots, mais on rejette les voix des membres effectifs de la nation ou de la classe et, par conséquent, on nie la volonté de la collectivité. Celle-ci ne peut exprimer sa volonté qu'en agrégeant les volontés des individus qui la composent. Il en résulte que la forme de domination de la classe ouvrière peut seulement être démocratique.

L'idéal de la suprématie politique comme condition préjudicielle de la suprématie économique de la classe ouvrière et de la démocratie comme forme nécessaire de cette suprématie a été nettement exprimé dans le Manifeste communiste :

La première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie.
Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l'Etat, c'est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante.

Plus de quarante années plus tard, Engels écrivait : « Une chose absolument certaine, c'est que notre Parti et la classe ouvrière ne peuvent arriver à la domination que sous la forme de la république démocratique. Cette dernière est même la forme spécifique de la dictature du prolétariat, comme l'a déjà montré la grande Révolution française. » Une autre grande socialiste, Rosa Luxembourg, parlant de la Révolution russe, disait : « la démocratie socialiste ne commence pas seulement en terre promise, quand aura été créée l'infrastructure de l'économie socialiste, à titre de cadeau de Noël pour le bon peuple qui aura entre-temps fidèlement soutenu la poignée de dictateurs socialistes. La démocratie socialiste commence avec lavec le début de la construction du socialisme. »

De même que la propriété par un groupe d'actionnaires d'une entreprise capitaliste s'accompagne du droit de voter au sujet de son administration et de décider la nomination ou le renvoi de ses directeurs, la propriété sociale de la richesse d'un pays doit s'exprimer par le pouvoir donné à la société de décider de son administration ainsi que de la nomination ou du renvoi de ses dirigeants. Les « démocraties populaires » sont basées sur des conceptions différentes. Une dictature policière et bureaucratique s'est établie au-dessus du peuple et demeure indépendante de la volonté de celui-ci, tout en prétendant gouverner au nom de ses intérêts.

Dans la deuxième partie de l'ouvrage de Goethe, Faust décide de reprendre à la mer une bande de terrain pour y installer « plusieurs millions » de gens de « condition libre », afin d'avoir ainsi « un peuple libre sur un sol libre ». Mais, au cours des travaux d'aménagement, Faust lui-même se comporte avec les constructeurs comme s'ils étaient des esclaves à l'esprit épais :

Pour accomplir ce grand ouvrage, un esprit suffit à mille bras.

C'est sous le knout que les ouvriers doivent être menés pour réaliser les œuvres les plus grandioses. Méphistophélès, le contremaître, est encouragé par Faust :

Autant qu’il sera possible, enrôle des ouvriers, des ouvriers en foule ; encourage par les récompenses et les châtiments ; paye, attire, presse. Chaque jour je veux qu’on m’informe de combien s’est allongé le fossé entrepris.

Ainsi le but de Faust est la collectivité future du « peuple libre », mais les moyens de Méphistophélès sont le servage des travailleurs. La liaison entre les deux idées, c'est la croyance de Faust au despotisme éclairé :

Un esprit suffit à mille bras.

Est-ce que les moyens n'engloutiront pas le but ? Est-ce que le « sillon » ne deviendra pas une « tombe » ? Pourquoi le despote ne lèverait-il pas son knout aussi longtemps qu'il le pourra ? Pourquoi ne l'utiliserait-il pas pour perpétuer sa tyrannie sur les « mille bras » ? Et, la plus importante question pour le sort de l'humanité, pendant combien de temps les « millie bras » se soumettront-ils à cette tyrannie ?


Note

1 Pour une analyse comparative de ces constitutions, voir Samuel L. Sharp : New Constitutions in the Soviet Sphere, Washington, 1948, et A. Gyorgy : Governments of Danubian Europe, New-York, 1949.

2 Autant que nous le sachions, aucun candidat aux élections des « démocraties populaires » n'a obtenu jusqu'ici plus de 100 % des voix. Staline est le seul qui puisse revendiquer un pareil « miracle ». Lors des élections aux soviets locaux, qui eurent lieu le 21 décembre 1947, le corps électoral qui « élut » Staline au soviet de Moscou comptait 1 617 électeurs, mais Staline recueillit 2 122 voix. La Pravda, explique ainsi le lendemain, ce phénomène extraordinaire : « Les bulletins supplémentaires furent mis dans les urnes par des citoyens des circonscriptions voisines, anxieux de saisir cette occasion pour témoigner leur gratitude à leur chef. »

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